AccueilLa UNETunisie : La claque du père retentit, mais trop tard !

Tunisie : La claque du père retentit, mais trop tard !

Maintenant que le Pacte de Carthage a été gelé, on va pouvoir retourner au travail. C’est certainement ce que se dit le chef du gouvernement, Youssef Chahed, et la grande majorité des citoyens après avoir appris ce qui aurait dû être fait depuis belle lurette, vu que – on se répète, volontairement – ce Document cher au chef de l’Etat n’a jamais apporté la preuve de son efficacité. L’Accord de Carthage 1 était, au mieux, une sorte de catalogue de voeux pieux pour un gouvernement qui de toute façon est lesté par les réalités économiques du pays, par les clous fixés par le FMI et surtout par l’état des finances publiques. Autant de corsets qui ne permettent aucune folie. Alors un Pacte de Carthage pour quoi faire ? Rien, à part pour le décorum et le sentiment vaguement confortable que la Tunisie a une direction, un cap. Si ce n’était que ça, on aurait pu s’accommoder de ce Document très encombrant. Le souci c’est que la deuxième mouture de la trouvaille de Béji Caid Essebsi était devenue un lieu de surenchère, de conciliabules dangereux pour l’équilibre et la stabilité de la nation, avec des dirigeants inconscients de la délicatesse du moment que traverse la Tunisie et des contrecoups d’un renversement de la table. Mais voilà, le directeur exécutif de Nidaa Tounes, Hafedh Caïd Essebsi, et le leader de la centrale syndicale, Noureddine Taboubi, puisqu’il s’agit d’eux principalement, se sont obstinés, jusqu’au bout. Et là BCE aurait dû prendre ses responsabilités…

L’affaire aurait dû être pliée depuis le 25 mai 2018, quand le président de la République a dit qu’il fallait une majorité au sein des signataires du Pacte de Carthage pour avoir la tête de Youssef Chahed. Il avait ajouté que même cela ne suffisait pas et qu’il fallait de toute façon aller devant la représentation nationale (l’ARP) pour voter l’éviction de Chahed. D’abord le premier point : Le fils du chef de l’Etat, HCE et Taboubi crient dans le désert, ou presque (l’UPL et l’UNFT partagent leur position), pour obtenir le départ de Chahed. En face 5 signataires du Pacte (Ennahdha, Al Massar, Al Moubadara, l’UTICA et l’UTAP) soutiennent le maintien du chef du gouvernement. 4 contre 5, ce n’est pas ce qu’on peut appeler une majorité. Alors BCE aurait dû tirer les conséquences de ce qu’il avait lui-même dit et stopper net cette affaire, et obliger tout le monde à signer sur les 63 points lesquels à défaut de régler les problèmes du pays gravaient au moins sur le marbre les priorités du moment. Le président de la République a-t-il voulu épargner à son fils une claque publique magistrale ? Mystère…

Ensuite si on prend le deuxième point, une majorité au Parlement pour avoir la peau de Chahed, là aussi c’était foutu d’avance vu que Ennahdha, qui dicte sa loi à l’ARP depuis que Nidaa Tounes a eu la bonne idée de lui céder la première place, a jusqu’au bout affirmé qu’il est pour le maintien de Chahed. Et même au sein des élus de Nidaa Tounes, beaucoup ont donné de la voix ce week-end pour dire haut et fort qu’ils soutenaient le chef du gouvernement, et qu’ils désapprouvaient le jusqu’au boutisme suicidaire, politiquement, de HCE. Là aussi BCE aurait dû en tirer les conséquences en arrêtant cette sinistre farce très dommageable pour le pays.

Maintenant que cette affaire s’est arrêtée d’elle-même, en tout cas provisoirement, on va pouvoir apporter l’éclatante démonstration que le gouvernement n’a pas besoin du Pacte de Carthage pour conduire les affaires du pays. Le chef de l’Etat nous avait vendu cette histoire pour donner la preuve de son brio politique et pour, peut-être, laisser une empreinte dans l’histoire, comme il espère le faire avec la légalisation du mariage entre une Tunisienne musulmane et un non musulman ou avec l’égalité homme-femme dans l’héritage. Le moins qu’on puisse dire est que cette entreprise de sauvetage national par le Pacte de Carthage est un véritable fiasco, du moins jusqu’ici. Essebsi ne sera pas décoré pour le 1er Document, il ne le sera pas non plus pour le second, à cause surtout du fait qu’il n’ait pas compris qu’il était grand temps d’arrêter définitivement cette affaire qui parasite le gouvernement dont la gestion des affaires du pays est pourtant le métier et qui, en principe, n’a besoin de rien ou personne pour l’y aider…

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