Manifestement, la situation de la compagnie de phosphate de Gafsa (CPG) va de mal en pis. Depuis la Révolution, les tensions n’ont jamais complètement disparu : sit-in, protestations, interruptions de production, blocages de voies de communication(…).
Principal employeur dans la région de Gafsa, la CPG se trouve aujourd’hui dans une situation très risquée. La crise est devenue gravissime pour le secteur des phosphates. Les incertitudes s’accumulent à l’horizon et l’avenir serait sur le point d’être catastrophique. Les chiffres en berne appuient bien ce constat !
CPG : La production en chute libre !
Le ministère de l’Energie, des Mines et de la Transition énergétique, a mis en garde contre la gravité de la situation de la Compagnie des Phosphates de Gafsa et de sa production quasi-bloquée au mois de juillet, à cause des sit-in et des protestations sociales.
Il appelé les partenaires sociaux à prendre conscience de la gravité de la situation, promettant d’appliquer « vigoureusement » la loi contre « ceux qui provoquent l’arrêt de la production et le transport ».
» La situation de la CPG est devenue critique, surtout avec le blocage quasi-total de la production de phosphate pendant le mois de juillet 2020 « , tient à rappeler le département de l’Energie, précisant que la production de phosphates n’a pas dépassé 36 mille tonnes depuis le début le mois de juillet 2020 et que le transport des phosphates par voie ferrée a été totalement interrompu. Le transport des phosphates par camions est presque bloqué à la suite des sit-in des demandeurs d’emploi.
Cette situation a provoqué la baisse du niveau des stocks des usines du Groupe Chimique Tunisien (GCT) à son plus bas niveau, ce qui pourrait amener le groupe à arrêter complètement ses unités industrielles, en deux jours, indique-t-on de même source.
Le CPG, en difficulté financière, est désormais incapable, selon le département de l’énergie, d’assurer l’approvisionnement du marché local en engrais, nécessaires à la prochaine saison agricole, de payer les salaires de ses employés et de tenir ses engagements envers ses clients.
Incapable de tenir ses engagements de base
La CPG est en proie à une situation financière difficile qui s’est aggravée au fur et à mesure de son incapacité à remplir ses obligations de base, tels que le paiement des cotisations sociales dues (34 millions de dinars) et le paiement des impôts (36 millions de dinars). Ses pertes sont estimées à 480 millions de dinars, fin 2019.
Le taux de production de la société est tombé à environ 3,6 millions de tonnes de phosphates par an, contre une production comprise entre 8,1 et 8,3 millions de tonnes en 2010, l’entreprise se classant au 5e rang mondial dans la production de phosphate pour perdre la plupart de ses marchés traditionnels en raison de son incapacité à honorer ses contrats.
On rappelle que le directeur général adjoint de la CPG, Rafaâ Ncib avait confié à l’agence TAP, le 3 juillet 2020, que l’entreprise n’est pas en mesure de répondre aux besoins du Groupe chimique tunisien et de la société tuniso-indienne de fertilisants « TEFART », en raison de la baisse record des niveaux de production à raison de 60% en 2010. Le coût de production a, toutefois, fortement augmenté pour atteindre un coût par tonne de 197,6 dinars fin 2019, contre 48 dinars en 2010.
Le secteur des phosphates est incapable de remonter la pente et reprendre son rythme habituel, essentiellement celui de 2010. L’absence de visibilité politique, les tensions politiques, sociales pèsent lourd sur l’avenir du secteur en question qui agonise au fil des jours voire des heures !