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Tunisie : Chahed entre les injonctions d’Ennahdha et les coups de boutoir de Nidaâ

On la sentait venir, c’est maintenant chose faite. La Tunisie est en pleine précampagne électorale, avant la lettre, certes, mais, à quelques encablures de la rentrée politique, les uns ont commencé à numéroter leurs abattis, les autres à avancer leurs pions, dans le dessein à peine voilé de conquérir un territoire, le plus large possible, et déposséder les éventuels adversaires de leurs fonds de commerce dont on peine à y trouver le moindre projet sauf celui de démolir l’autre, moins à coups de procédés à la loyale qu’au moyen de brigues et combines.

En attendant que la sélection naturelle fasse son œuvre, c’est l’incertitude qui règne en absolu avec des positions obscures voire impénétrables, mais des discours qui n’ont rien de convaincant pour un électorat qui a marqué ostensiblement sa désaffection à l’égard de la chose politique, comme l’avait montré le scrutin électoral. Dans ce capharnaüm indescriptible,seul le mouvement Ennahdha semble émerger du lot en se signalant par une position bien arrêtée et, semble-t-il, largement convenue, celle de faire injonction au chef du gouvernement, Youssef Chahed, de choisir entre la Kasbah ou la course à l’élection présidentielle. Le président de son conseil de la Choura, Abdelkrim Harouni, a été on ne peut plus clair et sentencieux : Chahed doit s’abstenir de briguer la présidence de la République s’il veut continuer de remplir son office de chef du gouvernement. Faute de quoi, Ennadha lui retirera son soutien qu’il lui apportait jusqu’ici en redoublant d’égards à son endroit, tant au Parlement que dans son contentieux avec le président de la République, Béji Caïd Essebsi.

Le « niet » de Ghannouchi refait surface

On est déjà à mille lieues du « conseil » que les dirigeants du parti s’évertuaient à donner à Youssef Chahed d’oublier ses prétentions présidentielles, mais dans le droit fil des préconisations, en fait des sommations proférées l’été dernier, presqu’à pareille époque, par Rached Ghannouchi, le dissuadant, voire lui interdisant de se porter candidat à l’élection présidentielle. En se libérant ainsi d’un candidat aussi sérieux et encombrant dont il espérait pourtant qu’il finirait par « entendre raison », Ennahdha s’ouvrirait un boulevard vers les échéances de 2019. D’autant que les postulants qui pourraient l’inquiéter sont quasiment inexistants, sauf un ou deux, du reste anecdotiques, qui disent songer à entrer dans la course, sans être catégoriques ni sûrs de leur fait.

Le cas BCE

Reste le cas BCE que certains de ses partisans disent indéboulonnable, et beaucoup de ses adversaires et la majorité des Tunisiens souhaitent qu’il rende le tablier et sorte par la grande porte. Le fait est qu’il se mure dans un silence très énigmatique, ne laissant échapper aucun signe, ni allusif ni sur le ton de la badinerie dont il est coutumier, sur ses véritables intentions. On ignore quel traitement le mouvement Ennahdha pense lui réserver, mais tout porte à croire que sa religion est faite là-dessus : il ne posera, à la toute rigueur, que peu d’encombres. D’ailleurs, le parti qui dit avoir cessé d’être islamiste lui a décoché ce dimanche même, un camouflet sans appel en balayant sans autre forme de procès les conclusions du rapport de la Colibe. Son conseil de la Choura a annoncé rejeter « tout projet contradictoire avec la Constitution et avec les textes catégoriques du saint Coran », tout en ajoutant par le truchement de son président que « la Tunisie est un Etat civil dans une société musulmane qui respecte les principes islamiques et constitutionnels ». «  C’est un Etat civil qui reflète la volonté du peuple », a-t-il expliqué.

Chahed vs les siens

Dans cette adversité, Youssef Chahed continue d’avoir maille à partir avec les siens ou supposés comme tels. Nidaâ Tounès, sous la houlette de son directeur exécutif, Hafedh Caïd Essebsi, que l’on soupçonne d’avoir, lui aussi, des visées présidentielles, n’a de cesse d’étriller le chef du gouvernement, lui trouvant tous les défauts du monde, et demandant invariablement et sur toutes les fréquences son départ. Il s’y essaie par une variété de moyens, même s’il a essuyé quelques échecs dans ses tentatives, dont la plus illustre a été celle du vote de confiance du nouveau ministre de l’Intérieur, en se dégonflant à la dernière minute. Mais rien n’est susceptible de le ramener à de meilleurs sentiments envers Youssef Chahed, ni sur le court ni sur le moyen terme.

Il reste que l’actuel chef du gouvernement ne semble pas s’inquiéter outre mesure de cette coriace opposition. D’autant moins qu’avec la refondation de l’échiquier politique dans le pays, il espère pouvoir compter sur d’autres soutiens, comme celui que lui a manifesté le nouveau groupe parlementaire formé de députés indépendants et d’autres inscrits dans d’autres groupes, dont le nombre total s’élèverait entre 35 et 40 députés.

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