Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, ce n’est un secret pour personne, est malade depuis un bail, très diminué physiquement, perclus dans son fauteuil, et de fait incapable de gouverner un pays dans une grave crise économique, ce qui laisse libre cours à toutes les supputations et rumeurs sur les personnages qui tirent les ficelles derrière lui. Et sa maladie, comme celle des autres dirigeants du Maghreb, est un vrai tabou et tous ceux qui tentent de l’évoquer publiquement s’exposent aux foudres des autorités algériennes. Cela n’a nullement effrayé deux anciens ministres et un général à la retraite. Ils sont d’avis que les citoyens doivent se rassembler pour éviter au pays une transition politique hasardeuse qui pourrait lui être fatale. Dans un texte au vitriol intitulé « Ça suffit !« , publié dans la presse algérienne hier dimanche 08 octobre 2017, ils mettent les pieds dans le plat…
Abdelaziz Bouteflika «n’est plus en mesure de diriger» l’Algérie et il faut en conséquence se liguer pour stopper l’élan vers un 5ème mandat mandat présidentiel. C’est ce qu’ont écrit Ahmed Taleb Ibrahimi, ex-ministre des Affaires étrangères et candidat à la présidentielle en 1999, l’avocat Ali Yahia Abdenour, ancien ministre et doyen des militants des droits de l’Homme en Algérie, et le général à la retraite Rachid Benyelles, ancien patron des forces navales, rapporte Jeune Afrique et l’AFP.
Pour rappel, Bouteflika, 80 ans, n’est plus le même depuis son accident vasculaire cérébral (AVC) de 2013. Son élocution et ses mouvements ont été presque réduits à néant, ce qui ne l’a pas empêché de briguer un 4ème mandat en 2014. A présent il est question de ‘le’ présenter, c’est bien l’expression, au prochain scrutin. En tout cas son cercle, qui tient à garder la main sur tous les leviers économiques et politiques du pays, fomente ce projet et le dit même publiquement, ce qui a provoqué l’ire de ces personnalités. Les trois détracteurs du clan présidentiel fustigent «ceux qui détiennent véritablement le pouvoir, à savoir l’entourage familial du président et un groupe de puissants oligarques», qui n’hésitent pas à «l’exhiber pour dissiper les rumeurs et montrer qu’il est toujours en vie» et préparent activement « la candidature pour un cinquième mandat présidentiel d’un vieil homme impotent et incapable de s’exprimer».
«Dans tout autre pays démocratique, pareille situation aurait conduit soit à une démission librement exprimée par le Président, au nom de l’intérêt supérieur de la Nation, soit à la destitution de celui-ci par voie constitutionnelle», ajoute le communiqué. Il accuse, sans prendre de gant, les proches du président et les obscurs businessmen autour de lui d’avoir «dilapidé la manne pétrolière sans se soucier de l’avenir du pays« . Enfin il invite l’armée, qui a toujours eu un rôle central dans les grandes orientations du pays, à se «démarquer de manière convaincante du groupe qui s’est emparé indûment du pouvoir», si elle ne peut pas «accompagner le changement»…