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Ce qui attend la Tunisie après le coup de massue de Moody’s

La dégradation de la notation du risque souverain tunisien se poursuit. Moody’s vient de rabaisser la notation de la Tunisie et de sa dette souveraine en devises de « Ba3 » avec perspective « négative » à « B1 » avec perspective « négative ».

Ce niveau de notation représente une chute de 6 catégories depuis les changements profonds de l’environnement politique tunisien en 2011.

La nouvelle notation de Moody’s classe désormais le pays parmi les risques « très spéculatifs » selon sa définition, au même titre que des pays de rating B1 comme le Sénégal, l’Angola, l’Ethiopie, le Sri Lanka, la Jordanie, l’Arménie, l’Albanie, le Vietnam, etc.

Avoir placé la notation en novembre 2016 sous perspective « négative » était déjà annonciateur d’un fort risque de révision à la baisse, si les déséquilibres majeurs intérieurs et extérieurs ne sont pas rétablis et que les réformes structurelles, pour placer l’économie tunisienne sur un nouveau sentier de croissance durable, ne sont pas entamées.

Certes, des avancées notables ont été enregistrées sur le plan sécuritaire ainsi qu’un certain nombre d’actions, comme la Conférence des Investissements 2020 et la publication du Code des Investissements visant à améliorer le climat des affaires, mais les fragilités économiques et financières observées depuis les lendemains de janvier 2011 persistent.

Cette nouvelle notation rejoint la catégorie de notation (risque « très spéculatif ») dans laquelle Standard & Poor’s a classé en 2013 la Tunisie (à un rang encore inférieur) avec la même perspective « négative » et qui lui a valu le retrait de sa notation officielle auprès du pays.

Les retombées de cette nouvelle dégradation  

Comme les commentaires de l’agence l’expriment, elle traduit le constat que :

(i) Les grands équilibres, à savoir celui des finances publiques et celui de la position nette extérieure, n’ont pas pu être rétablis et continuent à se détériorer, ce qui grève le potentiel de redressement financier, retarde la reprise de l’investissement en général et la relance de la croissance, affecte la confiance du marché et nourrit un climat d’incertitude sociale déjà fragile.

(ii) La batterie de réformes structurelles convenues, notamment, avec le F.M.I dans le cadre de la Facilité Elargie mise en place pour soutenir financièrement la Tunisie, n’a pas été réalisée, voire n’a pas été entamée pour bon nombre de ces réformes, pourtant essentielles au titre de l’assainissement économique et financier du pays.

Sur cette base, l’agence considère que l’absence de signes d’une reprise manifeste de la croissance, de la maîtrise des équilibres et d’une fermeté gouvernementale et institutionnelle quant à la conduite des réformes agréées, hypothèquent lourdement la capacité de la Tunisie à mobiliser des ressources extérieures pour le financement de son économie et de ses réformes, sachant que les tranches futures à mobiliser au titre de la Facilité Elargie sont soumises à la réalisation des réformes structurelles arrêtées. La suspension des tirages au titre cette Facilité, du fait de la non réalisation des réformes et des objectifs quantitatifs fixés, entrainerait celles des autres bailleurs de fonds, comme notamment, la Banque Mondiale et l’Union Européenne qui participent effectivement au programme de redressement de l’économie tunisienne.

Il convient de rappeler que le principe de la notation de risque effectuée par les agences de notation est d’analyser, principalement pour les investisseurs institutionnels et privés sur les marchés, la capacité d’un émetteur ou d’un débiteur à pouvoir honorer les échéances financières actuelles et futures de ses engagements.

Les effets de cette dégradation de la notation souveraine ne se limitent pas à la baisse de la valeur du papier tunisien sur les marchés secondaires et par la même occasion au renchérissement de la marge du risque souverain tunisien sur les marchés. En effet, elle induit deux autres principaux effets : d’une part, celui de la révision des conditions en termes de maturité, de montant et de coût des lignes de crédits à court terme, des banques tunisiennes auprès de leurs correspondants financiers étrangers pour traiter les opérations courantes de leur clientèle d’opérateurs économiques et d’autre part, une appréciation générale de la qualité du risque pays pour les investisseurs étrangers souhaitant installer des unités productives en Tunisie.

Par ailleurs, cette nouvelle notation a un effet sur le potentiel de mobilisation de ressources de la Tunisie sur le marché international des capitaux. Elle pourrait conduire à une baisse des montants à pouvoir être mobilisés, à celle des maturités des émissions à réaliser, à un renchérissement des marges de risque et à une moindre qualité des investisseurs, ce qui générerait davantage de volatilité sur la cotation de l’émission sur le marché secondaire. Cela induirait également une concentration des paiements sur le court terme et une détérioration des paramètres du service de la dette.

Habib SFAR

Membre du CIPED

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