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Tunisie : Youssef, un leader qui s’ignore, qui refuse ou qui ne peut l’être ?

Lorsque, et à Dieu ne plaise, la prophéthie d’Essid qui prédisait une Fatwa de Rached Ghannouchi pour changer de gouvernement se réalisera, il sera temps de faire de l’histoire de «la chemise de Youssef» (Cf 12ème Sourate du Coran) une anecdote tunisienne et de faire de l’expression idiomatique de terroir «Chahed ou le témoin qui n’a rien vu» un slogan de son départ, à Dieu ne plaise encore une fois !

Fautes de mesures concrètes à annoncer pour sortir le pays de la crise, socio-économique et financière où il se débat depuis 2014, l’équipe de communication du chef du gouvernement tunisien se démène depuis quelques semaines pour faire contre mauvaise fortune bonne figure (Ndlr : Faire contre mauvaise fortune bon cœur, dit originellement le proverbe) à et combler ce vide de gestion par une communication de proximité, au risque de friser parfois le ridicule populisme.

Or, ce ne sont pas les projets qui manquent en Tunisie pour réaliser tous les objectifs économiques et financiers de la feuille de route fixée pour Youssef Chahed. C’est plutôt la foi et la confiance dans les politiciens et les dirigeants qui fait cruellement défaut depuis 2011. Du pouvoir de la foi, De La Rochefoucauld disait que «La foi fait considérer les peines comme un bienfait» et la foi ne vient que par la discussion et le pouvoir de convaincre, comme le faisaient, directement ou par le biais de leurs ministres, les deux anciens dirigeants de la Tunisie.

C’était alors, avant ou après chaque décision ou mesure, des réunions populaires à travers tout le territoire, animées par des tribuns qui font rêver le peuple et l’amènent à adopter la mesure ou la décision et à s’y reconnaître pour faciliter sa mise en place. A contrario, depuis 2011, ce ne sont que des mesures atones et sans aucun écho car, prises derrière des bureaux fermés et annoncées dans des communiqués ou devant des caméras. Politiciens et gouvernants ont peur et refusent d’affronter la foule, et cette dernière finit par ne plus avoir foi en eux.

  • Chahed est, théoriquement, le 1er dirigeant du pays. De quoi a-t-il peur ?

Aux dernières nouvelles, la 2ème personnalité de la seconde République (en réalité la première au regard des prérogatives constitutionnelles et du pouvoir administratif) a été vue en train de déguster un «Keftaji» dans les Souks tunisois. Cela rappelle le Méchoui de Mehdi Jomaa avec l’ambassadeur d’Allemagne et les sorties culinaires d’un certain Hechmi Hamdi, amateur d’une telle communication.

Quelques jours auparavant, il plaisantait (mais avec mauvais goût) avec son ministre de l’Equipement en lui disant que «nous l’avons reconduit au gouvernement pour qu’il nous fasse gagner du temps» dans l’exécution des projets, comme s’il était un chef de chantier.

Quelques semaines auparavant encore, on lui faisait reprendre les vieux gadgets de Mehdi Jomaa, avec des photographies «fuitées» de «Team Building» qui était en fait une idée d’Amel Karboul, des «lettres de missions» à ses ministres, qui n’ont pas été publiées et le réaménagement des salaires de ses ministres.

Il reste que si Mehdi Jomaa était plus avenant, plus souriant et plus facile à aborder ce qui aurait pu mieux le servir s’il s’était mieux investi dans une communication directe et de vraie proximité, Jomaa (c’était peut-être le talon d’Achille qui faisait que lui et le peuple étaient chacun dans un Oued), n’avait pas la facilité de locution dont semble être naturellement doté Youssef Chahed.

Une facilité, comme il en a donné la preuve devant l’ARP jusqu’à le pousser à faire une «Standing Ovation» à quelqu’un avec qui plus d’un député n’était en odeur de sainteté. Une facilité et un don, dont Chahed rechigne encorer à user pour devenir le Leader qui manque toujours à la Tunisie.

joms

  • Chahed absent au charbon, Ghannouchi lui fait chaque jour un bébé dans le dos

En effet, malgré l’existence de BCE (Béji Caïed Essebssi) et sa méthode Coué avec ses «sorties Bajboujistes», ses répliques, les Sourates qui ponctuent ses discours improvisés et ses anecdotes mi-figue mi-raisin, la Tunisie reste encore orpheline d’un véritable orateur, qui rassemble la foule, la draine, la harangue et l’amène derrière lui et l’embarque dans ses idées.

Après avoir donné un temps cette impression au pupitre de l’ARP, Youssef Chahed fait un pas en arrière, se range et préfère le tremplin, partout juste derrière le chef BCE (comme, par exemple,au stade, lors de la Coupe de Tunisie de Football et toujours derrière lui à la prière de l’Aid).

Dans le régime politique actuel de la Tunisie, parlementaire amendé, le chef du gouvernement a nettement plus de prérogatives et plus de pouvoirs administratifs que le chef de l’Etat. Il est donc le véritable dirigeant du pays. Il n’agit pourtant pas en conséquence. Il ne va pas au charbon, il n’affronte pas le public dans des meetings populaires où le grand public peut se rendre compte, directement, que ses dirigeants sont à son écoute, l’informent directement de ce qui le touche, en discutent avec lui et ont foi eux-mêmes en ce qu’ils proposent. A charge pour ces dirigeants de le convaincre.

Au contraire, Chahed, par respect à SON président ou par peur de le voir se retourner contre lui s’il devenait populaire, laisse le champ libre devant son «partenaire» politique qui parcourt les régions, où aucun membre du gouvernement n’ose tenir meeting populaire, où Ghannouchi lui fait chaque fois «un bébé dans le dos». En l’absence des dirigeants, juridiquement habilités, c’est le vieux leader islamiste qui va combler le vide, va au charbon et fait ce qu’il veut des foules, allant jusqu’à faire des propositions qui vont à l’encontre de toute la politique du gouvernement adoubé par toute l’ARP.

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