AccueilLa UNEUne économie pour le compte d’autrui !

Une économie pour le compte d’autrui !

Au regard de la rareté des ressources financières internes et externes dont souffre l’économie tunisienne, il est de plus en plus nécessaire de trouver les moyens permettant de satisfaire les besoins croissants en matière de financement. Toute croissance de l’économie tunisienne est, désormais, tributaire d’importantes ressources financières qu’il est difficile de mobiliser.

Cette problématique soulève moult  questions auxquelles il importe  de trouver des solutions de manière urgente et dont la principale concerne la possibilité d’assurer un financement de l’économie dans le cadre d’une mondialisation libérale hégémonique et avec un modèle de développement totalement inefficace.

Une étude, portant sur la problématique du financement de l’économie tunisienne,  menée par le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux (FTDES), a été au centre d’un  un évènement organisé à Tunis, ce lundi 30 octobre 2023, pour débattre des origines de la problématique du financement, de la capacité du modèle d’affaires actuel des banques tunisiennes à financer convenablement l’économie tunisienne, et du financement extérieur de l’économie tunisienne en traitant les limites et la nécessité d’une meilleure composition.

Le modèle adopté empêche la capacité de créer de la richesse

Le modèle de développement actuel est l’un des problèmes les plus importants qui entravent la réalisation du développement économique en Tunisie, selon ce qu’a confirmé le chargé des études au FTDES, Abdeljalil Bedoui, dans une déclaration à « African Manager », expliquant que le modèle adopté empêche la capacité de créer de la richesse et représente également un obstacle majeur à la sauvegarde des richesses que les pays partenaires épuisent.

Dans un autre contexte, il a évoqué l’aspect historique et structurel du financement de l’économie à travers l’héritage colonial, lequel a impacté négativement le taux d’épargne qualifié de « faible ».

Il a estimé qu’en effet, le taux d’épargne, après avoir augmenté dans un premier temps, est resté constamment à un niveau variant entre 20% et 25% la plupart des années pour amorcer par la suite une tendance à une baisse prononcée depuis 2010.

La BCT attache de l’importance au contrôle légal de la contrebande d’argent

Le conférencier a parlé de la contrebande légale croissante de fonds, expliquant que l’aggravation du phénomène se produit parallèlement à l’augmentation du taux d’ouverture de l’économie tunisienne et des échanges commerciaux.

C’est pourquoi la Banque centrale tunisienne attache de l’importance au contrôle de la contrebande d’argent par les voies légales, puisque les derniers indicateurs publiés par l’Organisation américaine pour la transparence des finances publiques ont révélé que 80% des estimations du volume de la contrebande d’argent sont causées par de fausses déclarations par falsification, avec des factures ou en réduisant la valeur des exportations et en augmentant la valeur des importations. Il a, dans un autre contexte, souligné  que le modèle de développement adopté depuis l’Indépendance, en particulier depuis les années soixante, est considéré comme « un modèle dont les capacités ne peuvent pas renforcer le volume de la richesse et préserver la richesse productive ».

A noter que, selon le PNUD, « un modèle de développement est un schéma à suivre afin de promouvoir le progrès d’un peuple.» Il s’agit d’un cadre de référence pour ceux à qui il appartient d’élaborer les politiques d’un pays.

Le modèle, ne pouvant préserver la richesse productive, est justifié, selon Bedoui, par la présence de plusieurs circuits de transfert d’argent de manière illicite multiples voies de transfert et de contrebande d’argent à travers des entreprises non-résidentes qui ont le droit de transférer leurs bénéfices et des services de la dette.

Dégraisser le secteur bancaire

D’autre part, selon ses dires, ces facteurs ont conduit  à une économie qui fonctionne pour le compte d’autrui car tous les fondements de création de richesse sont en train de disparaître. L’étude a, de ce fait, recommandé la nécessité d’améliorer les performances du système bancaire dans le but d’atteindre le niveau de certains pays dans lesquels les crédits représentent plus de 100% du PIB.

En outre, l’étude propose de réduire le recours à la dette extérieure via l’amélioration du rendement du secteur bancaire et de la petite épargne à travers la dynamisation de l’économie solidaire et sociale, qui est en mesure de mobiliser des financements et d’améliorer l’épargne.

L’amélioration des performances du système bancaire passera nécessairement par la restructuration, et ce, via la réduction du nombre des banques à l’instar du Maroc où le nombre des banques est inférieur à celui de la Tunisie, mais les prêts dépassent les 100% du PIB, selon ce qu’a affirmé Bedoui. Il a, par ailleurs, critiqué la faiblesse du financement bancaire des PME qui représentent 90% du tissu économique, mais obtiennent seulement 12% de ce financement.

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