AccueilLa UNEEnnahdha lance la machine à broyer ses adversaires

Ennahdha lance la machine à broyer ses adversaires

Le président du Conseil de la Choura d’Ennahdha, Abdelkarim Harouni, a-t-il voulu, sciemment, faire un gros coup politique, comme a tenté de le faire Nidaa Tounes en cooptant Slim Riahi (à en croire les réactions, cette initiative sortie de la tête d’on ne sait qui est un véritable flop)? A-t-il cherché, en annonçant un consensus avec Machrouû Tounes, à compromettre un virulent adversaire politique pour faire en sorte que ses électeurs se détournent de lui? Le dirigeant d’Ennahdha s’est-il simplement mal exprimé? Ou est-ce les citoyens-électeurs qui ont mal compris ses propos sur la fin de la guerre idéologique entre les islamistes et les dits modernistes de Machrouû Tounes? Une chose est sûre : sa déclaration a fait grand bruit et déstabilisé un peu plus un Mohsen Marzouk qui n’est pas au meilleur de sa forme, après le départ de ses députés vers la Coalition nationale et le statu-quo de son mariage avec Nidaa Tounes, pourtant annoncée en grande pompe. Après le démenti d’hier mercredi 24 octobre 2018, très copieux du reste et un peu alambiqué, Hassouna Nasfi remet ça ce jeudi, sur Express FM, preuve que Machrouû Tounes a bien évalué les dégâts que peuvent provoquer dans son électorat la grenade dégoupillée par les islamistes. Mais il n’est pas sûr que tout ce que diront Marzouk, Nasfi et compagnie pourra stopper les déflagrations.

Un mal fou pour convaincre!

Comme l’a fait la direction de son parti à travers un communiqué, le député Nasfi a catégoriquement démenti l’existence de tout consensus entre Machrouû Tounes et Ennahdha. Il a ajouté que l’entretien entre le secrétaire général du parti, Mohsen Marzouk et Abdelkarim Harouni avait un seul but : Trouver des solutions pour tirer la Tunisie de ce mauvais pas. Pour bien bétonner son argumentaire et rassurer des militants affolés, il a martelé que le mouvement islamiste est un «concurrent politique» et que les «divergences fondamentales» entre les deux formations demeurent. Pour faire encore plus d’effet, il a ajouté que même sur le plan éthique, un consensus est inconcevable car Ennahdha est déjà embarqué dans une aventure de ce type, avec Nidaa Tounes et avec le chef de l’Etat, Béji Caïd Essebsi.

L’élu de Machrouû Tounes ne s’arrête pas là : «Mohsen Marzouk a rencontré Abdelkarim Harouni dans le cadre des pourparlers autour des outils pour solutionner la crise politique et nous n’avons pas dissimulé nos intentions. S’il y a quelque consensus que ce soit, nous serons les premiers à l’annoncer, mais ce n’est pas le cas. Nous n’avons paraphé aucun accord ni entamé les discussions à propos d’un éventuel consensus. Il y a beaucoup de divergences de fond entre nous et Ennahdha autour des sujets d’envergure nationale et de la plus haute importance, nos positions n’ont pas varié et ne le feront jamais», a asséné Nasfi. Les affirmations étaient péremptoires et le ton presque véhément. En temps normal, dans un contexte politique normal, dans un parti comme les autres, les assurances auraient peut-être suffi. Mais là ça risque d’être un peu court…

La sortie de route de trop?

Le problème n’est pas ce qui s’est dit lors de cette fameuse réunion entre Marzouk et Harouni, le problème c’est cette rencontre elle-même. Elle n’aurait jamais dû avoir lieu. En effet qu’est-ce qu’un type comme Marzouk peut bien raconter à l’émissaire d’un camp sur lequel il ne cesse de taper et qu’il accuse d’être la source de tous les maux, politiques et économiques, du pays? Quel bénéfice politique peut-il tirer de conciliabules avec une partie dont les positions sont notoirement connues comme étant aux antipodes? Markouk est foncièrement, radicalement anti-islamiste, du moins c’est ce qu’il laisse paraitre dans presque toutes ses sorties publiques. Et il avait réussi à fédérer les plus anti du camp dit progressiste qui voyaient d’un mauvais oeil l’alliance entre Nidaa Tounes et Ennahdha. Alors le voir causer avec cette dernière de questions d’intérêt national, dit-il, après tout le fiel qu’il a déballé sur les islamistes, ça ne peut que brouiller davantage le positionnement et les messages de Machrouû Tounes.

Marzouk, qui a eu un excellent départ quand il a largué Nidaa, s’est perdu en cours de route. Son leadership, devenu illisible, a fait de son parti un OVNI sur la scène politique, une formation impossible à situer sur l’échiquier politique. L’annonce de ses noces avec Nidaa a sans doute déboussolé un peu plus des partisans qui pensaient que s’allier avec les nidaïstes c’était s’accoquiner avec Ennahdha, autant dire le diable, aux yeux de certains. Tout cela a certainement dopé la vague de départs des élus de Machrouû Tounes vers la Coalition nationale. Puis est venue cette affaire de consensus avec Ennahdha, dont les islamistes doivent savourer en ce moment même les retombées. Ce pourrait bien être le baiser de la mort pour un Marzouk qui nourrissait encore des ambitions pour 2019.

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