AccueilLa UNEABC-Tunis: Un exercice 2021 cassé par un «cadavre dans son placard»

ABC-Tunis: Un exercice 2021 cassé par un «cadavre dans son placard»

Créé en 1980 à l’initiative d’investisseurs institutionnels Libyens, Koweitiens et Emiratis, le groupe Arab Banking Corporation dont le siège est situé à Bahreïn, a progressivement développé sa présence dans la région MENA et à l’international. Un bureau de représentation du groupe ABC a ouvert ses portes à Tunis en 1989, et a été rapidement suivi par l’obtention d’une licence pour une activité de banque offshore en 1993, puis du démarrage de l’activité bancaire on shore en 2000.

Institution de renom à l’international, elle reste pourtant en Tunisie une banque à petit PNB et petit résultat comme elle en fait. Ses résultats, dont on ne voit certes que la partie on-shore, ont presque toujours été en dents de scie, entre petits bénéfices et petits déficits.

  • 2021, « Annus Horribilis » pour l’ABC

En attendant, l’exercice 2021 était celui d’un petit PNB de 34,6 MDT, déjà rongé par les presque 16 MDT en frais du personnel et les 10,7 MDT de charges générales d’exploitation. On ne s’étonnait donc pas de retrouver un petit RBE d’à peine 2,2 MDT, et donc un résultat déficitaire de 267 mille DT. Ce n’est pas beaucoup pour une banque, mais c’est à l’image de tous les chiffres de l’ABC Tunis. 

« Nous avons été défavorisés par un héritage du passé de la banque », commente la DG Chedia Bichiou, qui retrace ensuite la longue péripétie juridique d’un cadavre dans le placard depuis 2004, « une garantie foncière exécutée cette année-là, et qui nécessite désormais et après que la justice est   revenue sur sa première décision, une provision de 2,5 MDT, ce qui a immédiatement imputé nos résultats. Nous avons, de nouveau porté plainte et avons obtenu gain de cause », dit encore la DG de l’ABC qui est sûre que le résultat de 2022 sera meilleur, rien que par l’effet de la reprise de provision des 2,5 MDT.

L’exercice passé pourrait être, à ce seul titre du « cadavre déterré d’un des placards », et qui ne semble pas être l’unique dans cette banque, un « annus Horribilis » à oublier pour l’ABC. Mais 2021 avait été aussi l’année de l’exécution d’un accord avec le syndicat d’augmenter la prime de départ à la retraite, de 6 mois à une année de salaire, ce qui a poussé la banque à provisionner 1 MDT à cet effet. Le tout, sans compter un autre million DT qui devait être donné à l’Etat tunisien en contribution exceptionnelle de solidarité, comme le reste des banques de la place. « Des dépenses inattendues et non budgétisées », explique encore Mme Bichiou.

Notons tout de même que les états financiers de la branche on-shore de l’ABC font ressortir des capitaux propres positifs de 82 811 mille DT, ainsi qu’une trésorerie positive de fin de période de 410 604 mille DT. Notons aussi que les chiffres de la branche offshore de la même banque disent une réalité moins sombre, puisqu’elle est bénéficiaire.

  • Une rémunération, peut-être disproportionnée, mais normale pour un 2 en 1

Moins normale, la rémunération 364 mille DT, un peu plus de mille DT par jour, même les dimanches et les jours fériés, pour une banque qui perd plus qu’elle ne gagne. Selon les remarques des commissaires aux comptes, « les rémunérations et avantages octroyés au Directeur Général sont composés d’une rémunération brute de 274 mille DT y compris une gratification exceptionnelle de 45 mille DT, et des avantages en nature d’une valeur de 47 mille DT. Mais peut-être comprendrait-on mieux cette rémunération, lorsqu’on sait que c’est du 2 en 1. La Dame gère, faut-il le rappeler, deux banques pour un seul salaire. Une remarque, qui relativiserait même l’enveloppe globale brute des jetons de présence octroyés aux membres du Conseil d’administration, y compris les rémunérations au titre des comités d’audit, des risques et de rémunérations, de 729 mille DT », pour deux branches d’une même banque dont l’une déficitaire, et le traîne depuis 2004, et l’autre qui fait de bonnes affaires et réalise des bénéfices.

  • En attendant le prochain cadavre ??

L’actuelle DG, Chedia Bichiou, qui avait hérité du siège de l’ancien ministre des Finances Ali Kooli, ne nie pas ces problèmes de la taille de la banque. « Stratégiquement parlant, et vue la taille internationale de la banque, on doit œuvrer à être francs vis-à-vis du marché tunisien et décider, soit d’évoluer, soit de rester à notre taille à seulement 17 agences, ce qui permet peu de choses. A moins de, comme on l’espère, développer le digital et le e-banking ».

L’ABC qui a connu plusieurs DG, souffre depuis le début des années deux mille et leurs effets négatifs et dommages collatéraux sur la banque qui lui ont confectionné depuis un mauvais historique, et a dû même augmenter son capital pour subsister. Pour sa dirigeante qui voudrait sortir la banque du goulot d’étranglement où elle trouve, « il faut grandir, oui, mais d’une manière réfléchie et mesurée et ne plus faire du n’importe quoi ». A la barre, Chedia Bichiou tente de sortir la banque de son historique négatif, de faire appel aux solutions numériques du groupe international pour entamer une nouvelle période de la vie de la banque en Tunisie. Correspondant de HSBC et de Crown Agents Bank, elle essaie de booster son activité sur la Libye. L’exercice 2022 devrait signer le retour de l’ABC en zone verte par la reprise de provision. Mais la banque n’en restera pas moins à l’abri d’un autre possible cadavre qui pourrait être déterré, et reprendre une évolution de ses résultats en dents de scie dans un espace hyper-bancarisé travaillant avec des ressources bon marché, et jusque-là insoucieux de son coût de risque.

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