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Cherchez l’erreur!

Samedi dernier, le chef de l’Etat tunisien corsait encore plus la crise, constitutionnelle et institutionnelle, qui l’oppose depuis des mois au président de l’ARP et au chef du gouvernement qu’il avait lui-même nommé.

A croire ses propres interprétations de la constitution de 2014, Kais Saïed devrait s’arroger le ministère de l’Intérieur et une partie de celui des Finances à travers les forces porteuses d’armes de la Douane. Kais Saïed n’avait jusque-là que la tutelle directe de deux des ministères régaliens et de souveraineté (Défense, affaires étrangères), il en aurait désormais pratiquement  quatre, et ne laisserait ainsi à Hichem Mechichi que les ministères sociaux et économiques. Et comme s’il avait peur d’une quelconque tentative de coup d’Etat, Saïed place tous les corps des forces porteuses d’armes sous sa tutelle directe.

  • Une crise indéchiffrable

Le bras de fer entre les trois têtes de l’Exécutif tunisien autour des prérogatives de chacun prend ainsi un autre virage. Il pourrait dégénérer en guerre des nominations et a déjà commencé, hier, par les deux cérémonies séparées de décoration des cadres sécuritaires, et de célébration, chacun « chez lui », du même 65ème anniversaire des forces de sécurité intérieure.

Le jeu de guerre froide entre les trois hommes du pouvoir en Tunisie semble pour l’instant amuser les Tunisiens, autres qu’islamistes. Les premiers y voient une action légitime, tant elle ressemble à une tentative de barrer la route à l’accession directe au pouvoir des islamistes, auxquels les Tunisiens imputent la responsabilité des échecs politiques, économiques et financiers depuis 2011. Les seconds y voient une tentative de coup d’Etat Soft de la part d’un Kais Saïed qui essaierait de les exclure de son projet politique dont personne ne connaît les véritables contours. Une réaction des islamistes, qui conforte cependant le reste des Tunisiens dans leur croyance que Saïed ne serait en train de réaliser que ce qui est juste, chasser les islamistes du pouvoir, ce qui résoudrait tous leurs problèmes.

  • Saïed calcule-t-il tout cela ?

Cela, selon des observateurs avertis de la situation politique en Tunisie, pourrait être vrai. Cela serait d’autant plus vrai, selon ces observateurs, que les islamistes sont désormais un phénomène diffus dans tous les centres de décision, que leurs dirigeants avaient pu se refaire une virginité judiciaire depuis 2016 par le biais du tribunal administratif,  et s’étaient déjà gavés de compensations pour militantisme politique malgré la situation financière détériorée des caisses de l’Etat.

La question se pose pourtant : qu’est-ce que toute cette chamaillerie sur des formalismes juridiques, des compétences ou des prérogatives apporte de bien concret à un Tunisien, cerné par la crise financière, par l’inflation dans une économie zombie, par la dette d’un Etat à bout de souffle financier, menacé par le Coronavirus avec un Etat qui n’a ni les moyens de lutter contre lui, ni ceux de vacciner ses citoyens ?

La question se pose aussi de savoir si tout ce que fait actuellement le chef de l’Etat participe, de quelque sorte que ce soit, dans la résolution de la crise politique. Une crise qui empêche les trois compartiments de l’Exécutif de gouverner un pays au bord de l’explosion sociale, et de l’implosion économique ?

Le départ de Rached Ghannouchi minorera-t-il le pouvoir d’Ennahdha à l’ARP,  contribuera-t-il à faire disparaître Ennahdha des résultats des élections, ou libèrera-t-il la relance de l’économie ? Le départ de Hichem Mechichi aidera-t-il à trouver les solutions pour toutes les réformes voulues par les bailleurs de fonds et ipso facto la fin de l’instabilité à la tête du gouvernement  aidera-t-elle au retour des IDE, des sociétés pétrolières, arrêtera-t-elle  les grèves et les sit-in dans les sites de production stratégiques ? Kais Saïed a-t-il calculé tout cela, ou reste-t-il toujours uniquement obnubilé par son « idée » dont personne ne connaît le contenu ?  

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3 Commentaires

  1. Et les tunisiens dans tout ce cirque qui ne suscite aucune intérêt ? J ai l impression que par fatalisme nous avons abdiqué notre statut de citoyens pour devenir de simples badauds qui regardent un spectacle désolant de combats de coqs déplumés. C est franchement tragique et totalement irresponsable. J espère que ce peuple de naifs appauvri tirera les leçons de ses choix calamiteux et comprendra les supercheries d apprentis sorciers, de charlatans, de mafieux et de repris de justice à qui il a confié sa destinée et celle de ses enfants. Nous n avons qu’ à nous en prendre à nous mêmes.

  2. « l’accession directe au pouvoir des islamistes, auxquels les Tunisiens imputent la responsabilité des échecs politiques, économiques et financiers depuis 2011 ». Il n’y a pas eu « une accession directe au pouvoir » Ennahdha a été porté au pouvoir démocratiquement par une majorité de tunisiens et si le parti d’Ennahdha continue d’être partie prenante dans certaines décisions politiques c’est bien parce qu’on lui reconnait une certaine stabilité politique et surtout une maturité politique.Les échecs politiques,économiques et financiers sont de la responsabilité de tous les partis politiques!Il ne faut oublier l’héritage catastrophique laissé par les deux dictateurs mentors de Abir Moussi.

  3. Quand on fait main basse sur la conscience des gens par une manipulation malsaine de leur foi, quand on leur ment de manière éhontée, quand on detruit des partis qui ont choisi de collaborer avec ennahdha, ce n est point de la démocratie. Quand on place à des postes clés à la tete de l Etat des personnes sans aucun sens des affaires de l Etat . Quand on ramène du renfort salafiste d orient pour venir à bout de ses concitoyens, ce n est pas de la démocratie. Quand on met à genoux toute une population, quand aucun dossier de justice qui implique des personnes au pouvoir n aboutit ce n est pas de la démocratie. Agir dans l impunité totale et trouver tous les subterfuges pour se disculper en toute impunité n est pas de la démocratie. Ennahdha a réussi tout simplement à deservir l idée de démocratie. Beaucoup de Tunisiens ont horreur de la démocratie et c est navrant. Ils rêvent d un retour à la dictature et c est malheureux, tellement ils ont souffert de ce sentiment qu on a abusé d eux, de leur naïveté et qu on les a enfoncés dans la misère sans pitié.

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