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Des chiffres, en veux-tu ? en voilà. Mais des explications, y en a pas !

Alléluia ! La BCT vient, enfin, de tenir son conseil d’administration. La 3ème réunion de l’année 2024 et la 2ème du mandat de Fethi Zouhair Nouri, et qui arrive avec presque un mois de retard. Tenue le 20 juin, la précédente réunion avait eu lieu le 22 mars. Une malheureuse et fâcheuse habitude, qui s’installe à la BCT. En effet, elle n’est pas imputable au Gouverneur Nouri, mais  avait été déjà relevée sous son prédécesseur Marouane El Abassi, notamment pour les réunions de mars, juin et septembre 2023 ou encore celles de juin et octobre 2022. Cette dernière enregistre un retard record avec une absence de réunion pendant quasiment 4 mois, soit entre le 10 juin et le 05 octobre 2022!

Tout cela, il fallait le relever, est en contradiction totale avec les dispositions de l’article 62 de la loi n° 2016 -35 du 25 avril 2016 portant statuts de la Banque Centrale de Tunisie. Le premier point dudit article stipule clairement que « le conseil (NDLR : d’administration) se réunit périodiquement, une fois tous les deux mois et chaque fois que de besoin, sur convocation du gouverneur « . Fin de citation.

  • Au possible, la BCT comme nulle autre, n’est tenue !

Pour revenir à la chose économique et financière, le communiqué est insipide, inodore et incolore. Presqu’une sorte de PV d’une réunion inter-structures administratives. Dans sa forme laconique de compte rendu d’un autre temps, il détaille d’une façon ennuyeuse des chiffres et des statistiques qu’on pourrait trouver partout et chez d’autres sources sinon sur le site même de la BCT.

Or ce qui est demandé à la BCT, et précisément à son CA, ce sont des analyses et des idées. Une explication pédagogique et simple, des faits et une indication la plus claire possible pour ancrer les anticipations. Il est facile de le faire, puisque le même communiqué renferme une tentative d’analyse dans la partie relative aux perspectives des prix à la consommation. Mais, trop peu pour qu’en 2024, une banque centrale puisse délivrer un message clair, net et précis. L’on se contentera, sans faire les difficiles, de demander des informations utilisables sur les réseaux sociaux et dont la BCT ne dispose même pas encore et que son site Internet fait des siennes et pas qu’une fois !

  • Ce n’est pas le bon moment pour une baisse du TD, comme ne le dit pas le CA

Ça, c’était au niveau de la forme du communiqué. Et elle est de prime importance. Quant au fond, l’on comprend plus et mieux, certes de nous-mêmes et pas du communiqué de tout un tas de sommités économiques et financières qui composent le CA, la décision de maintenir le taux directeur à 8%. Une décision, certes, contre toute attente, surtout que les réserves de change ont poursuivi leur consolidation pour atteindre 23.620 MDT (ou 108 jours d’importation), à la date du 19 juin 2024, contre   22.728 MDT (ou 98 jours d’importation) une année auparavant.

Mais la BCT, dont l’un des rôles est de réguler l’inflation, ne faisait qu’anticiper une période inflationniste par excellence; la saison estivale en l’occurrence; à la sortie d’une autre foncièrement dépensière, comprendre l’Aïd.

La BCT anticipe donc un rebond de l’inflation, et de ce fait, a certainement choisi de tempérer et de temporiser. Sage décision donc, quand on sait que les opérateurs tablaient, déjà, sur une baisse assez significative; on parlait même de 100 points de base voire même plus. Sachant que « la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a » comme se plaisait à le dire feu Chedly Ayari, la BCT a en réalité évité une baisse symbolique ou dérisoire (ça dépend où on se place) de 25 PdB (Points de Base) qui lui aurait valu plus de mauvaise publicité que de félicitations. On comprend donc que la BCT joue la prudence et continue à scruter les tendances.

Le communiqué le dit clairement en soulignant que, même si « les perspectives des prix à la consommation laissent présager une détente graduelle de l’inflation (..) et pourraient dériver, notamment de la remontée des prix internationaux des produits de base et de l’énergie sur fond d’exacerbation des tensions géopolitiques, du stress hydrique, et de la situation des finances publiques surtout, en l’absence de mobilisation des ressources extérieures ». Et pour le CA de la BCT, tout cela « incite à la prudence et à la patience et qu’il est important de continuer à soutenir le processus de convergence de l’inflation vers des liteaux soutenables. (…) ».

Malencontreusement, la meilleure phrase du communiqué intervenait au dernier paragraphe, faisant fi de toutes les règles élémentaires du bon sens, de la rédaction des communiqués et de la communication.

Espérons qu’on aura plus d’informations dans la « Note sur les évolutions économiques et monétaires », dont la publication devrait normalement intervenir à la suite de la tenue des réunions de CA de la BCT, mais dont le dernier numéro remonte au … 30 janvier 2023 (double sic!).

  • Une dissertation de chiffres, aussi attendus que dépourvus d’explication

« Sur le plan national, la croissance économique s’est accrue modérément de 0,2% (en glissement annuel) au premier trimestre 2024. Les derniers indicateurs conjoncturels disponibles laissent entrevoir un redressement progressif de l’activité au cours du deuxième trimestre 2024, qui sera soutenu par la reprise de l’activité dans le secteur agricole et le renforcement des activités du secteur des services.

Le déficit courant s’est réduit à -1.581 MDT (ou -0,9% du PIB), au terme des cinq premiers mois de l’année 2024, contre -3.596 MDT (ou -2,3% du PIB) une année auparavant. Ce résultat est dû, notamment, à la poursuite de la contraction du déficit commercial (FOB-CAF) qui s’est situé à -6.413 MDT (contre -8.101 MDT à fin mai 2023), soutenue par la bonne performance du secteur oléicole (Ndlr : Des chiffres, déjà dépassés par ceux de l’INS). Le taux d’inflation s’est stabilisé à 7,2% (en glissement annuel) au mois de mai 2024 contre 9,6% une année auparavant (Ndlr : Le chiffre a déjà été publié par l’INS), à la faveur d’une relative détente de l’inflation sous-jacente « hors produits alimentaires frais et produits à prix administrés » qui s’est établie à 7,3% en mai contre 7,5% le mois précédent, et ce, en dépit de l’accélération du rythme de progression des prix des produits alimentaires frais (10,8% en mai contre 9,7% en avril 2024) ».

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