AccueilLa UNEElyes Fakhfakh, l’homme d’affaires qui n’a pas su être Homme d’Etat

Elyes Fakhfakh, l’homme d’affaires qui n’a pas su être Homme d’Etat

Nul, nous le pensons, ne voudrait qu’un chef de gouvernement tunisien tombe. Non que l’actuel ou les précédents aient été les meilleurs des chefs de gouvernement de l’après révolution, ou comme pour le dernier, car il aurait été réellement le « Zorro » de la bataille du Covid où ledit « Général » pourrait lui disputer le titre. Mais simplement parce que  le pays n’a pas besoin d’une autre quinquennie d’instabilité gouvernementale, avec ce qui s’en suivra d’instabilité politique, et de perspectives économiques incertaines, sinon pires. Indépendamment de ce qui va arriver après le « Fakhfakh-Gate », et quel que soit celui qui le suivrait, il ne pourra jamais faire mieux que les autres pour  la conjoncture qui prévaut depuis 2011 en Tunisie. Pourrait-on pour autant dire que laisser Fakhfakh en place serait meilleur ? Nul ne peut actuellement le confirmer ou l’infirmer, sauf à dire qu’Elyes Fakhfakh a raté l’occasion d’être le chef du gouvernement que beaucoup de Tunisiens ont été obligés d’accepter.

Une affaire qui détériore l’image de chef de gouvernement

En politique, c’est la perception qui compte et qui fait le simple homme ou le leader, car aucun autre que lui ne vit ce qu’il vit et ne connaît ce qu’il connaît. Des choses qu’il connaît, des secrets, réels ou de polichinelle, des positions prises ou dites entre quatre murs, et qui pourraient nuancer tout jugement à propos d’Elyes Fakhfakh.

Mais la perception publique de l’actuel chef de gouvernement, c’est celle d’un homme arrogant, suffisant, imbu de sa personne et de ses idées. Ses rictus et ses rires, amusés et hautains lorsqu’il répond à une question qui ne lui plaît pas, en disent long sur ces défauts de dirigeant.

Avec cette affaire de soupçons de conflit d’intérêts au moins, c’est aussi l’image d’un homme d’affaires, presque « homme d’Afariyet » comme disait l’ancien chef de gouvernement Hammadi Jbali, qui se dessine de Fakhfakh chez le Tunisien.

On découvre aussi un homme d’affaires qui ne dit pas tout de ses affaires, qui oublie qu’il est homme d’Etat et ne dit pas tout à l’Etat des détails de ses affaires. Un chef de gouvernement qui se fait enfoncer par le témoignage du 1er responsable de la haute instance de lutte contre la corruption. Un témoignage qui met très à mal le mandat d’Elyes Fakhfakh, lorsqu’il affirme notamment que « Fakhfakh a enfreint la loi et violé la constitution ». Une déclaration qui jette du discret sur le mandat du chef du gouvernement.

« On ne se rend pas compte que ces scandales à répétition sur des marchés publics présentent un risque réputationnel et de crédibilité important notamment auprès de nos bailleurs de fonds (Banque Mondiale, AFD, GIZ, KFW…) qui selon mes informations sont estomaqués par ce qui se passe dans notre pays », commente Slim Tlatli sur sa page fb.

« Il y a un devoir de probité et d’exemplarité qui devrait être fixé par la loi pour tout agent public. Sa non observance devrait constituer une circonstance aggravante punissable des plus lourdes sanctions. En plus de l’arsenal juridique existant, il appartient au législateur de trouver la formule adéquate pour en faire une sorte de parjure national impardonnable », commente de son côté le ministre d’un ancien temps, Fethi Houidi sur sa page aussi.

L’arrogance, mère de tous les péchés

Elyes Fakhfakh disait devoir son ascension à la Kasbah au chef de l’Etat. Il ressemble, pourtant, de plus en plus à un « oiseau rare » d’Ennahdha, parti politique dans les bras duquel ses difficultés le jettent chaque fois. Or, Saïed et le parti islamiste tunisien sont en guerre larvée, sinon froide.

On pourrait même dire que la résilience du chef du gouvernement dans cet inconfortable poste irait à l’encontre des desseins d’un chef d’Etat qui voit le complot partout et voudrait changer structure et infrastructure de l’Etat, mais dans le cadre de la constitution, c’est-à-dire sans coup d’Etat. Enfant prodige d’un président antisystème, il ne sort toujours pas des sentiers battus, notamment sur les registres économiques et financiers et les choix qu’il y fait.

L’homme semble  toujours en situation de confinement idéologique, politique et surtout économique qui n’est ni sociale, ni libérale et un peu tous le deux. Sa stratégie de lutte contre le Covid, où il voulait contenter tout le monde, saupoudrant les aides aux pauvres et aux démunis, et prenant des mesures en faveur d’un capital qu’il dénigre une fois et le défend une autre, le démontre. Il a, peut-être, un projet pour la Tunisie, mais avec des contours toujours indécis, sinon incompris. Et c’est là, et uniquement là, que Fakhfakh rejoint Saïed.

Un chef de gouvernement en danger et qui pendule entre Gauche et Droite

Dit « premier ministre » de Kais Saïed, il ne suit pas encore ses pas, et n’apprend toujours pas des sorties médiatiques populaires jusqu’au populisme, qui font jusque-là sa notoriété, et se cache toujours derrière le masque de la personnalité politique que, ni ses soutiens, ni ses adversaires, n’arrivent à discerner et se retrouvent à lui chercher des puces (Affaire du conflit d’intérêts) pour le déstabiliser. Ceci « l’emmerde », et il sort de ses gonds jusqu’à presque l’insulte. Mais il griffe et ne blesse pas , il marque ses adversaires, mais ne les repousse pas et arrive encore moins à engager leur pronostic vital politique.

Le chef du gouvernement se veut social-démocrate, mais dans une démocratie où il n’y a qu’un décideur : lui-même. Pour les autres aspects sociaux de sa démocratie à la Fakhfakh, il s’allie avec Ettayar et avec le Mouvement Populaire. Il se retrouve pourtant astreint à une politique économique de droite, menée à la baguette de ses partenaires d’extrême-gauche , elle-même conduite par des partenaires d’une droite qui se cache (Abbou le rentier et Ghazi Chaouachi le « gauche-caviar »), et contrée par des islamistes de droite. Entre les trois projets politico-économiques, le chef de gouvernement, lui-même homme d’affaires intrépide, pendule sans pouvoir dessiner une voie propre, ou la voie qui lui ferait réussir son mandat et reprendre espoir aux présidentielles où il avait échoué quelques mois auparavant.

Une Com très mal gérée

Médiatiquement, il reste mal servi, et manifestement, par sa volonté. Son équipe de communication est conduite par le propriétaire d’une agence PR, une ancienne agence média et un ami du parti Al Joumhouri, « très correct, mais loin du monde des médias » comme en disent ceux qui ont pu l’approcher.

Les sorties médiatiques d’Elyes Fakhfakh sont, comme celle de son prédécesseur et soutien Youssef Chahed, dans le déni des médias publics. Elles sont choisies mais non cadrées. Organisées, mais de par son arrogance,  où  il se  trouve à dire ce qu’il ne devrait pas dire, avec des fois une gestuelle incontrôlée.

Le chef du gouvernement s’était déjà essayé au discours populaire, au bain de foule et à la harangue pour sa campagne présidentielle. Mais il semble toujours appréhender, sinon avoir peur, de s’y lancer. Comme pour les « révoltés » de 2011, sa communication reste faite de communiqués et n’a de support que les réseaux sociaux où il pouvait aussi, sur ses propres pages, se faire insulter et se faire médiatiquement lyncher, mettant au moins à mal son image et son autorité. Une communication, en somme, de débutant et d’un gouvernant sans caractère.

Écrivain et philosophe suisse romand, Henri-Frédéric Amiel, disait que « Les hommes sans caractère ni autorité ne sont que des plumes sur lesquelles tout le monde souffle et avec lesquelles on ne compte pas ». Confucius disait, comme pour expliquer notre sentiment de début d’article, que « la prodigalité conduit à l’arrogance, comme la parcimonie à l’avarice. L’arrogance est pire que l’avarice ».

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2 Commentaires

  1. Nous sommes tout simplement des victimes de malfaisants politiciens de dernière minute. Tout ce que de vrais hommes de labeur ont ramassé pour la Tunisie, des farfelus égoïstes magouilleurs ont dilapidé en un minimum de temps. Dommage pour nos futures générations qui risquent d’être les esclaves financiers des enfants dont les parents ne se sont pas comportés comme les leurs. Le sac et la mer, disaient nos aînés.

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