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Moez Labidi : « La Tunisie se prépare à rentrer dans un tunnel semé d’embûches »

« La récente salve de publication des statistiques de la croissance et de l’emploi confirme encore une fois les difficultés de l’économie tunisienne à s’extirper des gouffres d’une croissance atone : Un taux de croissance, en glissement annuel, de 1% pour le premier trimestre 2016 ». C’est ce qu’a déclaré Moez Labidi, expert en économie, dans une note d’analyse publiée par intermédiaire en bourse Mac Sa.  Et de signaler dans le même ordre d’idées que les perspectives de l’économie tunisienne sont incertaines et le marché du travail continue d’envoyer des signaux négatifs pour la cohésion sociale. Des signaux menaçants pour le climat sécuritaire, déstabilisants pour les caisses sociales (CNRPS en tête de liste), et démoralisants pour les acteurs économiques, selon ses dires.

Il a par ailleurs expliqué que le taux de croissance peut paraitre à première vue satisfaisant pour une économie frappée par la nébuleuse terroriste et une météo peu clémente. Mais c’est aussi, selon lui, un chiffre décevant, surtout lorsque le gouvernement avance encore un taux de 2% (contre les 2.5% prévus par la loi des finances 2016). Raison pour laquelle, les institutions internationales (hors FMI qui campe aussi un taux de 2%) n’ont pas cessé de réviser à la baisse leurs prévisions de croissance pour l’économie tunisienne : 1.8% pour la Banque Mondiale et 1.6% pour la BERD.

Labidi a aussi qualifié le taux de croissance du pays d’alarmant pour un pays qui se prépare à rentrer dans le tunnel du remboursement des prêts post-14 janvier 2011. « Un tunnel semé d’embûches, surtout avec le durcissement des conditions de financement sur les marchés internationaux, généré par les anticipations d’une remontée des taux américains et par l’élargissement du spread souverain de la Tunisie. Une croissance molle couplée à des taux d’intérêt en hausse ne pourrait que pousser davantage le pays dans les méandres du surendettement », a-t-il dit.

La faiblesse de la croissance pèsera aussi, selon lui, sur les recettes fiscales et limitera les marges de manœuvre budgétaires des autorités pour démarrer sérieusement les grands chantiers de réformes. « La faiblesse de la croissance, observée aujourd’hui, n’est que la phase apparente d’un iceberg bourré d’amateurisme politique, de fièvre revendicative, de défaillance sécuritaire, de mauvaise gouvernance administrative et de manque de détermination pour faire respecter la loi. Le recours au financement externe est devenu incontournable, surtout avec la chute des recettes en devises dans certains secteurs lourdement sinistrés par le choc de la révolution et ses collatéraux : dégradation du climat sécuritaire (cas du secteur touristique) et la montée de la fièvre revendicative (activités minières en tête) », a-t-il expliqué.

Malheureusement aujourd’hui, avec l’avalanche de prêts qui s’abat sur la Tunisie et qui ne fait que doper les chiffres des réserves en devises de la BCT, le dernier en date celui du FMI (2,9 milliards de dollars sur quatre ans), l’endettement prend l’ascenseur quand la croissance traîne dans les couloirs du rez-de chaussée. « En somme, tant que la machine des réformes tarde à démarrer sérieusement, tant que le syndicalisme ne déserte pas le terrain des revendications démesurées et tant que le virus du populisme continue de se balader dans l’hémicycle de l’ARP, la Tunisie démocratique sombrera dans une croissance anémique qui à terme finira par ébranler la construction démocratique », a ajouté Labidi.

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