AccueilLa UNETunisie : Faut-il avoir peur de Donald Trump ?

Tunisie : Faut-il avoir peur de Donald Trump ?

Il serait extrêmement réducteur de ne retenir de Donald Trump qui vient de remporter les élections présidentielles américaines que ses outrances verbales, ses gesticulations et ses envolées islamophobes et xénophobes. La fonction créant l’organe, on n’aurait pas tort de les prendre pour des propos d’estrade. Le candidat Trump n’a pas vocation à être le président Trump… ou si peu. Car enfin, il sera obligé de mettre tout cela au grenier pour tenir son rang en tant que chef de l’Administration de la première puissance mondiale. Cela signifie qu’il aura à déférer aux institutions du pays, faire indéfectiblement siens les fondamentaux de la politique américaine et agir et décider comme le lui dictent les intérêts des Etats-Unis.

Les Tunisiens, légitimement, regrettent voire s’agacent que Hillary Clinton n’ait pas été élue, elle qui avait volé au secours de leur Révolution et bien plus à la transition démocratique qui s’en est suivie, mais ils doivent savoir aussi que l’Administration Obama           n’a pas été invariablement bienveillante à leur endroit en exigeant que leurs achats d’armes et d’équipements militaires rubis sur l’ongle, et en bloquant une initiative d’un groupe de membres du Congrès d’augmenter l’enveloppe d’aide sécuritaire et militaire à la Tunisie. On ne peut pas attendre de Trump qu’il n’en fasse pas autant sauf s’il s’agit de servir les intérêts des USA, assurément dans le cadre de sa nouvelle politique vis-à-vis du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, axée en priorité sur la lutte et la « destruction de Daech » qui « disparaîtra si je suis élu président, et très, très rapidement », avait affirmé Donald Trump dans un de ses discours électoraux. Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, en félicitant ce mercredi le prochain locataire de la Maison Blanche, l’a assuré de « l’engagement de la Tunisie à ne ménager aucun effort pour combattre l’extrémisme et le terrorisme et sa détermination à continuer à travailler avec les Etats-Unis pour enrichir les volets de partenariat stratégique établi entre les deux pays ».

Une conviction et des conjectures !

Au demeurant, BCE a été prompt à saluer « le soutien américain à la Tunisie et son appui à l’expérience tunisienne avant-gardiste sur la voie de la consécration de la démocratie et de l’enracinement des fondements de l’Etat moderne, conformément aux valeurs partagées par les deux pays ». Une conviction qu’il ne serait pas fortuit de rapprocher du projet prêté à Trump de faire le tri entre les pays amis et les autres, ceux qui partagent les mêmes valeurs que les États-Unis et les autres. Et c’est logiquement à l’enseigne de cette vision que Trump dit projeter une conférence internationale avec « nos grands alliés : Israël, le roi Abdallah de Jordanie et le président Sissi ». Sans être un allié de ce rang des USA tel qu’entendu par Trump, la Tunisie y aurait sa place, même de moindre importance pour autant qu’elle a le statut d’allié majeur des Etats-Unis non-membre de l’OTAN.

Pour le reste, force est de se perdre en conjectures. La prochaine Administration américaine continuera-t-elle à apporter son soutien économique et financier, il est vrai chichement dispensé, à la Tunisie, via notamment les garanties d’emprunts           comme l’avait fait le Trésor US à deux reprises ? Gardera-t-elle en l’état son appui à la transition démocratique qui risque de « dérailler » faute de redressement économique, comme l’a souligné le directeur des études stratégiques à l’Institut Tunisien des Etudes stratégiques ? C’est à l’aune de la réponse de l’Administration Trump à ces interrogations que sera jugée sa politique à l’égard de la Tunisie.

Manifestement, la diplomatie tunisienne a peut-être mis ses œufs dans le même panier en misant totalement sur Hillary Clinton en s’abstenant de jeter le moindre pont connu avec l’équipe de Donald Trump. L’occasion s’en est pourtant présentée, lors de la dernière Assemblée générale de l’ONU, en septembre dernier à New York, à laquelle Béji Caïd Essebsi était présent. Le président égyptien Sissi en a tiré le meilleur parti en tenant à rencontre le candidat Trump qui avait affirmé alors que «sous une administration Trump, les Etats-Unis d’Amérique seront un ami fidèle mais aussi un allié, sur lequel l’Egypte pourra compter, les jours et les années à venir».

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