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2023 sous Saïed : Plus de youyous que de couscous (الزغاريد أكثر من الكسكسي)

2023 se termine dans la peur. Celle de tous ceux qui ont des enfants en voiture pour passer le Réveillon, et celle de tout le reste de revivre les pénuries alimentaires et de carburants de l’année suivante. 2023, la Tunisie l’aura passée à écouter son chef de tout l’Etat à parler seulement dans son micro-cravate, sans rien comprendre de ce qu’il voulait faire, ni pourquoi il n’avait pu le faire.  

2024 engagera la 5ème année du règne  du chef de tout l’Etat Kais Saïed, qui ne manquera certainement pas de se représenter à la présidentielle de l’automne prochain.
« Le pouvoir est insatiable ; le pouvoir est agressif, et, par sa nature même, intolérant à l’égard de tout pouvoir rival, partant intrinsèquement belliqueux, cruel, oppressif », dixit l’écrivain, romancier et philosophe britannique Aldous Huxley. Mais nous pensons que Saïed aurait été plus à l’aise dans cette autre citation de l’Abbé Pierre lorsqu’il disait que « le pouvoir est fait, non pour servir le pouvoir des heureux, mais pour la délivrance de ceux qui souffrent injustement », selon sa propre vision de la justice.

Loin de nous l’idée de le qualifier de dictateur, comme il assure d’ailleurs ne jamais en avoir l’intention. Ce que nous pensons dans cet article d’opinion, c’est que 2023 aura été pour Kais Saïed l’année où il est devenu le « Kaiser de la Tunisie », le César de Carthage, chef de toutes les fonctions de l’Etat, et décideur unique pour tout ce qui concerne le pays, l’Etat, et la population.

–    2023, de la politique et des médias mis en sourdine

Le juriste, qui aime répéter que « derrière chaque loi, il y a un voleur », vient de terminer la seconde étape de son projet politique (plutôt son idée politique, comme disait son confrère Slim Laghmani dans un Post fb le 16 septembre 2019) en installant la 2ème Chambre du Parlement qui n’aurait pas beaucoup d’importance, comme le croit la constitutionnaliste Salsabil Klibi dans un statut fb. Mais la « vox populi » qu’il s’est fait, depuis juillet 2021, n’en a pas encore fait usage pour clôturer son projet du « Peuple veut », ou plutôt une partie du peuple veut.

Politiquement, 2023 aura connu le départ, forcé, de plus d’un ministre à trop dire au chef de tout l’Etat ce qu’il ne voulait entendre, comme Fadhila Rebhi, Naila Gounji ou Samir Saïed, « le dernier des Mohicans ». Mais il aura aussi fini par enterrer l’islamisme politique, sans tuer le populisme qu’il utilisait en langage, même s’il aura aussi été marquée par la mise en sourdine des partis politiques et des principales organisations syndicales, avec une Utica dont le président est toujours officiellement reçu en tant que tel alors qu’il a dépassé son mandat légal, et une UGTT en mal d’argent et à laquelle le gouvernement fait une fleur pour la maintenir en vie. Et comme les politiciens, les médias aussi ont été mis en sourdine par la loi 54, et le dernier des journalistes à être arrêté  a été Zied El-Heni pour un « Cazi », et passible de  10 ans pour avoir critiqué la ministre du Commerce.

Mais voici que politiciens, anciens députés et syndicalistes recommencent, en cette fin d’année 2023, à pointer leur nez sur les plateaux tv et dans les médias, où certains tournent déjà casaque vis-à-vis de leurs anciennes convictions après une période de faux repentir silencieux, et mettent des caps de soutien à celui qui les a chassés de la politique.

–    2023, un bilan économique mi-figue mi-raisin

Economiquement, l’an 2023 s’est terminé, dans la sécheresse, comme si la pluie refusait de voter pleinement Saïed, cloné par les électeurs des récentes locales qui n’ont voté qu’à 11,66 %. 2023 se terminera aussi dans les coupures incessantes de l’eau courante, devenues permanentes après avoir été saisonnières, et des hausses de prix  itératives et celles qui seront dues aux différents effets de la loi de finance 2024.

2023 finira aussi avec une petite croissance de 0,6 %, très peu créatrice d’emplois pour les 15,8 % de chômage, et avec une inflation proche de 9 % malgré les efforts de la BCT pour la juguler- des hausses de prix dont il n’a point la contrôle-, et « grâce » aux pressions sur les importations pour retenir la chute des déficits jumeaux, et qui aboutissent in fine à impacter la production par la baisse (-16,7 % en novembre 2023) des importations en biens d’équipements et semi-produits, et à rationner les importations du blé, et d’autres biens de consommation.  

–    2023, annus horribilis pour les hommes d’affaires

2023, c’était aussi l’année de la cabale contre les hommes d’affaires, parfois accusés de complotisme économique, de spoliation des biens du peuple, et d’autres de spéculateurs. Une « race », qui se retrouve obligée, au moins de faire profil bas,  au mieux d’anticiper les problèmes en prenant envol vers le café de la paix.
A Sfax, on nous certifie que des hommes d’affaires à la pelle se font interroger par le fisc et la douane. « Et on dirait que le but n’est pas de chercher des infrastructures, mais plus pour instruire des dossiers pour des actions en justice », nous dit en catimini un homme d’affaires de la région.

Des hommes et des femmes d’affaires évitent même de se montrer en séminaire et l’une d’eux a dû remplir les chaises de front réservées aux séminaristes lambda, et on nous signale même des exportateurs connus et reconnus, désormais accusés de blanchiment d’argent par la Douane. Plusieurs sont les cas, comme Kamel Eltaief, Habib Lahouas, Ridha Charfeddine ou Marouane Mabrouk,  et ne semblent pas être les seuls hommes d’affaires à être accusés de blanchiment d’argent ou autre chose, comme l’ancien banquier Ahmed Rjiba ou l’ancien DG d’Al-Karama Holding d’Etat Adel Grar, font en ce 2023, le brandon  de la guerre contre le « Fassed » conduite par le chef de tout l’Etat tunisien depuis juillet 2021 et dont on voit en Tunisie peu d’effets en procès justes et équitables comme le veut la Constitution.

A Sousse, les hommes d’affaires les plus connus ont brillé par leur absence, des hommes d’affaires convoqués pour des affaires, dites de complot, d’autres interdits de voyage, et d’autres encore  comme cet industriel des médicaments, ou ce proche d’un détenu incarcéré  dans le silence depuis 11 mois, qui ferait l’objet d’une surveillance policière selon des sources proches de sa famille.

A Tunis, ce sont quelques 1.500 personnes, politiciens, hommes d’affaires et hommes de médias qui sont fichés S, et une liste d’une quarantaine hommes d’affaires, entreprises et dirigeants de banques, comme cet ancien DG d’une banque publique mis au cachot pour un, ou plus, crédits donnés sans garantie, alors que rien n’oblige aucune banque en Tunisie à exiger une garantie et surtout pour les crédits de campagne. Certains hommes d’affaires ont déjà préféré s’exiler à l’étranger pour éviter la justice de l’Etat de Saïed, et d’autres, qui en avaient la possibilité et s’en étaient abstenus, ont fini sous le coup de mandats  de dépôt, comme l’ancien DG d’Al-Karama.

–    2023 : La remise en question du secteur privé par « Kaiser » Saïed

2023 sous Saïed, c’est aussi l’année de la remise en question du secteur privé. Officiellement, les hommes de ce secteur n’ont jamais rien à craindre, comme l’avait plusieurs fois dit Saïed. Dans la réalité, les visites inopinées filmées, de terre et par les airs, n’ont concerné que les entreprises privées. A l’exception d’El Fouledh, jamais aucune des entreprises publiques, pourtant presque toutes déficitaires et endettées, sauf dans les secteurs qu’il affirme ne jamais privatiser et pourquoi pas les renationaliser, n’était passée à la trappe. Et généralement pour prêcher le retour de ces secteurs dans le giron de l’Etat qui n’a cependant pas les moyens d’y injecter de l’argent frais pour les remettre en selle.
Ceci, après avoir maintes fois affirmé que même les entreprises confisquées resteront publiques et ne seront pas vendues. L’année qui s’achève a d’ailleurs connu l’annonce, le 27 décembre à El-Fouledh, de la prochaine naissance d’un secteur baptisé « secteur citoyen » (القطاع الأهلي) qu’il compte certainement bâtir par la multiplicité des entreprises citoyennes qu’il glorifie. Et aussi d’un office national du fourrage et autres aliments pour  bétail, pour lequel Kais Saïed n’exclut pas le monopole de l’activité.

Au final, « Best Wishes » pour 2024. En attendant, voici ce qu’écrivait de Kais Saïed dès septembre 2019, un autre juriste, Slim Laghmani, qui le connaît depuis 1984.

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4 Commentaires

  1. 10 ANS DE NAHDHA ONT RUINE LE PAYS ET L ONT PLONGE DANS LA DETTE…IMPRODUCTIVE. SI L ETAT DOI TINTERVENIR POUR DIRIGER LES ACTEURS ECONOMIQUES VERS UNE JUSTICE REGIONALE ET RATIONNER L IMPORTATION PEU OPTIMALE (PRODUITS TURCS COMME EX), IL FAUT APPLAUDIR LA MINORITE DES 10% DE VOTANTS QUI ONT SOUTENU UNE MEILLEURE GOUVERNANCE CHOQUANTE PUR LES APPRENTIS CORROMPUS ET QUI CHERCHENT UNE CROISSANCE DE FACADE NON DURABLE AU LIEU D UN DEVELOPPEMENT LENT PAIS PLUS DURABLE ET MOINS DEPENDANT DESPRESSIONS EXTERIEURES FINANCIERES OU HEGEMONIQUES COMME SONT LESTENDANCES DES INSTRUMENTS DE L UE ET DES USA. SINON, A QUOI AURAIT SERVI LE MOUVEMENT DU 17/12 111/01/11 SI LETAT RESTE AUX MAINS DES 100FAMILLES ,?

  2. L’année 2023 a vu l’explosion du nombre de oiseaux de mauvaise augure et en partie grâce à la liberté d’expression et au régime politique actuel , que Dieu ait l’âme de Ben Ali,en son temps on osait a peine respirer

  3. Le régime totalitaire dictateur se met en place petit à petit. Les gens qui n’ont que de la haine envers une partie de la population prônent maintenant un développement lent mais sur!! Quel hypocrisie. Dès le premier jour de la troïka et les govs qui suivent, ils appellent déjà aux protestations et ils ont bloqué tout développement en gobant entre autres les mensonges des médias mais aussi les idées propagées sous l’air ben Ali. Aujourd’hui ils soutiennent Saïd non pas pour le bien du pays mais contre un retour de X, y ou z et ils s’en foutent royalement du peuple et du pays. Ce qu’on vit n’est que le fruit de l’hypocrisie et l’ignorance de la majorité d’un peuple dogmatisé durant des décennies. Aucun politicien ne pourra réussir sur ces terres sans force de frappe et sans liquider des adversaires politiques, le peuple ne pourra pas vivre une transition démocratique et un développement lent mais serein, pauvre peuple.

  4. Apparemment, vous êtes allés pour le mezoued et vous n’avez entendu que les youyou (c’est d’ailleurs peut-être ce qui vous intéresse). Moi, je suis allée pour l’essentiel, le couscous, et il était bon. Que Kais Saied soit Kaiser ou César ou Tsar, qu’importe. Ce qui importe c’est ce que le pays tout entier a réalisé depuis qu’il a pris le pouvoir et surtout depuis le 25 juillet. Après les 10 ans de la Nahdha qui nous ont enfoncés et nous ont laissés dans la ruine et la détresse et presque en voie d’occupation avec une corruption exacerbée et un endettement record qui n’aura servi à rien puisque les sous sont partis dans les poches des barbus, etc, etc… Personnellement, le fait qu’il ait enterré l’islamisme comme vous le dites si bien dans votre article me suffit. Car l’islamisme est un outil de corruption. D’ailleurs, il est importé et il n’a rien à voir avec notre islam l’islam de notre chère Zeitouna. Et c’est comme un début d’éveil, un début de prise de conscience que l’on peut se libérer de tout lien extérieur et ne compter que sur nous-mêmes? Rien que le remboursement de notre dette suffit pour l’illustration. Quant aux pénuries, moi je vis à Tunis et je n’ai jamais manqué de rien parce que j’ai compris que j’ai compris que ces pénuries sont des actes volontaires de corrompus qui oeuvrent contre le bien du pays. Et moi, je les ai toujours ignoré: lorsque le riz manque, je mange du couscous et lorsque le café manque je bois du thé etc, etc… Moi aussi j’applaudis les 10% ou 11% (citoyens éclairés, désintéressés et qui ne visent que le bien du pays) de votants qui ont encouragé cette nouvelle gouvernance et ont soutenu le Président. Vive la Tunisie et Bon Courage à Kais Saied.

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