En quelques jours, le chef du mouvement Ennahdha, Rached Gahnnouchi, a allégrement sauté de la palinodie au revirement pour enfin atterrir dans la volte-face, au fil de tribunes publiées dans la presse anglo-saxonne et d’une interview à l’agence Anadolu. C’est, à bien des égards, aller à Canossa, moins pour sauver les meubles et son parti que sa tête alors que l’étau se resserre et que les soutiens se font de plus en plus rares.
Les analystes, cités par The Arab Weekly, estiment que les conditions sont devenues plus propices que jamais à l’éviction de Ghannouchi, que ce soit par ses amis ou ses ennemis. De hauts dirigeants d’Ennahdha avancent l’idée que Ghannouchi présentera sa démission dès que le Parlement reprendra ses activités, dans le but de courtiser l’entourage proche du président de la République Kais Saied.
Ils considèrent qu’Ennahdha s’efforce de préserver certaines de ses positions antérieures en échange de l’acceptation par Ghannouchi de démissionner de son poste de président du Parlement, ainsi que d’abandonner son rôle antérieur de superviseur des relations extérieures du mouvement.
La même source souligne que Qatar est favorable à de telles tentatives pour limiter autant que possible les dégâts pour le parti islamiste. Mais le signe le plus probant voire pertinent qui accrédite cette thèse loge dans les récentes prises de position de l’universitaire Azmi Bishara, qui est connu pour être le porte-voix et le relais médiatique de Doha, et qui fournissent plus que des indices sur l’ampleur de ce changement, à un moment où Ghannouchi a besoin de plus de témoignages de soutien que de reproches.
Bishara tient Ghannouchi pour responsable de l’échec de l’expérience du pouvoir islamiste en Tunisie. Dans un texte qu’il a publié sur son compte Facebook officiel, Bishara n’a pas critiqué les performances d’Ennahdha au cours des derniers mois qui ont précédé les mesures d’urgence annoncées par le président Kais Saied, révoquant le chef du gouvernement et suspendant le Parlement. Il s’en est plutôt pris à ses « piètres résultats au cours des dix dernières années », blâmant implicitement le parti islamiste pour l’échec de son expérience au gouvernement, qui a longtemps bénéficié du soutien des Qataris.
Bishara a accusé Ennahdha de « s’accrocher au pouvoir à tout prix (…) même lorsque le seul moyen était de construire des alliances opportunistes ». Autre reproche, la multiplicité des alliances du parti islamiste le fait apparaître comme « faisant partie d’un système de partis corrompus qui ne se soucie pas des principes et des valeurs autant que du pouvoir et de ses avantages. » Il a également critiqué le parti pour avoir cherché à faire commerce de « la justice transitionnelle et la lutte contre la corruption. »
Le perchoir, une source de tension
Bishara a reproché à Ghannouchi de s’accrocher au perchoir du Parlement et d’être ainsi une source de tension, ce qui a apparemment irrité Doha. « Ennahda est apparu comme représentant les partis défaillants lorsqu’il a insisté pour conserver le poste de président du Parlement », a-t-il souligné exprimant l’opinion que si Ghannouchi « était dans l’opposition, il aurait été dans une position beaucoup plus sûre, et si le chef du mouvement était resté en dehors de la mêlée, cela aurait été mieux pour lui et le mouvement. »
Les analystes tunisiens, cités par The Arab Weekly ont estimé que la position de Bishara est arrivée à un moment délicat pour Ghannouchi et le mouvement Ennahdha, et qu’elle a envoyé un message clair selon lequel Doha est prêt à ajuster ses positions pour être plus en phase avec la nouvelle configuration politique inscrite par le président Kais Saied. Les analystes estiment que les Qataris ne sont pas disposés à s’opposer au changement populaire en Tunisie soutenu par les pays de la région.
Le Qatar n’avait publié qu’une seule déclaration depuis le 25 juillet, dans laquelle il exprimait l’espoir que « les parties tunisiennes suivront la voie du dialogue pour surmonter la crise et consolider les fondements de l’État des institutions et instaurer l’État de droit. » Cette déclaration ne faisait aucunement référence à la situation du mouvement Ennahdha ou de son leader.
Une source politique tunisienne bien informée a déclaré à The Arab Weekly que le ton quasi neutre du message d’Azmi Bishara équivaut à un feu vert de Doha à l’éviction de Ghannouchi, quelles que soient les répercussions sur Ennahdha. Cette source a ajouté que ce que Bishara a écrit constitue un signal de soutien au courant islamiste hostile à Ghannouchi au sein d’Ennahdha.
De nombreux partisans d’Ennahda ont célébré le point de vue de Bishara comme reflétant la position dominante au sein du mouvement, ce qui a incité le porte-parole officiel du mouvement, Faethi Ayadi, à déclarer que « la vraie question aujourd’hui n’est pas seulement liée à Ennahdha et aux réévaluations et autocritiques que nous devons faire. C’est facile et on trouvera beaucoup qui répondront à cette question ».
Comment un homme condamné à mort 2 fois est toujours libre et tient un certain pouvoir par la peur aux Tunisiens ?????
Ennahda était issu de la volonté populaire des tunisiens. Quant à Kais saied, il prône un islam sévère, conservateur mélangé a une idéologie communiste. ce mélange sera fatal pour la Tunisie. Au moins les islamistes avaient commencé à négocier avec des démocrates.
Cela veut dire que la pseudo-révolution, baptisée printemps arabe, est un FLOP et que ce que certains » transition démocratique » n’est autre qu’une dictature islamiste