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Tunisie-Citroën : 116 M€ en commandes de PD, contre plus de voitures à ses concessionnaires

L’une des idées géniales de ce qu’on appelle maintenant l’ancien régime avait été de conditionner les quotas d’importation des voitures par les concessionnaires tunisiens. Le système avait été inventé bien avant l’Administration de l’ère Ben Ali, qui avait continué à l’appliquer pour les concessionnaires. Des concessionnaires qui font depuis quelque temps jaser à la BCT notamment, le déséquilibre de la balance commerciale aidant. Des concessionnaires aussi qui se battent chaque année pour l’augmentation des quotas d’importations, la demande étant réelle, et pourquoi pas la simple libéralisation du marché qui a vu, depuis 2011, l’entrée de quatre nouvelles concessions, toutes asiatiques.

Il y a quelques années pourtant, le quota de chaque marque était calculé en fonction notamment des importations de cette marque en pièces détachées (PD) automobiles produites par des industriels tunisiens. C’est ce qu’on appelait alors la compensation, une politique économique non dite appliquée depuis les années 80 et un système d’échange commercial qui avait permis l’émergence de toute une industrie des pièces automobile et fait maintenant que certaines unités industrielles exportent des pièces de première monte et que le site industriel tunisien est classé meilleur site de la région, comme le confirmera ce mercredi 15 juin 2016 Jean Christophe Quemard, directeur de la région Moyen-Orient Afrique du groupe automobile français PSA (constructeur automobile français qui exploite les marques automobiles Peugeot, Citroën et DS), venu en visite en Tunisie où il a notamment rencontré le chef du gouvernement, Habib Essid.

– Des contrats pour 366 M€ avec des industriels tunisiens de l’automobile

J. C. Quemard, qui n’oublie pas que son groupe avait ouvert deux unités de montage, au Maroc et en Algérie, est venu rappeler aux Tunisiens que l’industriel français ne les oublie pas. «Nous sommes ici pour faire le suivi des engagements du groupe PSA avec la Tunisie, en matière notamment de développement», a-t-il dit devant les journalistes qu’il a rencontrés au siège du groupe Loukil, partenaire commercial et industriel du groupe français.
En effet, ne pouvant faire d’implantation en Tunisie, PSA a choisi de développer le «sourcing» des pièces automobile en Tunisie. C’est-à-dire, développer les achats des marques automobiles du groupe PSA en pièces automobiles, première et 2ème monte, sur le marché tunisien pour ses différents sites de production. «Notre groupe avait pris l’engagement de contractualiser 250 Millions d’euros (M€) par ans sur la période 2015-2017», indique le directeur de la région Moyen-Orient Afrique du groupe automobile français PSA. Et d’annoncer avec un fier «engagement tenu», qu’en 2015, les importations de PSA en pièces automobiles ont déjà dépassé de 116 M€ l’engagement pris. Ces nouvelles 116 M€, concernent plus de 20 contrats signés avec des entreprises industrielles tunisiennes. Un résultat qui lui a valu un «Merci de ce que vous faites avec la Tunisie», de la part du chef du gouvernement qu’il rencontrait ce mercredi. Il n’oublie pas aussi de rappeler que par ce choix du développement du sourcing dans une conjoncture de déficit de la balance commerciale, son groupe «apporte des devises pour la Tunisie, crée de l’emploi, renforce la stabilité et crée de la valeur dans le pays», ce qui n’est pas faux et sonnerait même mieux que le simple développement d’une industrie de montage comme au Maroc. Le Maroc où les usines PSA utiliseront des pièces automobiles fabriquées en Tunisie, comme pour le Cas de GIF Filters, déjà consultée pour des livraisons au Maroc.

– Un franc appel français pour le retour à la compensation

Le vrai message de cette visite n’est cependant pas entièrement là. Jean Christophe Quemard était aussi venu faire du lobbying en faveur des marques du groupe PSA. Son «engagement tenu» pour les achats de 366 M€ sonnait en fait comme un «Et vous alors, qu’est-ce que vous faites pour nous». En bon commercial, il ne mâchera d’ailleurs pas trop ses mots pour le dire, lorsque nous lui demandons ses attentes. «Que l’effort consenti se traduise en chiffre d’affaires et qu’on puisse avoir un avantage qui se traduise dans le volume des importations, sans oublier un climat d’affaires plus favorable et la protection du client-consommateur tunisien», dit sans ambages le directeur de la région Moyen-Orient Afrique de PSA. Suivez alors son regard vers les marques chinoises et autres qui envahiront bientôt le marché tunisien.

En un mot et à juste titre, dans cette conjoncture de détérioration des termes d’échange et de déficit de la balance commerciale tunisienne, le responsable français demande le retour du système de la compensation, c’est-à-dire donner un quota d’importation de voitures plus important aux constructeurs qui achètent le plus en pièces automobiles tunisiennes. Le deal semble correct, même s’il peut ne pas être régulier au vu des règles de l’OMC. Mais on sait aussi que cette même OMC donne des dérogations en cas de difficultés économiques. J.C. Quemard a indiqué à Africanmanager que le chef de l’Etat tunisien a compris les enjeux. Bassam Loukil a de son côté indiqué que le DG du commerce avait promis de réintroduire la donne de la compensation dans les critères de fixation des quotas d’importation de véhicules.

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