AccueilLa UNECelui que personne ne regrettera, et celui que beaucoup attendent au tournant

Celui que personne ne regrettera, et celui que beaucoup attendent au tournant

134 députés avaient donc hier soir et après 17 heures de discussion, défié le chef de l’Etat et donné leurs voix et pas encore leur confiance à Hichem Mechichi. Ce mercredi 2 septembre 2020, Kais Saïed a eu certainement le désagrément de présider la cérémonie de prestation du serment d’un gouvernement dont il ne voulait pas, un gouvernement qui tirera désormais sa légitimité du parlement que le chef d’Etat d’un régime semi-parlementaire ne reconnaît pas. Drôle d’époque !

Deux sorties par la petite porte

Six semaines après sa démission et 6 mois et 6 jours après avoir été intronisé, Elyes Fakhfakh quittera donc le palais de la Kasbah, siège de la Primature. Son mandat aura été essentiellement marqué par deux évènements majeurs.
D’abord le Covid-19 dont il se sera tiré, plutôt à bon compte, sans plus. Une gestion à mains tremblantes où les décisions de lutte contre les effets économiques du coronavirus ont été chahutées par le manque de ressources et la non-transparence des aides nationales et internationales.

Ensuite, l’affaire du conflit d’intérêts entre son rôle de chef d’entreprise et sa fonction de chef de gouvernement. Une affaire, qui aura finalement entaché son mandat de  premier ministre choisi par un chef d’Etat à la recherche de l’Arche perdue du président de la République. Une affaire qui l’a poussé à démissionner, et une fin de mandat gérée de manière enfantine, avec le renvoi de nombre de ministres d’Ennahdha, par vengeance du parti islamiste tunisien qui aurait été derrière ce qui sera appelé le « Fakhfakh-Gate », et le renvoi du président de l’Instance de lutte contre la corruption, pour son rôle actif et réactif dans l’enquête pour conflit d’intérêts de Fakhfakh.

Ce dernier ne sera pas la seule victime. Dès le lendemain du vote de confiance à Mechichi, Mohamed Abbou qui était le ministre d’Etat de Fakhfakh et qui l’avait défendu dans l’affaire du conflit d’intérêts, quitte sa bicyclette (Logo du parti Ettayar qu’il présidait), jette l’éponge et quitte carrément la vie politique [ar]. Beaucoup espèrent que sa femme Samia le suivra. Fakhfakh et Abbou auront ainsi quitté la scène politique tunisienne par la petite porte.

Plus optimiste que l’un et l’autre, l’ancien ministre des Finances, Nizar Yaiche qui serait passé à côté du poste de chef de gouvernement par intérim dans les desseins du chef de l’Etat, postait dès le matin du jour d’après, un Tweet qu’il terminait par un « au revoir ».

Ils lui ont dit oui de la main, pas du cœur, et il le sait

Un mois et une semaine après sa nomination par le chef de l’Etat au poste de chef de gouvernement, Hichem Mechichi fait une entrée, triomphale au vu des tentatives de son propre mentor de le faire tomber. L’ancien ministre de l’Intérieur se savait vainqueur, avant même de prendre place au  banc des membres du gouvernement hier mardi à l’ARP.

C’est ce qui explique certainement le contenu, peu fourni de son discours d’investiture et son discours laconique de clôture des débats. Ce n’était pas comme s’il faisait un bras d’honneur à tous ceux qui n’ont pas voulu croire en lui, mais il se savait vainqueur et ça lui suffisait. Le reste, ils l’auront aux résultats du travail de son équipe, et en tireront alors les conclusions qu’ils voudront.
Loin d’être idiot, ce natif de la ville de Bou SALEM, sait pertinemment que les mêmes qui lui ont voté la confiance après 17 heures de critiques, parfois acerbes et parfois immorales (comme cette accusation lancée contre l’un de ses ministres de soupçons de harcèlement sexuel) contre son équipe, fourbissaient déjà leurs armes pour le désarçonner.

En effet, alors qu’il assistait à ces débats, Nabil Karoui de Qalb Tounes annonçait publiquement que lui et ses partenaires comptent lui demander de changer pas moins de sept ministres de son  gouvernement. Mechichi ne répondra pas à cette question, pourtant posée en fin de soirée par l’un des députés. On imagine l’effet sur une équipe qui se savait ainsi en sursis. Plus encore, Karoui évoquait même une possible motion de censure contre Mechichi que son propre parti venait de voter. Les prochains mois seront difficiles pour Mechichi et son gouvernement.

Ennahdha et Qalb Tounès tenteront de le mettre au pas et de bien baliser son mandat, et même de pervertir son caractère de compétences indépendantes, et de faire entrer le politique par la fenêtre. Les blocs parlementaires qui s’étaient hier présentés comme sa ceinture de sécurité contre les tentatives d’Ennahdha de le mettre dans sa poche, pourraient être les premiers à essayer de le défenestrer politiquement, faute d’avoir,  eux aussi, leur petite part du pouvoir.

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