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Tunisie : Le grand déballage sur la crise du médicament

La crise du médicament qui sévit dans le pays préoccupe et même inquiète depuis plusieurs semaines les Tunisiennes et les Tunisiens. Est-ce une vraie crise ou un complot contre la Pharmacie centrale? Qui est derrière cette affaire ? Est-ce la faute à la contrebande et au marché noir, comme disent certains experts du secteur ? Est-ce la résultante de la crise financière qui frappe le pays depuis plus de 7 ans ou une collusion contre la nation en général ? C’est l’ensemble des interrogations débattues, ce mercredi 8 août 2018, lors d’une table ronde organisée à l’initiative de l’Institut tunisien des études stratégiques (ITES).

Interrogé sur l’affaire, le PDG de la Pharmacie centrale de Tunisie (PCT), Ayman El Mekki, a fait savoir qu’une reprise progressive au niveau de l’approvisionnement du marché tunisien en médicaments a été constatée et que la Tunisie recevra prochainement une première commande. Et de préciser dans le même cadre que la PCT a trouvé un accord et a payé une première tranche de ses dettes auprès des fournisseurs étrangers.
Il a aussi indiqué que le stock de médicaments disponibles actuellement couvre 88 jours de consommation nationale et que l’insuline, le médicament qui a manqué le plus, est subventionné par la pharmacie centrale à hauteur de 90% et est disponible en stock pour 5 mois et 15 jours de consommation. Les deux autres types d’insuline qui ont manqué seront prochainement disponibles sur le marché, a-t-il ajouté, appelant ainsi à ne pas confondre « pénurie » et « produit manquant« .

Le responsable a tenu par ailleurs à expliquer que la crise du médicament en Tunisie est structurelle et ne date pas d’aujourd’hui, mais plutôt de l’année 2016 et c’est à partir de là que la sonnette d’alarme avait été tirée. « C’est une crise de cumul (…) C’est depuis des années que l’État intervient pour débloquer la situation et prendre à sa charge certaines engagements« , a-t-il dit.
« Si la pharmacie centrale n’était pas supportée par l’État, elle aurait explosé depuis l’année 2016 (…) Aucune société privée ne pourrait faire face à cette situation de crise et ce fardeau« , a assuré Al-Mekki, faisant remarquer que le volume de transactions de la pharmacie centrale atteint 1.300 millions de dinars par an, alors que ses dettes auprès des hôpitaux et les fonds sociaux sont estimées à 880 millions de dinars.

Il a en revanche assuré que la crise de la pharmacie centrale a été aggravée par plusieurs facteurs dont le glissement du dinar durant les trois dernières années, l’incapacité de la pharmacie centrale à payer ses dettes auprès des fournisseurs étrangers, la contrebande, le marché noir et la hausse de la consommation.

Pour dépasser cette situation de crise, El Mekki a appelé à garantir une liquidité mensuelle de 50 Millions de dinars par mois, à activer les mécanismes permettant d’ajuster les prix des médicaments, à lancer un programme pour la promotion du secteur des médicaments en Tunisie et réviser la réglementation régissant le secteur.
Le responsable de la pharmacie centrale a également appelé à examiner la possibilité de mettre en place un fonds national pour la promotion de l’industrie pharmaceutique, un fonds qui doit être géré par le ministère de la Santé, selon ses dires.

Le PDG de la pharmacie centrale a sous un autre angle indiqué que le conseil ministériel restreint, tenu lundi 11 juin 2018, sous la présidence du chef du gouvernement, n’a approuvé qu’une seule mesure proposée par la pharmacie centrale, portant sur l’injection dans la Pharmacie centrale 500 millions de dinars de liquidités, soit l’équivalent des dettes de la PCT auprès des fournisseurs étrangers, selon ses dires.

De son côté, le PDG de la CNAM, Bechir Armani, a indiqué que des prémisses de reprise ont été constatées au niveau de la caisse, faisant remarquer que le montant des achats effectués auprès de la pharmacie centrale s’élève à 700 millions de dinars par an dont 320 millions de dinars relatifs aux médicaments spécifiques. Du coup, les transactions de la CNAM auprès de la pharmacie centrale représentent 28% du chiffre d’affaires de la pharmacie centrale qui est aux alentours de 1300 Millions de dinars, selon ses dires.
Il par ailleurs indiqué que la CNAM a trouvé un accord avec la PCT pour régler ses dettes tout en lui versant régulièrement et mensuellement 23 millions de dinars. Et de préciser que les dettes de la CNAM s’élèvent jusqu’au mois de juillet courant à 388 MDT dont 276 sont des dettes antérieures, avant d’ajouter qu’à ce rythme la dette de la CNAM auprès de la Pharmacie centrale serait de seulement 45 MDT à la fin de cette année.

Quant à lui, le président du Conseil national de l’ordre des pharmaciens de Tunisie, Chedly Fendri, a pointé du doigt les fournisseurs étrangers. Selon lui, l’approvisionnement de la Tunisie en médicaments était un choix pour certains laboratoires étrangers, lesquels ont, stratégiquement, suspendu les médicaments qui n’ont pas d’alternatives en Tunisie pour pousser la pharmacie centrale à payer ses dettes.
Il a toutefois indiqué que la crise du médicament est sur le chemin d’être résolue et qu’entre 40 à 50 médicaments seront prochainement disponibles sur le marché.
Chedly Fendri a toutefois écarté le fait que la contrebande soit derrière la crise du médicament en Tunisie et que la principale raison de cette crise est la pénurie de liquidité à la pharmacie centrale.

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