Beaucoup, dont les premiers responsables des banques eux-mêmes, n’aiment pas qu’on en parle. Leurs chargés de communication pensent que c’est du domaine du voyeurisme, et certains banquiers vont même jusqu’à se plaindre de la publication de leurs rémunérations, surtout lorsqu’ils sont à la tête de banques déficitaires, ou à petits résultats.
Or, la publication de ces rémunérations est une obligation légale, imposée par le Conseil du marché financier. L’obligation, aussi, de transparence vis-à-vis des milliers d’épargnants en bourse par l’achat d’actions de ces banques. Mais par obligation de transparence vis-à-vis de toutes les catégories de déposants d’argent dans les banques, et qui lui donnent ainsi les ressources les moins chers pour donner des crédits à des taux nettement plus chers.
Ces rémunérations sont en constante évolution et leur classement aussi. Il y a quelques exercices, la QNB était à la tête des plus grosses rémunérations de DG. En 2022, elle n’est plus qu’à la 3ème position, avec une rémunération mensuelle brut de 163.750 DT, ou presque 5,5 mille DT par jour, y compris les fériés. La 2ème place revient à la Banque de Tunisie, qui est aussi le 3ème résultat net de la place.
En 2022 également, la 1ère place est remportée par l’ATB avec plus de 3,3 MDT. Mais c’est un cumul des rémunérations de l’ancien DG et de celui qui le remplace depuis la mi-222. Une banque qui se redresse manifestement bien, puisque son bénéfice pour les seuls 6 premiers mois de 2023 (10,363 MDT), ne sont pas loin du RN de tout l’exercice 2022 (11,397 MDT).
Mais ce qui retient l’attention, c’est la non-existence de lien entre la rémunération et le résultat net réalisé par le DG de l’exercice. Le cas le plus flagrant reste celui de la QNB, seule banque déficitaire de la place et qui occupe la 3ème position dans le classement des meilleures rémunérations (toujours en brut).
Comme depuis plusieurs années, la Biat performe et affichait en 2022, le meilleur RN de la place, avec 299,676 MDT. Elle n’est pourtant qu’à la 6ème place des meilleures rémunérations de DG. 2ème meilleur bénéfice de 2022, Attijari Bank, n’est pourtant qu’à la 6ème place des rémunérations. Et ainsi de suite, confirmant ainsi cette impression de la non-existence de lien entre rémunération et réalisation en termes de bénéfices. On remarquera, aussi, que les banques publiques, bien que n’étant pas mal classées en bénéfices, le restent en rémunération. Et pour toutes, ce sont les conseils d’administration qui décident de la rémunération.
C’est le rôle du Gouverneur de la BCT d’agir vite pour résoudre le problème de la rémunération des DG des banques trop exagérée, alors qu’il y a des jeunes diplômés en chômage et des DG de l’administration publique et privée reçoivent une rémunération beaucoup moins importante. Cette disparité salariale doit disparaitre en réduisant les écarts non justifiés. Abassi doit avoir une synergie pour accomplir sa mission dans les règles de l’art. Kamel Ennabli pourrait le remplacer avec une feuille de route proposée par le gouvernement et la présidence.