« Plusieurs indices sont en train d’émerger présageant une nouvelle crise politique dans les jours à venir », a alerté Houcine Abassi, secrétaire général de l’UGTT dans une récente déclaration à la presse.
L’alerte d’Abassi vient dans la foulée de la crise qui continue de secouer le parti qui avait gagné les élections législatives d’octobre 2014, Nidaa Tounes.
Le responsable syndical appelé tous les intervenants y compris la classe politique à placer au-dessus de tout l’intérêt national de manière à remédier à cette situation qui ne cesse d’envenimer avec la proclamation du couvre- feu à Kasserine.
La décision est prise ce mardi 19 janvier, à la suite de la montée des tensions dans cette région suite à la deuxième tentative de suicide d’un jeune homme alors que les protestataires brûlaient des pneus à la cité Ezzouhour.
Cette tentative vient après la mort par électrocution, samedi, à l’hôpital de Sfax, de Ridha Yahyaoui en signe de protestation contre la suppression de son nom de la liste des personnes qui seront recrutées par la direction régionale de l’enseignement de Kasserine.
Vers une nouvelle donne politique
Les récents développements politiques surtout la violente crise de succession semant la zizanie au sein de Nidaa Tounes ont provoqué un malaise entre les autorités en place et le peuple, a expliqué député du mouvement du peuple à l’assemblée des représentants du peuple, Zouhair Maghzaoui.
Relayant la position de l’UGTT, Maghzaoui a affirmé à Africanmanager que ces développements vont certainement créer une nouvelle donne politique.
« Tout est possible aujourd’hui surtout que ces développements viennent s’ajouter à la crise sociale qui reste la cause principale du soulèvement populaire », a-t-il dit.
Chiffre à l’appui, la crise de l’emploi est au cœur du problème social en Tunisie. Elle se caractérise par un taux de chômage élevé (15.2%).A cela s’ajoute une baisse de 40% du pouvoir d’achat des citoyens.
La classe politique n’a pas tiré la leçon
Abderrahmane Hedhili, président du Forum Tunisien des Droits Economiques (FTDS), de son côté, n’a pas écarté non plus « une nouvelle crise dans une conjoncture marquée essentiellement par une grande incertitude et l’effervescence politique ».
Mais, cette crise serait d’ordre plus social que politique, a fait remarquer Abderrahmane Hedhili à Africanmanager prévoyant que les prochains mois seront « chauds ».
Imputant la responsabilité à la classe politique qui n’a pas tiré la leçon du régime déchu, il a tenu à préciser qu’ « entre 2011 et 2015, rien n’a été fait. Pis, le rendement du gouvernement était très faible et l’absence d’une vision claire a compliqué la situation surtout qu’il a échoué à répondre favorablement aux revendications des citoyens dans plusieurs régions ».
S’appuyant sur le soulèvement populaire à Kasserine, Abderrahmane Hedhili prévoit que les prémices d’une nouvelle crise politique se confirment d’un jour à un autre.
« Si le gouvernement ne réagit pas en prenant une série de mesures au profit des habitants de certaines régions de l’intérieur, cette situation aboutirait à une mobilisation dangereuse des habitants et des chômeurs vivant dans ces zones », a t-il indiqué.