AccueilLa UNEDe Montplaisir à Carthage. Les négociations sur le gouvernement se délocalisent

De Montplaisir à Carthage. Les négociations sur le gouvernement se délocalisent

Officiellement, les négociations pour la constitution du nouveau gouvernement ne devaient démarrer qu’à la mi-novembre et peut-être même au-delà. En fait, elles ont pourtant déjà démarré. La Choura d’Ennahdha en a pris la décision et désigné une commission, présidée par Rached Ghannouchi, pour le faire. Il savait pourtant que cette mission ne sera pas facile et pourrait même être mission impossible.

Certains des partis politique, qu’Ennahdha croyaient être proches d’elles, comme le «Tayar Démocratique» des époux Abbou ou le «Mouvement Populaire» de Zouheir Maghzaoui, durcissaient, jour après jour, leurs positions à propos d’une possible participation dans un gouvernement qui serait présidé par Ennahdha. Un parti politique qui a été de tous les gouvernements qui avaient échoué à faire réussir la transition politique et à redresser l’économie de la Tunisie. Une participation qui lui ferait, selon eux, endosser tous les échecs au même titre que le gouvernement de Youssef Chahed.

  • Premiers indicateurs d’un échec probable d’Ennahdha

Certains autres, adopteraient, de plus en plus et depuis que le candidat Kais Saïed avait évoqué la possibilité de recourir à la dissolution de l’ARP en cas d’échec sur la constitution du gouvernement une autre démarche, mais toujours anti-Ennahdha. En effet, des partis, comme justement le TD (Tayar Démocratique) et le MP (Mouvement Populaire), pencheraient désormais à laisser Ennahdha seule, en face du défi de la constitution du gouvernement. Dans un Post sur sa page des réseaux sociaux, Ridha El Mekki, dit Lénine, avait aussi évoqué la dissolution de l’ARP. «. Il est hors de question qu’il s’en déresponsabilise, avec de faux alibis. Et si l parlement, avec son actuelle composition est incapable de présenter un gouvernement, et des solutions pour arrêter de faire perdre du temps au peuple, il est de notre devoir de penser à changer le régime du pouvoir et recourir aux élections (…) », a-t-il ainsi dit.

Le but donc des manœuvres de l’opposition à Ennahdha, serait de l’amener à privilégier le «plan B», qui serait d’aller directement à l’option de l’article 89 de la Constitution, accordant au chef de l’Etat la possibilité de charger une personnalité indépendante et compétente, de former le prochain gouvernement.

Analysant la décision du BE d’Ennahdha d’être prêt à des pourparlers avec tous les partis politiques, le quotidien londonien «Achark Al-Awsat» y a vu, d’abord un aveu d’Echec d’Ennahdha à constituer le gouvernement, et ensuite une disposition à renoncer à ses conditions antérieures d’un gouvernement Nahdhaoui, présidé par un Nahdhaoui.

Le samedi 26 octobre 2019, commentant sa propre intervention sur Radio Mosaïque, Ridha Chiheb El Mekki, dit Lénine et présenté par la radio comme étant «membre de la campagne d’explication du programme du chef de l’Etat », confirmait l’échec d’Ennahdha. «Le 1er parti issu des élections, est constitutionnellement responsable de la formation du gouvernement (…). Son échec (ce qui est très probable), nous fait passer à un autre texte».

Intervint alors l’information annonçant un prochaine entretien Ghannouchi-Saïed. Rencontre qui avait eu effectivement lieu au palais de Carthage, après que le nouveau chef de l’Etat a déjà rencontré, de nuit et chez lui à El Mnihla, les dirigeants du MP. Maghzaoui sera reçu, une seconde fois et cette fois-ci à Carthage, après Slim Azzabi de Tahya Tounes. Suivront ensuite, presque tous les partis des plus grands blocs parlementaires, issus d’élections dont les résultats ne deviendront officiels que probablement le 13 novembre 2019.

Lors de tous ces entretiens, le chef de l’Etat Kais Saïed a presque répété le même message. L’appel au dialogue entre toutes les parties, pour former, au plus vite le gouvernement, a ainsi figuré en bonne place dans tous les communiqués de presse de la Présidence. Le mot-clé de tous ces entretiens, a aussi été que le prochain gouvernement devra être formé sur la base de la compétence et loin de la logique des quotas partisans.

  • Les indicateurs d’une délocalisation des négociations

De fait, ainsi, les négociations pour la constitution du prochain gouvernement se seraient délocalisées de Montplaisir (siège d’Ennahdha) vers Carthage (siège de la présidence de la République). De fait, aussi, ces rencontres avec les partis majors signent l’entrée en lice de la présidence de la République dans le processus des négociations pour constituer un gouvernement. Et c’est peut-être le facteur manque de temps, d’abord par rapport aux échéances du budget et de la loi de finances, qui aurait poussé Kais Saïed, constitutionnaliste, droit comme un balai sur le principe de son respect et soucieux  de se tenir à égale distance vis-à-vis de tous les partis, et d’être aussi le président de tous les Tunisien et partant, chef de l’Etat de tous les partis, à accepter ce rôle d’intermédiaire pour la bonne cause. Y parviendra-t-il ?

Ennahdha n’a pas encore, formellement, avoué son échec à former le prochain gouvernement. Le fera-t-elle ? Tenterait-elle, faisant ainsi intervenir le chef de l’Etat, de transformer son échec en une volonté délibérée d’ouverture sur le reste des partis politiques de l’ARP ? Des politiciens, comme Abbou, Maghzaoui, Azzabi et autres, reviendront-ils sur leurs promesses de ne jamais faire partie d’un gouvernement d’Ennahdha, ou se cacheraient-il derrière le souci du chef de l’Etat d’amener tout le monde à un consensus salvateur de la transition politique ? Kais Saïed acceptera-t-il de faillir  à sa promesse d’un strict respect des termes de la Constitution ?

Wait and See, pourrait-on dire pour emprunter un anglicisme connu. Ou, pour imiter l’arabisme du chef de l’Etat «ان غدا لناظره قريب» !

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