AccueilLa UNEVoilà que les Tunisiens réclament à leur tour la réforme du FMI

Voilà que les Tunisiens réclament à leur tour la réforme du FMI

Renversement significatif des rôles, au vu du timing ! Ce sont maintenant les Tunisiens qui réclament, de leur côté, la réforme du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale afin que ces deux institutions financières internationales se tiennent davantage aux côtés des pays en développement et les soutiennent de manière plus efficace face aux crises majeures que le monde traverse.

La Tunisie et le FMI ont vu, ces derniers mois, leurs relations jusqu’alors exemplaires, s’envenimer, voire se dégrader, à cause des réserves émises par la partie tunisienne concernant le train de réformes exigées par le FMI pour lui débloquer un prêt promis de 1,9 milliard de dollars.

« Les difficultés que notre pays rencontre dans ses relations avec les institutions financières internationales sont en partie le reflet de la crise de ces institutions et de leur incapacité à entreprendre les réformes nécessaires pour soutenir la résilience des pays du Sud face aux risques majeurs. Il s’agit d’une question importante que nous devons prendre en considération dans la définition de nos priorités de sauvetage et de relance de notre économie, a écrit, à cet égard, l’économiste tunisien t ancien ministre des Finances, Hakim Ben Hammouda, dans un article paru mercredi 26 avril sur les colonnes de La Presse.

« Malgré les demandes urgentes de réformes majeures du système financier international, a-t-il ajouté, de nombreuses personnes critiquent la lenteur de ce processus et expriment un certain pessimisme quant à la capacité de ces institutions à améliorer leurs méthodes de travail et leurs principes. Cette lenteur a poussé de nombreux pays, en particulier les nouvelles puissances émergentes des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) à créer de nouvelles institutions financières internationales parallèles dont la New Development Bank.

« Les raisons de cette lenteur ne se limitent pas aux aspects techniques et administratifs, mais incluent également des aspects politiques importants, car ces réformes conduiront au recul des grandes puissances (Groupe des 7 grand pays occidentaux dirigés par les Etats-Unis) dans la gouvernance de ces institutions, a souligné Hakim Ben Hammouda.

Pour certains commentateurs, il faudrait plutôt dire « instrumentalisation » que gouvernance, et nommer les choses par leur nom.

Même l’Italie, membre de ce Groupe, initialement plus conciliante envers la position tunisienne, a fini par se ranger du côté des autres, conditionnant, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani, mercredi 26 avril, tout pas en faveur de la Tunisie à la conclusion préalable d’un accord avec le FMI.

Associer les pays du Sud

Dans cet esprit, Hakim Ben Hammouda a insisté sur la nécessité de donner une place plus importante aux pays du Sud dans la prise de décision au sein de ces institutions, et d’ajuster les programmes nationaux de réformes demandées, en fonction des spécificités et du niveau de développement de chaque pays, critiquant la politique FMI consistant à proposer la même recette de réformes à tous ces partenaires sans distinction .

La grande diversité des pays en développement nécessite de laisser de côté cette approche collective et d’essayer d’ajuster les réformes exigées en fonction des spécificités et des niveaux de développement de chaque pays, a-t-il plaidé, considérant que « la situation de notre pays est un exemple vivant de l’échec de cette approche collective. Malgré les spécificités de la situation politique et sa fragilité et les difficultés de la transition démocratique, ces institutions ont tenu à appliquer les mêmes politiques et réformes proposées pour les pays ayant une plus grande stabilité politique ».

Justement, les appels à la réforme de ces deux institutions financières internationales ainsi que plusieurs autres structures des Nations dont le Conseil de sécurité Unies n’ont jamais cessé, à vrai dire, depuis longtemps, de sorte que la question figurait à l’ordre du jour des dernières réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale tenues du 10 au 16 avril 2023, à Washington, avec la participation d’une délégation tunisienne comprenant le ministre de l’Economie et de la planification et le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie.

Des tentatives ont été menées  dans ce sens mais, la plupart d’entre elles, en particulier après la crise financière mondiale de 2008 et 2009, n’ont pas abouti et se sont soldées par des échecs.

Perte d’efficacité

Aux yeux de nombre d’analystes partisans de la  réforme des institutions financières internationales, le grand défi aujourd’hui concerne la capacité de ces institutions à introduire un vent de changements capables de renforcer leur efficacité. Cependant, ils en doutent, car, affirment-ils, ces réformes pourraient entraîner une perte d’influences des grandes puissances au sein de ces institutions au profit des nouveaux pays émergents.

Or, l’absence de réforme et de transformation a entraîné une perte d’efficacité et d’efficience, de sorte que de nombreuses voix, y compris d’anciens responsables de ces institutions financières, ont rejoint les rangs de ceux qui ont réclamé depuis longtemps la révision de leurs missions et de leurs méthodes et outils d’intervention.

Ces appels se sont accélérés au cours des dernières semaines avec l’organisation d’un grand nombre de réunions officielles, de rencontres et de colloques, ainsi que la publication de nombreuses études proposant des idées pour améliorer le fonctionnement de ces institutions et leur donner un nouvel élan.

Mais, de l’avis de tous, la question centrale demeure  la capacité de ces institutions à briser les entraves notamment d’ordre politique en vue d’entreprendre ces réformes pour développer leur efficacité et améliorer le soutien qu’elles sont en mesure d’apporter aux efforts des pays en développement face aux risques majeurs qui les guettent.

S.B.H

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -