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Tunis : Il y a, manifestement, un gros problème !

De nouveau, rien ne va plus entre les forces de l’ordre et la justice. A les voir travailler, on dirait même qu’elles font partie, chacune d’un pays différent. Les forces de l’ordre s’en étaient déjà plaintes, lors des deux gouvernements de la Troïka d’Ennahdha. Cela les avait alors amenées à demander une loi antiterrorisme. Une demande restée jusque-là en projet dans les tiroirs de l’ANC (Assemblée Nationale Constituante)

Aux dernières nouvelles, un journal de la place à Tunis, a rapporté, dans son édition de ce mardi, 5 août 2014, que «plus de la moitié des gens arrêtés récemment à Ben Guerdane pour implication dans des affaires de terrorisme ont été libérés », soulignant que « le nombre total de ceux qui ont été arrêtés par les unités de la sécurité à Ben Guerdane s’élève à près de 1100 personnes».

Avant cela, en juin dernier, le ministre tunisien de l’Intérieur déclarait que son département (forces de l’ordre et Garde nationale) avait procédé à «l’arrestation, en 2012, de 1300 individus en relation avec des actes terroristes et que la justice en avait relaxé 432. En juin dernier aussi, le ministre tunisien de la Justice, déclarait que le nombre d’affaires liées au terrorisme et instruites par la justice était de 400 procès concernant 520 accusés». Quelques faits sont pourtant à retenir et quelques remarques s’imposent, sans aucune volonté d’accuser une quelconque partie :

– Force est, en effet, de constater d’abord, que jusque-là, depuis l’affaire de Bir Ali Ben Khalifa et jusqu’à celles Djebel Chambi en passant par les assassinats de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi, aucun grand procès relatif à ces grandes affaires qui ont secoué la Tunisie de l’après Ben Ali, n’a été tenu et aucune sentence n’a été prononcée. Pourquoi la justice tarde-t-elle à rendre justice et même à frapper fort pour donner un signal fort aux «takfiristes» et aux terroristes, à la scène internationale et aux investisseurs ? Personne ne le sait et personne ne veut le dire !

– Les libérations se suivent et ne se ressemblent pas de la part d’une justice, fort irritable et qui n’est guère plus communicative que la «grande muette» (ministère de la Défense). Une justice qui évoque toujours, en levée de boucliers comme l’avait déclaré en juin dernier le porte-parole du parquet à Africanmanager, les «preuves irréfutables » que doit comporter le dossier d’accusation et que «le juge d’instruction traite des dossiers et non des personnes». Cela veut irréfutablement dire que les dossiers transmis par le ministère de l’Intérieur à la justice sont vides de toute preuve irréfutable ! Cela serait-il possible ? Et que vaudraient donc toutes ces statistiques dont le ministère de l’Intérieur inonde les réseaux sociaux pour justifier ses efforts en matière de lutte contre le terrorisme ?

– Et si les relaxes prononcées par la justice ne suffisaient pas, il y a toujours les amnisties. Les occasions, religieuses ou nationales, ne manquent pas pour que le président provisoire use souverainement de cette prérogative. Plusieurs des amnistiés présidentiels ont pourtant été retrouvés sur les scènes d’opérations terroristes.

– On ne passera pas sans rappeler que le ministre de l’Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, juge de son état, n’a jamais été dans les petits papiers du président provisoire de la République. De son côté, le ministre tunisien de la Justice, Hafedh Ben Salah, a failli être démissionnaire pour des raisons encore inavouées. Y a-t-il un lien entre ce dernier point et les trois précédents ?

Manifestement donc, il y a un chaînon manquant entre sécurité et justice. La première fait son maximum pour sécuriser le pays en arrêtant tous les accusés. Elle semble pourtant, si l’on voit la différence en nombre entre arrestations et libérations, y aller un peu trop vite en besogne et oublier de bien ficeler ses dossiers avant de les transmettre à la justice. Les enquêtes des policiers ne semblent ainsi pas satisfaire les juges d’instruction.

Ces derniers, à leur tour, ne semblent pas pressés de boucler les dossiers qui leur ont semblé être assez fournis en preuves irréfutables, puisque peu d’actes d’accusation ont été jusqu’ici traduits en procès.

Qui est en fait fautif dans tout cela ? La police qui travaillerait à la va-vite ou la justice qui serait un peu trop sourcilleuse ?

Khaled Boumiza.

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