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Un an de Kais Saïed : Un bilan tout en palabre, et Photoshop

La présidence de la République tunisienne a mis en ligne, ce vendredi 23 octobre 2020, une vidéo de quelque 16 minutes [ar], en guise de bilan de la 1ère année du mandat de Kais Saïed à la tête de l’un des compartiments de l’Etat [Ndlr : L’Exécutif tunisien est en 2 parties. présidence de l’Etat et présidence du gouvernement]. Un bilan, dont la trame a été le discours du chef de l’Etat devant les députés, lors du vote de confiance. Une vidéo qui appelle quelques remarques :

  • La première et la plus importante, c’est le discours-trame de toute la vidéo de promotion qui ne contenait que des promesses et de simples vœux pieux, fait à l’adresse d’un peuple qui l’avait voté, non convaincu par le projet qu’il n’avait point, mais pour éviter le pire.

Des promesses et vœux pieux, comme ne pouvait qu’en faire tout nouveau locataire de Carthage.

Les séquences utilisées dans ce qui se voulait un bilan, étaient des séquences muettes de vidéos perturbées, où le chef de l’Etat était sur ses grands chevaux et abordait son sujet de prédilection qui est la complotisme ou théorie du complot qu’il menaçait il y a quelques mois encore de « batteries de missiles » prêtes à l’emploi. Recourir à ce discours précisément, sonnait en tout cas comme un aveu d’échec à trouver autre chose à présenter en guise de bilan, effectif, opérationnel et concret. Même pas sa fameuse « idée » d’un régime « à la Gueddafi » où Saïed jouerait le rôle du « guide de la révolution », n’y était plus. On comprendrait que le chef de l’Etat avait changé d’avis, et que la nouvelle idée est désormais de renforcer simplement les pouvoirs du chef de l’Etat.

  • La seconde remarque est que la grande partie du « bilan » aura été centrée sur la préservation et la pérennité de l’Etat.

« Tous partiront, et c’est l’Etat qui doit rester et continuer » a-t-il dit, ou lui a-t-on fait dire dans cette vidéo-bilan. On ne sait cependant pas si le chef de l’Etat et ceux qui ont fabriqué cette vidéo ont réellement vécu en Tunisie, et surtout en dehors du Palais, pour se rendre compte comme le citoyen lambda que l’Etat que Kais Saïed disait vouloir pérenniser n’existe presque plus.

Un Etat où un groupe de personnes d’une région déterminée bloquent la vanne de pétrole qui nourrit tout un peuple, et face auxquels l’Etat et son armée reculent, est-il encore un Etat ? Un Etat où quelques familles bloquent des trains, des autoroutes, tout un secteur minier qui rapporte des milliards pour l’économie de tout un pays, sans que personne ne bouge, est-il encore un Etat ? Un Etat faible, qui se refuse à faire usage de sa force légale pour protéger son économie, est-il encore un Etat ? Un Etat, dont le chef dit vouloir préserver la continuité des infrastructures et services publics, et qui détourne lui-même les aides privées et les dons du peuple, pour raccommoder ses propres erreurs et arbitrages dans le budget, est-il encore un Etat ? Un Etat qui n’arrive pas, depuis presque 10 ans, à résoudre deux affaires d’assassinats politiques, et dont le chef du conseil supérieur de la sécurité nationale dit tout savoir, est-il encore un Etat ? Un Etat qui dépense plus de 55 % de son budget pour les salaires, et plus encore en compensation de tout et de rien, pour tous et pour n’importe qui, sans oublier les dizaines d’entreprises publiques hautement déficitaires, quitte à bouffer le budget d’investissement, est-il encore un Etat ? Bref, de l’Etat que le professeur de droit Kais Saïed promettait défendre et renforcer pour pérenniser, il ne reste presque plus rien !

  • Saïed a-t-il réalisé, en un an, tout ce qu’il avait « promis » ? Force est d’en douter.

Il avait promis des « missiles » contre les comploteurs. Et puisqu’il en parle toujours, manifestement, ils courent toujours. Il avait promis des projets de lois pour changer le régime en place, par la voie constitutionnelle. A l’ARP, les mêmes causes qui l’avaient amené à la tête du pouvoir produisent toujours les mêmes effets, politiquement, économiquement et socialement, cela s’entend. Il avait promis de ne jamais permettre qu’aucun millime (millième du Dinar) ne sera volé. Des affaires de mauvaise gestion des deniers de l’Etat courent toujours, et courront probablement encore. Il avait promis le recouvrement de tous les fonds « spoliés » par l’ancien régime, et y avait même dédié une ministre. Ils peuvent (chef d’Etat et ministre) toujours courir, comme d’autres spoliés internationaux le font toujours derrière les fonds d’anciens dictateurs. Minute sVp !

N’avait-il pas aussi promis une société des marchés de production du Centre ? Un pôle sanitaire à Kairouan appelé « la Cité sanitaire des Aghlabides » ? Des pôles sociaux intégrés à Sfax, Kasserine et Jendouba ? C’est vrai. On les a même montrés dans sa vidéo-bilan, sous Photoshop !

Halleluia, « لا تخرج قبل أن تقول سبحان الله ». Et comme le dirait Hichem Mechichi « Le président Vive ». Entretemps, les démissions se succèdent dans le bureau de communication de la présidence et dans tout son cabinet. Sait-il vraiment ce qu’il fait ?

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