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Une société dans le viseur du Fisc

Un magazine français les appelait « la banquière et le footballeur », ou encore le « power couple ». Jalila Mezni et Mounir el-Jayez sont à la tête d’une entreprise dont la Capi en bourse dépassait en ce mois de juillet 2022, les 643,655 MDT. Créée il y a 28 ans, l’entreprise se faisait coter sur la bourse de Tunis en 2014. Depuis, elle a fait du chemin. Elle est désormais dans les trois pays du Maghreb, en Afrique (Sénégal et Côte d’Ivoire), dans le papier, les détergents et même dans les cosmétiques et l’enseignement.

  • Une baisse des résultats qui attire le Fisc

L’entreprise dont Tunisie Valeurs  parle comme d’un « Blue chip »  réalisait un chiffre d’affaire de plus de 673,903 à la fin de l’exercice 2021. Sur son propre site, l’entreprise écrivait, en 2019, que « SAH prévoit de doubler son résultat net de l’ensemble consolidé qui atteindra 47 millions de dinars à fin 2020, comparé à 22.1 millions de dinars à fin 2019 ». En 2020 en consolidé, l’entreprise n’avait pourtant fait qu’un RN de 33,466 et seulement 16,220 MDT en 2021. Et la seule explication viable pour cette baisse ne pourrait être que la hausse des prix des intrants de la production. Et si cela est le cas, il faudrait s’attendre à de nouvelles baisses des performances de l’entreprise, puisque la crise mondiale s’accentue et se durcit, et les prix des intrants et des carburants aussi.

En attendant, « la société SAH SA a reçu en date du 6 janvier 2022, un avis d’une vérification approfondie de sa situation fiscale qui porte sur l’IS, la TVA, le TCL, le Fodec, la TFP, la Retenue à la Source, les acomptes provisionnels, le timbre fiscal et même la CSS (contribution sociale de solidarité). Ce contrôle fiscal approfondi porte sur la période allant du 1er janvier 2018 au 31 décembre 2020. Les procédures liées à ce contrôle étant toujours en cours, et sur la base des informations disponibles à ce jour, l’impact définitif de ses résultats sur les états financiers ne peut être estimé de façon précise à la date du présent rapport ». L’information a été rapportée par les commissaires aux comptes de l’entreprise. Et il n’est pas exclu que cette baisse des résultats de l’entreprise et de son groupe ait fait sonner les cloches chez les services du Fisc qui, on le sait, se met en alerte dès que les chiffres des « gros poissons » baissent. L’entreprise avait pourtant payé, en individuel, plus d’IS qu’en 2020 (1,9 MDT contre 1,2 MDT) et plus de contribution sociale qu’en 2020 (0,9 MDT contre 0,42 MDT). Il reste cependant qu’en individuel, le bénéfice de 2021 a chuté de presque 7 MDT, et c’est peut-être de là qu’est partie l’alerte chez le Fisc tunisien.

  • Le cours de la SAH à la Bourse a plongé de plus de 6 DT en 5 ans

Outre ce risque, qui est généralement assez gros pour les « gros poissons », tels que SAH et d’autres entreprises similaires en bourse lorsque le Fisc y met son nez, il y a le risque boursier qu’encourt déjà l’entreprise de Mezni et el-Jayez.

Introduite en janvier 2014 au prix de 9,350 DT, le prix de son papier montait en flèche à plus 14 DT dès février de la même année, et culminait à près de 17 DT en janvier 2018. Ce sera, jusqu’à ce jour, sa plus haute performance depuis l’introduction en bourse. Et ce sera ensuite la chute, certes en soubresauts, pour tomber 8,7 DT, c’est-à-dire moins que son prix d’introduction, en juin dernier. Aux dernières nouvelles, le papier SAH engagerait une « remontada » et se cotait à 9,85 DT l’action (Données de Mac Sa).

La baisse des résultats de tout le groupe serait-t-elle la cause de ses contreperformances en bourse ? Ce n’est pas à exclure. La diversification des investissements dans un environnement de rude concurrence aurait-il impacté son Ebitda ? Il est vrai que, selon ses propres chiffres, la marge Ebitda de SAH qui était de 18,3 % au Q4’20, n’était plus que de 16,8 % en juin 2021. Son internationalisation et sa présence dans 15 marchés africains dont l’entreprise se fait fière, aurait-elle été faite un peu trop vite pour ses moyens (-57 % en Libye à cause de « la dépréciation du DL dont elle dira plus loin qu’il a remarquablement impacté les revenus ») et -2,4 % en Algérie « suite à la fermeture des frontières ») ? L’entreprise n’est jusque-là pas trop friande d’explications sur ses états financiers. Sa dernière communication financière du 10 mars 2022, telle que publiée par l’AIB, était presque purement commerciale !

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