AccueilLa UNESaïed à Mechichi et aux cadres du MI: L’Etat, c’est moi !

Saïed à Mechichi et aux cadres du MI: L’Etat, c’est moi !

C’est trois jours après les «Makhloufettes», et plus de 15 jours après les Black-blocs, que le chef de l’Etat tunisien s’offrait hier mardi un bain de foule, en remontant l’avenue Bourguiba, à pied et escorté par une escouade de gardes du corps. Son objectif était le ministère de l’Intérieur. Un ministère qu’il a toujours lorgné, et auquel il ne se retenait pas de rendre visite, de nuit comme de jour, et même en l’absence de Mechichi, comme lorsqu’il était en visite privée à Paris.

Une sorte de pèlerinage à la Mecque du pouvoir en Tunisie, « la grande muette » étant une arme à double tranchant. Une visite « non déclarée », qui intervenait dans une conjoncture de conflit ouvert avec le chef du gouvernement, auquel il refuse toujours le remaniement. Une rencontre avec « l’enfant prodige », son candidat infidèle, qui se déroulera dans une atmosphère de « je t’aime, moi non plus », en présence des deux piliers du MI que sont le DG de la sûreté nationale et le DG de la Garde Nationale, en présence du chef de cabinet par intérim.

–          « L’Etat, c’est moi, Mechichi ne passera pas, et ceux qui m’aiment me suivent ! 

Bercé par les appels au référendum et à la dissolution de l’ARP, comme autant de vœux pieux qu’il se savait incapable de réaliser dans le respect de l’actuelle Constitution,  Saïed s’en allait, cependant, droit comme un balai, vers son but (politique et du moment). Piqué au vif par un passant qui l’interpelait par un « de l’action, et non plus des paroles », Saïed réagit, de manière épidermique en répondant que « l’action viendra, et plus qu’ils ne s’attendraient ».

Sans le dire, le passant lui rappelait ses promesses d’une « batterie de missiles » prêtes en direction de ceux qui ourdissent des complots, contre lui et contre l’Etat. Et sans déroger à son habitude, le chef de l’Etat tunisien a parlé sans rien dire, et menacé sans cibler ses tirs.

Au siège du ministère de l’Intérieur, première cause du dernier  échange à fleurets mouchetés, qu’il entrait en conquérant, il commence par dire à l’adresse directe du chef du gouvernement, ministre de l’Intérieur que « Je suis venu en visite non déclarée ». L’information avait manifestement, encore une fois, fuité de Carthage, et Mechichi avait pu être là, à l’attendre sur le perron de la bâtisse héritée du colonisateur français.

Saïed,  lui, continuait son speech. « Je suis là pour dire à la population que l’Etat continue, qu’il y a un chef de l’Etat qui est le garant de sa continuité ». Manifestement, le chef de l’Etat tunisien tenait à marquer son territoire, façon de dire aux trois hauts cadres du ministère qui étaient aussi présents, que c’est moi votre chef et non Hichem Mechichi auquel il avait déjà reproché de s’être auto-nommé ministre de l’Intérieur par intérim. « L’Etat continue et les agents de sécurité protègent l’Etat », disait-il encore à ses interlocuteurs, muets, comme s’il voulait encore leur signifier le vrai détenteur de l’autorité qu’ils représentent, et qui est le chef de l’Etat. « Et c’est dans cette avenue-symbole que nous entamons une nouvelle étape, où on doit agir, non par les lois, mais par une nouvelle culture, au service de l’Etat, et non de toute autre partie ». Le symbole est celui de cette avenue qui avait connu les manifestations de janvier 2011 qui criaient « Dégage » à l’ancien régime de Ben Ali. Le mot de « Avenue symbole » n’était manifestement pas dit à la volée, et avait un sens. Peut-être celui de dire qu’il entendrait aussi dégager Mechichi !

–          La promesse de Saïed aux sécuritaires qui le suivraient

Dans ce qui suivra de son allocution, dirigée vers les forces de sécurité, on ne savait pas s’il les soutenait ou s’il les sermonnait. « Je ne permettrai pas qu’on s’en prenne aux forces de l’ordre, mais je ne permettrai pas non plus qu’on s’en prenne aux libertés. Tout doit se faire dans le respect des lois ». Une phrase qui sonnait comme une promesse dans une campagne électorale, une promesse aussi, peut-être, de récompense pour ceux qui lui seraient désormais fidèles. Une lecture, la nôtre, que confirme le dernier communiqué de la présidence de la République qui persiste et signe, contre le remaniement, et la crise constitutionnelle, qui pourrait induire un changement de chef de gouvernement. Un communiqué, intervenu à la veille même de la visite à l’un des piliers de la République qu’est le MI (Ministère de l’Intérieur).

Il n’oubliait pas que les libertés ont leurs défenseurs, mais pas les forces de l’ordre, dont le projet de loi qui devait les protégeait avait été rejeté par les défenseurs des dites libertés qui se devaient aussi de respecter les lois du même Etat. Il s’en rappelle et se rattrape en indiquant que « nous allons les défendre par les lois qui sont déjà malheureusement déjà prêtes ».

Et comme s’il voulait expliquer pourquoi il ne pouvait le faire, il s’emporte, sa voix monte et ses yeux deviennent plus exorbitants, pour dire que « les choses sont compliquées, car il y a ceux qui, d’en-dehors des institutions, veulent s’infiltrer pour frapper les institutions, s’infiltrer pour utiliser les institutions à des fins  bien déterminées ». Il le dit sans autre forme d’explication comme toujours, en jetant un regard silencieux prolongé vers Hichem Mechichi qui tenait ses mains, comme s’il essayait de contenir sa colère, et s’obliger au silence, pour se tourner ensuite vers les cadres sécuritaires présents, pour leur dire en écarquillant les yeux sous son masque qui tombait déjà sous son nez, que « cela, nous ne l’accepterons jamais ».

–          Les sécuritaires, au service du président-Etat, et non au service de n’importe qui d’autre

Quelques secondes après, plus calme, il rappelle son passé de contestataire, en disant qu’il avait participé auparavant à plusieurs manifestations, comme pour mettre en avant sa compréhension des besoins de protection des sécuritaires, et leur confirmer sa promesse de « chef de l’Etat que les forces de l’ordre protègent », mais sans omettre de leur rappeler sa promesse « électorale ».

« Nous entamons une nouvelle étape, et il faut de nouvelles lois. Il faut préserver les sécuritaires et la sécurité du pays (…) », leur dit-il, en rappelant encore une fois, et en dirigeant son regard vers le chef du gouvernement après avoir ôté son masque pour qu’il voie bien l’expression du visage d’un chef d’Etat réprobateur, que « les forces de sécurité, sont au service de l’Etat, et non au service de n’importe qui d’autre ». Suivez son regard !

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