Selon des chiffres officiels récemment annoncés par la Fédération Nationale de l’Artisanat (FNA), la contrebande dans le secteur de l’artisanat fait perdre à l’Etat entre 80 et 90 millions de dinars par an, soit une perte évaluée à 2,5% du PIB par an.
L’artisanat tunisien, qui génère 350 000 emplois en Tunisie, contribuait auparavant à hauteur de 4% au PIB contre seulement 2% depuis 2013.
La contrebande, qui n’est pas spécifique à l’artisanat, entraîne des conséquences multiples et d’importantes pertes fiscales. Une manne dont doit se priver le pays, qui en aurait pourtant besoin pour financer sa croissance. Un fléau qui entraîne des dommages évaluables à des dizaines de milliards annuellement.
Face à la prolifération de la contrefaçon dans ce secteur, le ministre du Tourisme et de l’artisanat, René Trabelsi a mis l’accent, à maintes reprises, sur la nécessité de procéder à la destruction des divers produits d’artisanat provenant de la contrefaçon.
Il a, dans ce contexte affirmé que ces produits provenant principalement de la contrebande menacent l’avenir de l’artisanat tunisien.
Le ministre a également réaffirmé l’engagement de son département en faveur de l’artisanat tunisien et des artisans estimant que ce secteur génère d’importantes recettes en devises.
Une série de réformes urgentes. Oui…mais comment ?
Le gouvernement tunisien ambitionne de doubler la contribution du secteur de l’artisanat au produit intérieur brut (PIB) pour atteindre 8% contre 4,58% actuellement, et ce dans le cadre d’un plan national de l’artisanat (2018-2022) visant à promouvoir la qualité et l’innovation des produits de l’artisanat et à accroître les exportations du secteur de 1,8% à 4%, au cours de la même période.
Ce plan, qui sera présenté dans tous les gouvernorats du pays à travers des visites de terrain des membres du gouvernement, vise à augmenter les investissements de 19 millions de dinars (MDT) à 30 MDT et à créer 100 mille emplois avec une moyenne annuelle de 30 mille à l’horizon 2021.
Le budget global nécessaire à la réalisation des objectifs du Plan national de l’artisanat a été fixé à 1,9 million de dinars alloués au renforcement du cadre institutionnel, et 3,985 million de dinars destinés au financement de développement des compétences et des connaissances.
Le gouvernement prévoit, à travers ce programme, la mise à niveau de 200 entreprises artisanales et le renforcement des capacités de 3 000 artisans dans le cadre des incitations en faveur des groupements d’artisans outre l’augmentation du taux des diplômés du supérieur investissant dans le secteur de 10% à 40%.
On rappelle que le secteur compte plus de 350 mille artisans, dont 160 mille ayant une carte professionnelle (83% des femmes) et 1900 entreprises artisanales inscrites auprès de l’Office National de l’Artisanat Tunisien (ONAT). Les métiers de l’artisanat sont passés de 59 spécialités en 2002 à 76 en 2016.
A vrai dire, le secteur artisanal regorge d’opportunités d’investissement. Il offre aussi un grand potentiel d’emploi pour les diplômés du supérieur, surtout que le secteur se base de plus en plus sur la création et les nouvelles technologies.