AccueilLa UNETunis-Mohamed V : L’Avenue des quatre cadavres!

Tunis-Mohamed V : L’Avenue des quatre cadavres!

C’est certainement la plus longue avenue de la capitale tunisienne. Elle était connue, sous l’ancien président, pour être l’avenue des banques. On y trouve les sièges de la BCT, de la BNA, de la STB, de la BTS et de la BTK. A un moment de l’histoire récente de la Tunisie, où les manifestations étaient interdites, sinon strictement réglementées, elle émergeait comme l’Avenue des manifestations. Généralement bien encadrées par l’ancien parti au pouvoir, elles partaient du monument de l’ancien 7 novembre et s’arrêtaient devant un bar connu de cette avenue. C’est l’avenue Mohamed V, une longue avenue bordée de palmiers, mais pas que cela !

Sur cette grande esplanade de Tunis où elles sont les uniques grandes tours immobilières, si on excepte l’autre hôtel de l’avenue Bourguiba, jonchent au moins quatre grands cadavres, ceux de projets, soit abandonnés, soit inachevés. Des cadavres, comme les stigmates d’une époque où l’investissement s’est figé dans le temps et où les constructions se sont arrêtées avec la Révolution. D’abord, ce projet, presque pharaonique d’une Cité de la culture dans un pays, désormais peu disposé à la culture. Un projet initié avec un constructeur européen et qui n’est jamais arrivé à terme, devenu presqu’une cage à pigeons. Un projet d’un coût de plus de 120 MDT financé par des bailleurs de fonds étrangers, dont le tchèque.

«Occupant un emplacement stratégique au cœur de la capitale, la Cité de la culture devrait s’articuler autour de deux salles de spectacle, d’une médiathèque, d’une cinémathèque, de trois espaces d’exposition et d’une maison des artistes. Un musée complétera cette importante infrastructure dont le coût sera d’environ cent millions de dinars. D’une capacité de 1800 places, la grande salle est conçue pour accueillir les spectacles vivants de théâtre et de musique et sera dotée d’équipements de pointe. Une seconde salle de 400 places sera dédiée aux spectacles de moindre importance. Le musée devait comporter des pavillons d’expositions permanentes ainsi que des aires d’expositions ponctuelles et des ateliers d’initiation. Aménagée autour d’un patio en terrasse, la maison des artistes devrait offrir des services de restauration ainsi qu’un espace de convivialité». Ce projet, pourtant grandiose, ne sera jamais terminé et même remis aux calendes grecques ou plutôt tchèques, vu la situation financière de la Tunisie de l’après Ben Ali. On a même entendu un ancien ministre de la Culture demander sa démolition.

Ensuite, ce qui avait été l’hôtel Abou Nawas Tunisie, avant que les Koweitiens ne le vendent aux Libyens. Société libyenne qui en avait la charge, du temps de Mouammar Kadhafi, la Laico avait entrepris de le moderniser, l’avait donc désossé et entrepris sa rénovation. Avec la révolution libyenne, la Libye de l’après Kadhafi oubliera même qu’elle avait un hôtel à Tunis qui était un fleuron du tourisme de conférences dans la Tunisie de l’avant révolution.

Il y a aussi cet imposant immeuble en verre, au dernier étage duquel Ben Ali disposait d’un bureau, celui de l’ancien parti au pouvoir, le RCD. Toujours gardé par l’armée, il est toujours droit dans ses bottes, impossible à vendre et dont l’avenir ne sera pas déterminé avant la fin du recensement des biens du RCD par le ministère des Domaines de l’Etat et la décision de la commission des biens confisqués. Malgré son lourd héritage historique, cet immeuble pourrait désencombrer plus d’une administration. Lui aussi, il reste droit et froid, comme un cadavre congelé.

Autre monument hôtelier de Tunis, l’hôtel du Lac, un chef d’œuvre à l’architecture atypique construit pendant les années 60, lui aussi propriété de la société libyenne Lafico, une autre holding libyenne, oublié lui aussi par les libyens, plus soucieux maintenant de guerre que de paix. Il devait être démoli et un hôtel de luxe prendre sa place. Il reste encore en ruine au milieu de la capitale de la Révolution du Jasmin.

Tous ces immeubles sont pourtant des projets qui pourraient redonner de l’emploi. Personne ne semble pourtant prêter attention à ces quatre cadavres, comme s’ils étaient les images d’un passé qu’on balaierait chaque fois d’un revers de main.

Ka. Bou.

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