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Slim Chaker à Africanmanager : «La social-démocratie de Nidaa Tounès n’est ni celle des années 50, ni celle des années 60 ! »

Slim Chaker, membre du bureau exécutif de Nidaa Tounès, et coordinateur de la commission économique et sociale a accordé à Africanmanager, une interview exclusive, dans laquelle il a parlé des grandes lignes du programme économique du parti et en a expliqué la vocation démocratique. Il a critiqué, à travers cette interview, le rôle de l’ANC et a vu dans l’absence d’un budget proprement dit et d’un programme économique et social, un élément qui réduit le rôle de la loi de finances de l’année 2014. Interview :

On n’entend pas beaucoup parler du programme économique et social du parti de Nidaa Tounes. Pourquoi ?

On n’a pas voulu faire beaucoup de tapage médiatique. Je pense que le programme économique de Nidaa Tounes fait en fait partie du programme électoral.

Aujourd’hui, ils disent que Nidaa Tounes n’a pas un programme. On s’est dit qu’on va couper la poire en deux et on va en révéler les grandes lignes pour faire taire les critiques qui ne sont pas très objectives.

Vous ne déplorez pas que votre programme ne trouve pas d’écho et il passe presqu’inaperçu au milieu de cette instabilité économique et sociale ?

La Tunisie est en train de faire son apprentissage démocratique, et c’est un passage obligé qu’on doit respecter. On a fait sortir les grandes lignes de notre programme économique et social. Notre premier message est de dire : voilà notre identité et notre positionnement. On a commencé par la révélation de l’identité du parti été son positionnement stratégique, car on a entendu plusieurs critiques non fondées comme quoi Nidaa Tounes est un parti de droite ou un parti de la gauche des siècles derniers, des années 50 et 60. Moi, je dis que Nidaa Tounes n’est ni l’un ni l’autre, c’est plutôt un parti qui se situe au centre. Un parti socio-démocrate. Il croit fort et dur comme fer à la démocratie. C’est un parti qui s’occupe des problèmes sociaux des gens. Nous accordons une place primordiale à la question sociale en Tunisie.

Sur quelles bases avez-vous élaboré votre programme ?

Les quatre piliers sur lesquels on a construit notre programme économique et social sont les revendications sociales dont principalement l’emploi, les jeunes, le développement régional et la justice sociale. La valeur ajoutée de Nidaa Tounes est qu’on n’a pas fait du copier/coller ni nous avons pas pris un ancien programme et on l’a dépoussiéré. Au contraire, on a commencé à partir d’une feuille blanche.

Vous donnez une grande importance aux régions dans votre programme. Êtes-vous conscient des difficultés qu’elles rencontrent ?

Oui, on en est conscient, mais la situation dans les régions ne pourra réellement changer que dans 20 ans au moins. Mais il faut bien commencer un jour ou l’autre sinon rien ne sera fait.

On a des compétences et des idées dans les régions, mais on a un problème dans leur mise en œuvre ! On a des choses extraordinaires, mais la difficulté est comment les traduire dans la réalité. On est conscient qu’il y avait 36 mille problèmes dans les régions, mais il faut commencer.

Et Nidaa Tounes sera-t-il vraiment en mesure de répondre aux besoins des régions ?

On est convaincu de notre projet qui tient la route. Notre programme n’est pas imaginaire, mais ambitieux. Il est logique et répond aux objectifs de la révolution. Il rompt carrément avec le passé. Il est basé sur les revendications et la démocratie. Notre grand examen de passage, aujourd’hui, est notre capacité à mettre en place la démocratie. Et si on y arrive , tout le reste suivra, dans 10, 15 ou 20 ans, mais on réussira.

La Tunisie suscite-t-elle encore l’intérêt des étrangers et des bailleurs de fonds internationaux ?

Les étrangers sont prêts à nous aider à condition qu’on réussisse l’expérience démocratique. Aujourd’hui, la Tunisie est un laboratoire que tout le monde est en train d’observer au microscope électronique. Et tout le monde tremble à l’idée de la voir échouer.

La Tunisie a un rendez-vous avec l’Histoire et elle n’a pas droit à rater sa révolution parce que les implications de cette réussite dépassent la Tunisie. Et si on réussit notre révolution, on n’aura aucun problème à attirer les investisseurs, à trouver le financement et à recruter. Il y aura un souffle nouveau et un pays nouveau qui sera en harmonie avec les aspirations de son peuple.

Il faut des élections démocratiques pour qu’il y ait une légitimité sinon on ne va pas réussir quel que soit le parti gagnant.

Et le statut des ex-Rcdistes dans Nidaa Tounes , que la révolution a pris justement pour cible ?

Je suis leader à Nidaa Tounes ! Vous m’avez vu auparavant au RCD ?

Mais on ne peut pas nier qu’il existe un bon nombre d’Ex-Rcidistes à Nidaa Tounes ?

Je veux dire qu’il y a beaucoup de personnes comme Slim Chaker à Nidaa Tounes. Le parti est aujourd’hui est une mosaïque. Il y a les destouriens, les gauchistes, les syndicalistes et les indépendants de la société civile, ce qui rend le parti à l’image du pays. De ce fait , on n’est qu’un échantillon représentatif de la société.

Et si au sein de Nidaa Tounès, nous arrivons à régler nos problèmes, à nous positionner idéologiquement, travailler ensemble et cohabiter, nous aurons réussi sur un échantillon réduit qui peut être après les élections élargi à l’échelle du pays entier.

Moi, je vois que la diversité au sein de Nidaa Tounes est une bonne chose. Elle nous oblige à nous accepter mutuellement et cohabiter avec toutes les tendances.

Mais certains membres sont accusés de corruption ?

Je suis tout à fait d’accord. Que la justice fasse son travail , mais on ne peut pas s’y substituer . Si quelqu’un qui a fait quelque chose, il doit être traduit en justice.

Vous ne risquez pas de céder aux pressions régionalistes ?

On en est conscient. Mais le programme économique de Nidaa Tounes se base sur la logique qu’on ne fait pas de promesses .Donc on est loin de ce risque. Notre vision est basée sur un diagnostic, une stratégie et un plan d’action. On n’a pas fait de promesses.

Au niveau des régions, il faut faire un diagnostic. Ils y a des gens dans les régions qui sont animés de bonne volonté, et ça me donne de l’espoir.

Avez- vous l’impression que la situation se calme un peu, et que cela donne une occasion à la réflexion et à la mise en œuvre de tels projets ?.

Oui, mais pas pour laisser la place à la raison. Les gens sont, toujours, fatigués et mécontents, et c’est pour cela que ça retombe de temps à autre. Mais les revendications sont toujours là. Rien n’a vraiment changé.

L’état d’esprit des gens a-t-il changé ?

Les coups de fil que je reçois me donnent la conviction que les gens dans les régions veulent être informés de ce programme, et je sens un fort engouement. A partir de la semaine prochaine, on va commencer à présenter notre programme dans les régions. Notre objectif est de faire de la Tunisie un pays du 21ème siècle et essayer de rattraper le gap des pays développés.

Quelles sont les projections futures de votre parti ?

Il s’agit principalement d’atteindre un taux de croissance en moyenne de 7 % et un taux de chômage de 11% au lieu de 16%, dans 5 ans . Ce sont les deux chiffres clés de notre programme.

Et l’endettement ?

On va être obligé de financer les projets proposés à hauteur de 35% à 40%. Le reste sera financé par un apport extérieur . Cependant, le problème en Tunisie n’est pas de lever des fonds, mais d’avoir des projets qui soient clairs réalistes et basés sur un diagnostic scientifique. Ont doit avoir des régions capables de mettre en œuvre les projets qui leur sont alloués.

Les bailleurs de fonds existent et cherchent à investir leur argent mais dans des projets qui tiennent la route et avec des gens crédibles. Et si on veut que la Tunisie réussisse, il faut instaurer la sécurité, la visibilité, la légitimité, la stabilité, la crédibilité et l’intégrité.

Pour résumer, notre crédo à Nidaa Tounes est qu’il faut des pré requis pour que notre programme réussisse, il faut des élections démocratiques et transparentes, et une légitimité qui ne souffre aucune contestation .

Qu’est-ce que vous pensez du projet de la loi des finances 2014 ?

Il faut dire que le budget n’est pas un fonds en soi. C’est un outil parmi d’autres entre les mains du gouvernement pour appliquer son programme économique et social. Or, le gouvernement n’a pas de programme. Par contre, il a des dépenses et des recettes, et doit dispenser un effort pour avoir une cohérence entre les deux. Il n’arrive pas à boucler la boucle, et donc il se tourne vers la classe moyenne pour y pomper l’argent qui lui manque.

D’où vont venir les 4% de croissance ? C’est très difficile d’atteindre ce chiffre. A ce rythme, le taux de croissance ne dépassera pas les 2,5%. Mais, je reste optimiste, pour l’avenir. Je suis catégorique, car on a des compétences qui peuvent construire le pays.

Êtes-vous satisfait du rôle de l’ANC, du gouvernement aujourd’hui ?

Vous n’avez qu’à regarder les sondages d’opinion. La grande erreur, c’est que l’ANC a été élue pour rédiger une constitution et s’est occupée de choses pour lesquelles elle na pas été élue et ce n’est pas bon.

Khadija Taboubi

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