AccueilLa UNETunis: Houcine Abassi, «Peace Now »

Tunis: Houcine Abassi, «Peace Now »

A 68 ans, ce conseiller pédagogique de l’enseignement secondaire qui avait pris la suite d’Abdessalem Jrad à la tête de la puissante centrale syndicale en 2011, est rarement souriant sur les photos qui circulent de lui sur les réseaux sociaux. Tout comme ses pairs, il n’aime pas les critiques. Peu enclin à la discussion, comme on l’avait vu aux dernières « journées de l’entreprise » de Sousse à propos de la productivité, c’est vers lui que se tournent les syndicalistes de tous bords, lorsque l’horizon des négociations salariales se bouche avec le gouvernement. Houcine Abassi est désormais l’homme par lequel toutes les augmentations viennent, sans que l’on sache s’il a donné quelque chose en contrepartie. C’est celui qui prend tout et ne donne rien. Le syndicalisme «made in Tunisia».

Durant les quatre dernières années de l’après révolution, il a incarné un syndicalisme revendicatif, dur et sans aucun souci de l’état des finances de l’Etat, ne  cédant rien face à tous les gouvernements qui se sont succédé depuis Mohamed Ghannouchi et usant, jusqu’à l’abus, de tous genres de mouvements sociaux pour arriver à ses fins. Avec des relations, toujours amicalement tendues avec l’actuel chef de gouvernement, il a fallu plus d’une fois en arriver à la médiation et aux arbitrages du chef de l’Etat, après en être venu à la campagne médiatique de dénigrement contre l’ancien chef de gouvernement Mehdi Jomaa.

  • Abassi change son fusil d’épaule et signera la trêve

Il semble pourtant que ce «dur des durs» en a marre, ou qu’il fait semblant d’en avoir marre des guéguerres qu’il fait depuis quatre ans au gouvernement. Pourtant dur à cuire, il semble de plus en plus enclin à faire des concessions au gouvernement Essid, même s’il n’en dit officiellement que très peu de choses. En effet, suite à la dernière réunion du Quintet à Carthage,  Abbassi aurait en effet décidé de changer son fusil d’épaule, quitte à passer quelques autres demandes syndicales en «pertes et profits». Le 18 août dernier en effet, BCE réunissait les Majors de la scène économique et sociale (UGTT et Utica), le chef du gouvernement et le président de l’ARP. Une réunion qui enterrera en quelque sorte le Quartet que l’UGTT dominait, face à une Utica molle et peu visible médiatiquement. Moins d’un mois après, le 8 septembre, Abassi évoquait devant un BE élargi, la «nécessité d’un climat social propice» à la discussion de grands dossiers auxquels l’UGTT se prépare. Des «source médiatiques proches de l’UGTT» se permettent même d’évoquer un possible accord relatif à une trêve sociale. Trêve qu’annoncera par la suite, le chef du gouvernement qui devait être sûr de son coup, lors de la dernière réunion des gouverneurs. Ce n’est certes pas la première fois qu’il fait miroiter une pareille promesse à un gouvernement exténué par les grèves.. De source gouvernementale, on assure pourtant que cette fois sera la bonne et qu’Abassi attend juste d’en convaincre ses pairs au BE de l’UGTT. Et s’il le fait, ce ne sera pas de gaité de cœur. Il n’y a pour cela qu’à voir la mine des mauvais jours qu’il faisait à la sortie de la première réunion du Quintet !

  • Abassi passera-t-il les demandes des instits en pertes et profits ?

Le changement d’Abassi semble tellement radical, qu’on pourrait croire que c’est un remake de ce qu’il avait dit en avril dernier à l’occasion du dialogue sur la réforme de l’éducation nationale. Il est vrai que l’homme manie à merveille le double langage et en use comme instrument de négociation. Ne disait-il pas, il y a quelques jours, «à ceux qui parlent de trêve sociale » que « nous ne sommes pas en état de guerre» ?

Cette fois-ci pourtant, et alors que le syndicat des instituteurs durcit son bras de fer avec le ministre de l’Education, son patron parle de trêve et affirme, lors de la clôture d’un séminaire sur le projet de loi relatif au partenariat public-privé (PPP) que «2016 doit être déclarée année de l’état d’alerte nationale afin de réhabiliter la culture du travail, du dévouement et de l’abnégation qui est une équation difficile que tous les partenaires nationaux et à leur tête l’UGTT sont tenus de résoudre».

Ce nouveau langage, plus économiquement responsable, intervient alors que la Primature tunisienne durcissait sa position face aux Instits et refusait toutes autres augmentations que celles déjà données. Une attitude qui, à notre sens, ne saurait être aussi intransigeante, sans l’accord même tacite du patron de l’UGTT. Une position de l’UGTT qui serait due à des évènements ou à des accords dont on ne sait jusqu’ici que peu de chose. Mais une position qui l’amènerait, peut-être, au Nobel de la paix qui lui avait échappé une première fois.

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -