Plus de trois ans et demi après les faits, l’affaire de l’attentat de Sousse a commencé à être jugée pénalement en Tunisie alors le volet civil portant sur l’indemnisation des victimes britanniques est plaidé dans l’enceinte de la Cour royale de justice de Londres.
Le procès renvoyé à plusieurs reprises à la demande des avocats a repris cette semaine pour être reporté encore une fois au 6 février. Au total, 26 personnes sont poursuivis mais seulement 17 ont comparu devant les juges, les autres, y compris tous les agents de la sûreté, ayant choisi de ne pas contester les accusations ni de présenter leurs preuves par écrit, selon le Daily Mail. Tous les accusés ont nié out rôle direct dans l’attaque.
Le terroriste qui a ouvert le feu, le 26 juin 2015, avec un Kalachnikov à l’hôtel Riu Imperial Marhaba à Sousse, Seifeddine Rezgui, a été abattu une demi-heure après le début de l’attentat. Selon les résultats de l’autopsie révélés lors de l’audience présidée par le magistrat Rached Sebii, le terroriste était sous l’empire de la drogue sous la forme de deux médicaments qui n’ont pas été spécifiés mais dont il a été établi que le premier sert à améliorer l’endurance physique et le second à maîtriser les réactions émotionnelles.
La meurtrière entreprise du tireur s’est soldée par la mort de 38 personnes, dont 30 vacanciers britanniques. Le terroriste avait suivi une formation avec des jihadistes islamistes en Libye voisine, et l’attentat a été revendiqué par l’organisation Daech.
Certains des accusés risquent une peine de mort, notamment pour meurtre avec préméditation, atteinte à la sûreté de l’État et appartenance à un groupe lié au terrorisme. Ils ont reconnu avoir des liens avec l’homme considéré comme étant le cerveau de l’attentat, Chamseddine al-Sandi, un membre de Daech qui aurait fui la Tunisie peu de temps après l’attaque.

Le cerveau toujours en fuite
Certains accusés ont déclaré que al-Sandi leur ont demandé de procéder au repérage des lieux à l’avance. L’un d’eux a précisé qu’il avait envoyé à al-Sandi via Internet des photos de cibles potentielles, notamment de sociétés étrangères basées à Tunis.
Wassim Sassi, un étudiant tunisien, a reconnu qu’il avait été recruté par al-Sandi et s’était rendu dans un camp de Daech en Libye. À son retour en Tunisie, il a subi, a-t-il affirmé, des pressions pour fournir des téléphones jetables utilisés pour coordonner le massacre.
Un autre accusé, Mahmoud Kachouri, a avoué qu’il était un camarade de classe de Rezgui et qu’ils buvaient du café ensemble, mais il a insisté sur le fait «qu’il ne m’a jamais parlé de l’opération qu’il fomentait».
Un lien solide et évident entre Sousse et le Bardo
Ce massacre, rappelons-le, a été perpétré dans la foulée de celui contre le musée du Bardo où 22 personnes avaient été tuées par des terroristes.
La police métropolitaine britannique a mobilisé des agents pour aider les enquêteurs tunisiens et a réussi à collecter des preuves permettant d’établir un lien entre les deux attentats, rapporte la presse londonienne, citant le responsable du contre-terrorisme britannique Richard Walton, qui avait déclaré que « nous établissons à présent un lien évident entre l’enquête du musée du Bardo et l’enquête de Sousse ».
Il n’a pas fourni plus de détails sur le lien présumé mais a estimé qu’ « il s’agit d’une preuve solide, qui relie les deux », ajoutant qu’une équipe d’officiers travaillait en étroite collaboration avec les autorités tunisiennes dans les deux enquêtes.
Des conseillers spécialisés ont été envoyés en Tunisie alors que ses autorités évaluaient la sécurité dans les stations balnéaires et les attractions touristiques. Depuis le jour de l’attaque de Sousse, les officiers britanniques ont recueilli au total 459 dépositions de témoins dans le pays, tandis que plus de 370 fichiers photographiques et vidéo d’appareils mobiles ont été passés au crible par les enquêteurs, a révélé Scotland Yard.
Les autorités tunisiennes ont déployé « des ressources importantes » dans l’enquête, a déclaré Watson, révélant que des opérations avaient été menées dans tout le pays pour mettre fin aux activités terroristes et identifier les suspects.