Ce n’est pas du voyeurisme, c’est de l’information en temps de transparence financière. Un concept, mis en place par la loi sur le marché financier en Tunisie, qui oblige à la publication des rémunérations des dirigeants des entreprises.
En 2021, le marché tunisien des assurances représentait des primes émises de 2.833,204 MDT, en hausse de 10,15 %, des sinistres réglés de 1 642,879 MDT, en augmentation de 21,41 %, des montants des placements inscrits aux actifs des bilans, et principale source de revenus des assureurs tunisiens (7.259 MDT en 2021) de 7.258,748 MDT en croissance de 11,09 %. Les bilans consolidés ont dégagé un bénéfice de 225,041 MDT contre un bénéfice de 231,547 MD en 2020.
En 2022, et concernant uniquement l’activité des 6 compagnies d’assurances, le montant global des primes émises a atteint 1.303MD contre 1.163MDT, soit une évolution de 12 %. Toutes étaient bénéficiaires, sauf l’assurance de l’UIB dirigée par un Français qui reste le plus payé parmi ses pairs. En 2022, les 5 seuls assureurs, qui avaient publié leurs bilans, réalisaient presque 82 MDT de bénéfices.
Est-ce que la rémunération des premiers responsables des compagnies d’assurances en Tunisie se fait à l’aune du résultat réalisé ? Manifestement non, puisqu’on en trouvait en 2021 parmi les moins bénéficiaires, mais au panthéon des rémunérations, et une autre au Top des résultats et encore une autre parmi les cinq meilleures rémunérations.

Durant l’année 2022, le Produit Net Bancaire (PNB) cumulé des 12 banques cotées a atteint 6.224 MDT, contre 5.551MDT sur l’année 2021, soit une progression de 12,1%, et un cumul de bénéfices de 1.378,589. Les 12 banques n’étaient pas bénéficiaires. L’exception reste la QNB, dont le DG est pourtant classé 3ème en rémunération.


Avec une ROE (2,0 %), l’ATB est celle qui rémunérait le plus, en 2022, ses dirigeants. A la deuxième place des plus grosses rémunérations, la Banque Tunisie n’était que 4ème meilleure ROE (Return On Equity) de la place. Attijari qui réalisait l’année dernière la plus grosse ROE (20 %), n’était qu’à la 5ème place des meilleures rémunérations chez les banques de la place, et qu’à la 6ème place ; avec un ROE de 12,4 %, l’Amen Bank se retrouve à la 6ème place des meilleures rémunérations. Il est donc évident que la rémunération des dirigeants de banques en Tunisie n’obéit ni à la rémunération ni au résultat. Il est bon aussi de remarquer que les banques publiques servent toujours les plus bas salaires, mais qu’elles restent un tremplin de choix pour le passage vers le privé, et la QNB en est le plus lucratif exemple.
Ce qui est certain, pour les banquiers, comme pour les assureurs, c’est que la rémunération est toujours décidée par le conseil d’administration, et ce dernier a généralement des raisons que la raison du management ignore !
Il faut taxer les grands revenus pour assurer la justice de la distribution par tranche de revenu comme c’est le cas de la STEG et de la SONEDE. La ministre des finances doit travailler sur ce volet pour réduire ces inégalités salariales.