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Saidane casse la rhétorique de la BCT sur la santé du Dinar et anticipe négatif. Ça va tanguer !

«Le dinar a été redressé artificiellement, mais cette pression artificielle qui a été créée autour de lui, risque d’avoir de lourdes conséquences. La monnaie nationale pourrait se déprécier d’une manière plus accélérée après les élections». C’est ce qu’affirme l’économiste Ezzeddine Saidane, dans une analyse de la situation de la monnaie nationale, dans une interview accordée à l’Agence de presse officielle Tap.

Pour Saidane, la monnaie est le reflet et le miroir de l’économie. Il consent d’abord à supposer que l’appréciation du dinar reflète une amélioration des conditions économiques et financières du pays. «Mais n’est pas le cas», dit Saidane qui prend ainsi le contrepied de tout le conseil d’administration de la BCT qui, s’il ne parle pas de complète guérison de l’économie tunisienne, évoque une «progression de l’activité économique au 2ème trimestre 2019, la poursuite de la détente de l’inflation au mois de juillet 2019». 

  • Rien ne va, ni l’inflation, ni le commerce extérieur, ni le Dinar

L’ancien banquier estime qu’en «termes de croissance économique, la performance réalisée est extrêmement faible. En glissement annuel, le taux de croissance a été(…) de 0,1% pour le premier trimestre et de 0,5% pour le second, par rapport à la fin de l’année 2018». Et préfère dire que «cette faible croissance ne peut pas justifier une reprise du dinar».

Il rappelle ensuite que la balance commerciale, l’année 2018 a été catastrophique et s’est achevée, avec un déficit de 19,2 milliards de dinars, «ce qui a largement contribué à la baisse de la monnaie nationale. En 2019, le déficit de la balance commerciale s’est aggravé de 20%, à la fin du premier semestre. On ne peut donc pas dire que le redressement provisoire du dinar résulte d’une amélioration de la balance commerciale».

Et alors que tout le Conseil d’Administration de la Banque Centrale affirmait tout récemment une «poursuite de la détente de l’inflation au mois de juillet 2019 (6,5% après 6,8% en juin) », et notait aussi «un ralentissement de l’inflation sous-jacente hors produits alimentaires frais et produits à prix administrés (7,3% en juillet 2019 après 7,6% en juin) bien que persistant à un niveau élevé», Saidane pense mordicus que«là aussi les taux d’inflation enregistrés sont loin de servir le dinar». L’économiste explique que le dernier chiffre publié par l’INS est de 6,7%, et qu’il ne faut pas comparer à celui 2018, car l’inflation avait alors été calculée sur une base différente, ce qui ferait selon lui une différence de 0,5%, à peu près et aboutirait à une inflation de 7,2%, «une inflation énorme qui ne justifie pas la reprise du dinar».

  • Une appréciation, artificielle en vendant pas cher les devises ?

Ezzeddine Saidane va plus loin dans son analyse contradictoire de l’appréciation du coût du dinar que remarque tout le monde en Tunisie, et en citant le FMI que «cette appréciation du dinar réalisée par les autorités monétaires, va compliquer la tâche de la Tunisie pour le redressement des déséquilibres de la balance des paiements. On a même qualifié d’irrationnelles, les tentatives faites pour redresser le dinar».

A propos de ces tentatives que dénonce manifestement Saidane, il rappelle d’abord la cession de la Banque Zitouna et de Zitouna Takaful, à des investisseurs étrangers, mais aussi, que plusieurs crédits ont été contractés, ce qui a généré des rentrées de devises. Et de révéler ensuite que «ces rentrées auraient dû être affectées aux réserves de change pour les conforter, face au niveau d’endettement très important du pays.Mais, nos autorités ont en décidé autrement, procédant à des interventions massives sur le marché des changes, en intervenant auprès des banques et en proposant à ces dernières, des devises à prix réduits, ce qui a permis de redresser progressivement, le dinar».

Les devises provenant des dettes ou de cession d’actifs, auraient donc utilisées pour inverser la courbe du dinar, d’une manière artificielle, selon l’ancien banquier qui ajoute que ce n’est que «la partie restante[qui] a été utilisée pour augmenter le niveau des réserves de change, mais tout cela au détriment d’un autre ratio, celui de la dette extérieure, qui a carrément, explosé dépassant, actuellement, les 100% du PIB. Cette dette extérieure nous coûte en intérêts (en intérêts seulement, et pas en principal), l’équivalent de 3 points de croissance annuelle». Et Saidane d’enfoncer le clou dans le cercueil de ce qu’il appelle l’autorité, sans la nommer, en l’accusant ainsi d’avoir «surendetté la Tunisie pour pouvoir réaliser un redressement artificiel provisoire du dinar».

  • «Bonne» nouvelle, Saidane anticipe une plus forte dépréciation après les élections !

Pour rappel, cette dette extérieure, aurait augmenté de plus de 70% en deux ans (chiffres BCT), passant de 62 milliards de dinars en 2016, à 105 milliards de dinars à fin 2018. En 2019, cette tendance à l’endettement massif s’est poursuivie, en commençant par l’émission de 700 millions d’euros sur le marché international, qui a été réalisée au début de l’année et qui a permis de débloquer un ensemble d’autres crédits. Tous ces crédits n’ont malheureusement, pas été utilisés pour lancer des investissements productifs qui devraient permettre à la Tunisie, de rembourser ses dettes dans des conditions normales. Une situation que Saidane juge insoutenable et irresponsable », le tout pour lui, en relation avec le redressement artificiel du dinar, qui aurait coûté excessivement cher.

D’abord, selon lui, «parce qu’en redressant artificiellement, la valeur de la monnaie nationale, on a défavorisé les exportations et favorisé les importations.Deuxièmement, il faut rappeler aussi, que les transferts effectués par les entreprises étrangères installées en Tunisie au titre des dividendes de l’exercice 2018, ont été faits dans des conditions qui leur étaient très favorables, parce qu’elles l’ont fait sur la base de devises dont le prix ont été artificiellement bas».

Et comme une anticipation qui pourrait être, tout aussi négative que l’appréciation, même artificielle, Saidane «suppose que dès la fin des élections, le dinar évoluera autrement et cette pression artificielle va faire en sorte qu’il se dépréciera à un rythme plus accéléré après les élections».

«Bonne» nouvelle donc, pour le gouvernement qui se mettra en place après les élections. On en serait presque, à lire l’analyse d’Ezzeddine Saidane, à demander presque que le prochain chef d’Etat change de direction à la BCT. Les candidats ne manqueront pas avec la nouvelle direction du pays qui émergera en 2020 !

Saidane casse ainsi, si ce qu’il dit est vrai, toute l’explication, somme toute logique et chiffrée, de la BCT début septembre sur l’amélioration du taux de change du Dinar. Un discrédit, qui pourrait coûter cher au Dinar tunisien !

AM

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1 COMMENTAIRE

  1. Il est donc urgent pour que les protecteurs de nos frontières augmentent la garde contre l’évasion des devises à partir de la Tunisie. Les spéculateurs n’ont pas de sentiments de charité envers les pauvres de notre pays qui vont recevoir le choc. Le choc va se ressentir au niveau des importations, au niveau de la transformation puis au niveau de l’inflation de tous les produits vitaux.
    Le mal est en nous Tunisiens, à mental à forte dominance de mensonges, d’égoïsme, de laisser aller, d’indiscipline et d’autres maux qui en dérivent et qui sont à soigner pour espérer une nouvelle reprise pour la survie nationale.
    Je reste toujours convaincu, que 10 grammes de bon détergent puissent nettoyer sans abimer 10.000 grammes de linge sale. Espérons que les dix premiers grammes vont voir le jour dans quelques semaines et la suite ne tardera pas à les joindre, car selon les données ci haut citées, il question de vie ou de mort pour les générations actuelles et futures. Dieu protégera la Tunisie par des Tunisiens moins vicieux et moins corruptibles.

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