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Un budget, pour manger ce qu’on importe, dormir sans eau, et payer la dette

Dans un espace politique sans partis et un espace parlementaire qui ne fait plus aucun bruit, la Tunisie de Kais Saïed fait son propre chemin. Dans une conjoncture financière tendue, bercé par le populisme du chef de tout l’Etat, s’endormant au son des canons de Gaza, et se réveillant avec la lecture des communiqués présidentiels sur la cause palestinienne, plus royalistes que les rois, le citoyen tunisien subit stoïquement le budget et sa loi des finances, surpris par sa propre résilience, et se demandant comment ça va finir, et que va-t-il faire pour passer une 2024 annoncée beaucoup plus difficile. 

–        Salaires : On maîtrisera en augmentant

Au gouvernement des « Beni Oui-oui », on applique le dicton local du « دبر يا وزير لا راسك اطير » comme le « dernier des Mohicans ». Sans se résoudre à penser en « Out-Of-The Box », le gouvernement d’Ahmed Hachani ressasse les mêmes solutions pour de nouveaux problèmes, y appliquant toujours le « remède de cheval » des taux et du plus d’impôts. Le tout, sur le dos d’une classe moyenne en érosion et des riches qui refusent de se transformer si facilement en « Patriotic Millionnaires », comme il est de tendance désormais un peu partout dans le monde occidental pour éviter l’effondrement de leurs économies.

Les faiseurs tunisiens de budgets ont en effet préparé au peuple un planning de recettes et de dépenses, de quoi rouler s’il y a grève, de quoi manger ce qu’il peut trouver lorsque l’Etat peut l’importer, dormir là  où il peut payer avec les loyers qui flambent, sans eau pour cause de coupures courantes de nuit comme de jour, compter les jours en devises pour payer la dette, et ne pas risquer un « Burnout » financier, chercher où trouver un café et dérober les sucrettes des cafetiers.

Et on s’attend ainsi à ce que les dépenses du budget pour toute l’année 2024 atteignent 59, 805 Milliards DT, en hausse de 6,7%, soit 3,734 Milliards DT pour l’année 2023. Les dépenses courantes comprendront des salaires et des rémunérations pour un montant de 23, 711 Milliards DT, soit une augmentation de 1,4% équivalant à 939 MDT. Les dépenses salariales représenteront 13,5% du PIB, contre 14,4 % pour l’année et de 14,7 % pour l’année 2022. Les salaires augmenteront donc et diminueront aussi !

Les estimations des dépenses salariales reposent, selon le ministère tunisien des Finances (MTF), sur plusieurs orientations visant à « mieux maîtriser la masse salariale, et la ramener progressivement à des pourcentages raisonnables » que le ministère ne précise pas pour ne s’engager à rien.

Cela, dit le MTF, à travers notamment la limitation des recrutements au strict nécessaire, en baissant le nombre des recrutés parmi les écoles de formation, et le non-remplacement aux postes vacants dans la fonction publique, comme ceux qui choisiront un départ à la retraite avant l’âge légal, dont le programme sera relancé en 2024. Le gouvernement compte aussi relancer le congé-création d’entreprise, et appliquer le transfert d’employés et fonctionnaires entre ministères.

–        2,539 Milliards DT en frais de gestion

Et comme un coup de gomme à toutes ces bonnes intentions de maîtriser la masse salariale, le document du budget 2024 annonce l’intention du gouvernement de mettre en application la 2ème tranche du programme d’augmentation des salaires, dès janvier 2024 !

Pour ses dépenses de gestion, le gouvernement promet (Mais ne dit-on pas que les promesses n’engagent que ceux qui les croient !?) de diminuer celles des réceptions et des missions à l’étranger (Ndlr : comme celles du ministre des AE qui devient le plus grand voyageur du gouvernement ?), du transport administratif (Et donc l’utilisation des voitures administratives et de fonction, alors que ces dernières sont un privilège inscrit dans la loi de la FP !), de la consommation d’électricité (Ndlr : Comme pour la Steg qui n’utilise pas le solaire pour ses locaux illuminés en continu, et qui donne des quotas de consommation gratuite à ses milliers d’employés ?).

–        Compensation : On délestera… sur papier

Pour la compensation, le montant qui devrait représenter, pour la première fois depuis 2 ans, les 5,3 % du PIB, sera de 11,337 Milliards DT. Son poids dans le PIB augmentera de 1,1 pb, mais son volume baissera de 1,2 % ou 138 MDT. C’est la magie budgétaire à la tunisienne !

Les prix du kilowatt et du litre d’essence augmenteront certainement en 2024, et sa compensation augmentera de 56 MDT, pour dépasser les 7 Milliards DT (4 Mds pour la Steg et 3 Mds pour la Stir). Compensation aussi des produits de consommation, avec 3,591 Milliards DT, en baisse de 5,6 %, dit le MTF. Il oubliait de préciser que cela était dû plus à la baisse des prix internationaux qu’à une volonté politique tranchée sur le sujet.

Mais la compensation aura encore de beaux jours devant elle, pour tout ce qu’importe l’Office du Commerce qui sera ainsi exempté de TVA, seulement à l’importation, non à la distribution, et pour d’autres produits comme le tabac. Mais qu’importe. Par le chiffre, et pour les observateurs qui dénigrent, la Tunisie a abaissé la compensation !

–        Investissement : la portion congrue comme toujours

En 2023, le MTF s’était fixé une enveloppe de dépenses d’investissement de 4,543 Milliards DT. Jusqu’à juin 2023, il n’en a été dépensé que 1,822 Milliard DT. En 2021, il en était prévu 4,218 Milliards DT, et il n’en avait été réellement dépensé à fin novembre du même exercice que 3,1 Mds DT, et seulement 2,9 Mds en novembre 2020, par rapport à un montant initialement prévu de 4,1 Mds DT.

Pour 2024, le MTF propose 5,274 Milliards DT et se fait fier d’annoncer une hausse de 12,4 %, mais sans aucune information budgétaire sur les projets à financer, et se limitant aux blablas annuels. Des paroles du genre « priorité aux projets inscrits dans le Plan de développement 2023-2025 comme si La Tunisie en a un. Sinon pourquoi l’ancien ministre qui en avait la charge avant son renvoi n’en avait-il montré aucun exemplaire au chef de tout l’Etat qui l’aurait ainsi officiellement adopté et fait voter par l’ARP ?

Le MTF fait aussi référence, dans son budget, à des projets décidés dans les CM et autres CIM, sans préciser s’il s’agissait de CM et CIM du gouvernement Bouden dont la LF avait été alors refusée par le même chef de tout l’Etat, ou celui de Hachani qui n’avait étudié qu’un projet de schéma de développement pour 2024.

Il parle aussi d’ « accélérer le rythme des projets d’infrastructure, ceux des énergies alternatives et de désalinisation », dans un pays où ce type d’investissement est, soit généralement financé par des crédits étrangers, soit était décidé depuis plus de 2 décennies ». Le budget parle enfin, pour l’investissement, de « varier les sources de financement, comme le PPP ». Cela dans une conjoncture où 1.500 entrepreneurs, politiciens et hommes de médias sont fichés S17, et où les hommes d’affaires sont honnis et ont peur !  Mais le fait est là, avéré par le chiffre sur papier du budget 2024, l’investissement de l’Etat va augmenter.

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