AccueilLa UNEAvec Saïed, on n'apprend rien. On devine, et lui, il piétine !

Avec Saïed, on n’apprend rien. On devine, et lui, il piétine !

Le chef de l’Etat tunisien Kais Saïed recevait, le 2 septembre 2021, les premiers responsables de l’Ordre des avocats et de la LTDH (ligue tunisienne des droits de l’homme), avec entre les mains son désormais habituel porte-document rouge contenant ses éléments de langage pour l’occasion et quelques documents pour démontrer qu’il ne parlait pas de rien. Un représentant des journalistes devait y être, mais finalement fait faux bond, bien que l’occasion semble être de rassurer tout le monde sur son intention de respecter les droits et les libertés, surtout après les derniers heurts de la veille entre policiers et journalistes.

Très vite cependant, la réunion improvisée pour l’occasion du chef de Kais Saïed avec ceux qu’il donnait l’impression de considérer comme des droits-de-l’hommistes tunisiens, se transformait en attaque frontale pour enrichissement illicite contre les avocats, sans que l’on en sache les véritables raisons,  ni que l’on  comprenne le véritable message qu’il voulait leur livrer.

Peut-être le chef de l’Etat voulait-il dire aux avocats de balayer d’abord devant leurs propres portes, avant d’essayer de le faire ailleurs. D’autres diront que ce serait pour détourner l’attention des autres attentes de la population, et en particulier la nomination d’un nouveau chef de gouvernement avec de nouveaux membres. Force est en effet de constater qu’avec les interventions vidéo et qui font toujours l’objet de montage avant diffusion, on n’apprend rien. Tout ou presque est dit, en faux ou en vrai, sur les réseaux sociaux. Pour le reste, on ne peut que deviner ce qu’il veut dire, qui il cible et pourquoi.

–          Saïed aux avocats : Balayez d’abord devant vos portes !

Notons d’abord, que l’avocatie était depuis 2011 devenue l’ascenseur professionnel idéal pour faire de la politique, devenir chroniqueur médias, ou activiste sur les réseaux sociaux. Et c’est de cette profession que le chef de l’Etat tunisien avait parlé le 3 septembre 2021.

Ce sont en effet d’emblée, deux exemples, abstraitement concrets, d’avocats qui se seraient illégalement enrichis. Le chef de l’Etat évitera bien sûr d’en citer les noms. Il en laissera le soin aux réseaux sociaux, dont il connaît certainement les effets pervers pour en avoir fait depuis 2019 son média préféré depuis, et l’unique support de la communication de la présidence, et ces réseaux, bientôt repris en concert par presque toute la presse et surtout les plateaux radio & TV.

C’est qu’au moins une de ces deux « affaires » qui avait déjà fait couler beaucoup d’encre, magique ou réelle, sur ces mêmes réseaux sociaux, devenus depuis 2011 faiseurs et défaiseurs de rois en Tunisie avec un énorme flot quotidien, plus de « Fake » volontairement malveillants, que de News.

« Je cite, juste pour l’exemple, ce qu’a amassé un des avocats dont je ne citerai ni le nom ni celui de sa femme, à travers des opérations dont il fait profession en croyant bien le faire. La fortune de sa femme est de 100 Milliards [Ndlr : le double du budget de tout l’Etat qui était de 52,6 Milliards DT en 2021], alors qu’elle n’a pas de travail. De l’immobilier à l’Ariana, à la Marsa, à El Fahs, des commerces dans quelques-uns des plus beaux quartiers, et je ne parlerai pas du reste. Pour l’autre dossier, il concerne un député. Les biens sont aussi au nom de sa femme et en son nom propre, et je ne citerai pas les endroits. Il a amassé, quand il avait été responsable au sein de l’Etat, 1500 MDT », disait ainsi le chef de l’Etat, avec des mimiques de dédain et en prenant à chaque fois soin de guetter l’effet de ses paroles sur les visages des présents. Et il n’oubliera pas d’ajouter un « donc SVP Messieurs les avocats, dont je connais beaucoup qui n’hésiteraient pas à dire la vérité », comme pour leur rappeler certaines positions, ou de démentir ce qu’il dit.

–          Qui a deviné l’autre personnalité ?

Et on se retrouve ainsi avec une affaire, instruite contre l’ancien président de l’INLUCC par une personne elle-même condamnée pour documents dérobés au tribunal, et classée par la justice depuis 2018, où l’accusé et sa femme tentent de se défendre, preuves à l’appui. Et cela poserait, peut-être, un problème de crédibilité sur les sources des documents du chef de l’Etat. Et on se poserait aussi la question innocente de savoir pourquoi le Parquet, dont le chef de l’Etat est depuis le 25 juillet 2021 le représentant, hésiterait-il à nommer les responsables, si les preuves dont il parlait ont été définitivement établies ? Mais aussi sur l’authenticité du montant chiffré de l’argent illicitement amassé (comme pour les 100 Milliards, dans une économie où l’unité de compte monétaire officielle est le Dinar).

Pour la seconde affaire d’enrichissement illicite d’un ancien responsable gouvernemental et sa femme avocate, personne ne s’est aventuré à citer son nom, ni à essayer de l’interroger si ce serait lui dont le chef de l’Etat tunisien parlait le 3 septembre devant les avocats et les responsables de la LTDH, ni à se poser la question sur les documents, comme celui de l’attestation de nationalité, dont il vendrait l’une à 100 mille DT et qui faisait chanter des gens, à l’intérieur et à l’extérieur.

Député et désormais sans immunité, il ne fait pourtant toujours pas partie de ceux qui ont été convoqués pour enquête au pôle judiciaire économique, ni placé sous résidence surveillée dont la presse aurait entendu parler. Peut-être parce qu’il ferait partie d’un parti politique que le chef de l’Etat n’aurait pas encore décidé d’affronter à visage découvert ?

Et en attendant, le chef de l’Etat tunisien donne l’impression de piétiner, n’arrivant toujours pas à se décider sur le meilleur moyen de terminer ce qu’il avait entamé le 25 juillet 2021.

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