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Tunisie : Le problème n’est pas le départ des entreprises, mais la fonte des investissements

Une précision de taille, d’emblée : Il ne s’agit pas de larmoyer ici sur le départ des sociétés étrangères de la Tunisie, lequel après tout n’est pas plus massif qu’avant la révolution de 2011. L’ambassadeur de France à Tunis, François Gouyette, a déclaré en mai 2016 qu’une cinquantaine d’entreprises françaises quittent la Tunisie tous les ans, mais il a ajouté que le flux de départs est le même qu’avant 2010. Khalil Laabidi, directeur général de la FIPA (Agence de promotion de l’investissement extérieur), a déclaré en juin 2016 dans un point de presse qu’au cours des trois dernières années, entre 70 et 80 entreprises étrangères plient bagages chaque année. Mais là aussi M. Laabidi a pris soin de préciser que ce chiffre, aussi impressionnant soit-il, est en deçà du nombre d’entreprises étrangères qui quittaient la Tunisie avant le départ de Ben Ali, à peu près 150 entreprises par an qui cessaient définitivement leurs activités ou migraient vers d’autres contrées.

Tout cela pour dire que le flux d’entreprises qui partent de la Tunisie n’est pas le noeud du problème, à condition que de l’autre côté la masse d’investissements étrangers compensent ce phénomène quasiment normal. A condition également que les décideurs politiques soient suffisamment secoués par ces départs pour s’activer dans le sens d’un assainissement du climat des affaires, de la maitrise des tensions sociales et politiques. Or la situation du pays n’est pas brillante sur ces tous ces points.

Quand la société de la câblerie auto Lear Corporation, domiciliée à Ben Arous, a annoncé qu’elle allait quitter la Tunisie, ça n’a pas fait un pli chez les autorités. Elles n’ont pas bronché. Du moins nous ne l’avons pas entendu. Alors qu’il s’agit tout de même d’une multinationale qui figure à la 154ème position sur la liste Fortune 500, du plus gros fabriquant de sièges automobiles et électriques dans le monde, d’un groupe qui affiche 240 sites de production dans 36 pays et qui fait travailler à peu près 136.000  personnes. Vous imaginez le manque à gagner en termes de rentrées fiscales pour l’Etat tunisien, sans parler des 600 employés locaux sur les carreaux. Et puis il faut voir les motifs du départ de Lear Corporation : Instabilité politique et sécuritaire en Tunisie. En termes de publicité pour attirer les investisseurs il y a mieux ! Les employés ont beau arguer que c’est un faux prétexte et que le climat social et le rythme de la production sont au beau fixe, le mal est fait.

Le problème est ailleurs

Le problème est plus profond et plus complexe que ça. Le souci est que la Tunisie, qui a déclenché une énorme vague de sympathie à l’échelle planétaire, n’a pas su transformer l’essai… en espèces sonnantes et trébuchantes. Les gouvernements qui se sont succédé n’ont pas été capables de fixer les investissements, le pays étant englué dans des changements politiques incessants, des mouvements sociaux intempestifs et incessants qui ont bousillé les nerfs des investisseurs, même les plus amoureux de la Tunisie. S’y est ajouté le péril terroriste. Il n’y a pas de doute sur le fait que le énième rebondissement politique au sommet que nous fignole actuellement la classe politique, sous la houlette du chef de l’Etat, n’est pas de nature à rassurer ceux qui voudraient miser sur la Tunisie. On aura, tout de même, le 6ème chef de gouvernement en 5 ans ! Peu de pays dans le monde peuvent se targuer d’un tel exploit…

Pourtant les autorités tentent par ailleurs de faire des efforts. Le nouveau code des investissements, avec les incitations – fiscales notamment – qu’il englobe, en est un, assurément, même s’il tarde à entrer en vigueur. Mais de l’aveu même du ministre des Finances, Slim Chaker, ce n’est pas en rabotant le paquet d’impôts que les investisseurs étrangers versent qu’on va les convaincre de parier sur la Tunisie. Il faudra régler les problèmes évoqués plus haut pour cela.

En juin 2016, la FIPA faisait état d’un recul de 25,4% du total des investissements étrangers en Tunisie au premier trimestre de cette année. Pour le moment on ne voit rien de nature à renverser cette tendance poindre à l’horizon. Il y a peut-être – je dis bien peut-être – l’électrochoc du gouvernement d’union nationale en gestation, une affaire aux allures de carte de la dernière chance, de dernière cartouche…

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