AccueilLa UNESfax : Qu’adviendra-t-il de la ville portuaire après les émeutes ?

Sfax : Qu’adviendra-t-il de la ville portuaire après les émeutes ?

Le nombre d’Africains subsahariens a considérablement augmenté ces dernières années dans de nombreuses villes tunisiennes, en particulier celles caractérisées par une grande activité commerciale, telles que la capitale du Sud, Sfax, ou encore Ariana.

Il semblerait, toutefois, que l’augmentation croissante de ces derniers en Tunisie soit devenue une menace pour la paix civile dans le pays, et des dizaines de migrants présents dans la ville portuaire ont été emmenés par les forces de sécurité à la frontière libyenne.

Cette opération fait suite à des journées d’extrême tension consécutives à la mort d’un Tunisien, lundi 3 juillet 2023, tué dans une rixe avec des migrants subsahariens, selon le porte-parole du parquet de Sfax. En effet, trois hommes, de nationalité camerounaise, précisent les autorités, ont été arrêtés. Dans la foulée, certains quartiers de Sfax ont été le théâtre de violents affrontements. Des habitants tunisiens se sont regroupés pour s’attaquer aux migrants et les déloger.

Mardi, dans un communiqué de la présidence de la République,  Kaïs Saïed affirmait que la Tunisie refuse d’être « une zone de transit ou d’accueil pour les arrivants de plusieurs pays africains ». A l’intention de l’Union européenne, qui veut obtenir de la Tunisie qu’elle empêche les départs en Méditerranée, il a ajouté que son pays « ne protège que ses propres frontières ».

Position officielle

Le chef de l’Etat,  avait présidé, en février 2023, une réunion du Conseil national de sécurité consacrée aux « mesures urgentes qui doivent être prises pour faire face au phénomène de l’afflux massif de migrants irréguliers d’Afrique subsaharienne vers la Tunisie ».

Saied avait  expliqué alors  que cette situation est anormale, soulignant qu’il existe une entente criminelle  qui a été fomentée  depuis le début de ce siècle pour modifier la composition démographique de la Tunisie et qu’il y a des parties qui ont reçu des fonds importants après 2011 afin d’installer des migrants irréguliers d’Afrique subsaharienne en Tunisie, soulignant que ces vagues successives de migration irrégulière ont pour objectif non déclaré de considérer la Tunisie comme un pays africain uniquement et sans affiliation.

Le président de la République a, cependant,  affirmé avec force que la Tunisie est fière de son appartenance africaine,  étant  l’un des pays fondateurs de l’Organisation de l’unité africaine et ayant soutenu de nombreux peuples dans leur lutte pour la libération et l’indépendance.

Le chef de l’Etat a appelé à une action à tous les niveaux, diplomatique, sécuritaire et militaire et à la stricte application de la loi relative au statut des étrangers en Tunisie, et à franchir subrepticement la frontière, considérant que les auteurs de ce phénomène sont des trafiquants d’êtres humains et en même temps prétendent défendre les droits de l’homme, selon le même communiqué.

Il convient de noter que selon les dernières données administratives de l’Institut national de la statistique dans le rapport de l’«Enquête nationale sur les migrations internationales », le nombre d’étrangers résidant en Tunisie est estimé à 58 990 personnes, soit 0,5% de la population totale du pays.

L’institut estime que 21 466 migrants d’Afrique subsaharienne sont des migrants, soit 36,4% du total des étrangers résidant en Tunisie.

En mars, le directeur général de la police des frontières et des étrangers, Imed Zoghlami, a annoncé que le nombre de résidents légaux en Tunisie qui sont citoyens de pays d’Afrique subsaharienne atteignait 5376, dont 93% sont des étudiants.

Le reste des habitants est réparti  entre diplomates à la retraite, investisseurs et religieux, a-t-il ajouté, faisant observer  qu’il n’existe pas de statistiques précises sur le nombre d’Africains subsahariens résidant illégalement en Tunisie, notant que 6000 résidents illégaux ont été dénombrés par le bureau de l’Organisation internationale pour les migrations en Tunisie et à Sfax et entre 7000 et 8000 par le HCR.

Contribution économique

La ville de Sfax a toujours tiré sa réputation de sa résilience et sa capacité à surmonter les crises économiques par son dynamisme. La ville et son gouvernorat comptent près d’1,5 million d’habitants.

Frappée par la crise économique qui s’accroît dans le pays, Sfax fait également face, depuis des années, à de gros problèmes de gestion des déchets qui perdurent malgré les promesses de l’État, et contribuent à cette défiance de plus en plus palpable.

Toutefois, dans la ville portuaire, des migrants subsahariens, installés depuis longtemps dans la ville, ont pu créer leur entreprise. Et justement, beaucoup sont venus soutenir la communauté de migrants en situation irrégulière et d’étudiants victimes d’agressions, grâce à leur réseau et leur ancrage local dans le monde associatif.

Car la Tunisie présente des opportunités. Par exemple, le Start-up Act, voté en 2018 et qui vise à encourager les créateurs de jeunes pousses, est ouvert y compris aux étrangers développant leur entreprise dans le pays. Ce cadre législatif exonère les start-up d’impôts et de taxes pendant près de huit ans, ce dont ont profité quelques anciens de Kufanya, un incubateur proposant aux aspirants entrepreneurs un accompagnement juridique et un petit soutien financier grâce à l’aide de bailleurs de fonds comme l’Organisation internationale pour les migrations et l’Union européenne. Mais, après ces émeutes, nul ne sait si la situation dans la ville se stabilisera…

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