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Houcine Dimassi à Africanmanager : « Adieu à la Tunisie si de nouvelles augmentations salariales ont lieu »

L’expert en économie et ancien ministre des Finances, Houcine Dimassi a accordé à Africanmanager une interview exclusive, où il affirme que l’emprunt obligataire national dans lequel s’est engagée la Tunisie ne pourra réussir qu’à la condition que la confiance des Tunisiens vis-à-vis des acteurs politiques et syndicaux reprenne.

Il a rejeté les augmentations salariales auxquelles appelle l’UGTT, soulignant qu’au cas où ces augmentations auraient effectivement lieu, ce sera le coup de grâce pour notre économie.

L’ancien ministre des Finances a reconnu, au demeurant, que la Tunisie manque de politiques et de stratégies dans tous les domaines. Interview :

Êtes-vous pour l’un emprunt obligataire national ?

Oui, car cet emprunt obligataire national nous permet de minimiser le recours aux emprunts extérieurs. Toutefois, les ressources provenant de cet emprunt devraient être allouées aux investissements publics et non aux rubriques de consommation (augmentation des salaires et recrutements bidons dans la fonction publique, et dépenses supplémentaires de compensation). Cependant, cet emprunt ne peut réussir que si le peuple a encore confiance dans les acteurs politiques et syndicaux. Notons aussi que cet emprunt pourrait provoquer un assèchement des liquidités du marché financier local, et ce aux dépens des investisseurs privés.

Alors que le pays sombre dans l’endettement, l’UGTT ne cesse d’appeler à des augmentations salariales, qu’est-ce que vous en pensez ?

Au cas où ces augmentations auraient effectivement lieu, ce sera le coup de grâce pour notre économie et partant pour notre pays. N’oublions pas que l’état lamentable dont souffre actuellement notre économie a résulté non seulement de sa médiocre croissance mais aussi et surtout des augmentations folles des salaires ainsi que des stériles recrutements de la fonction et des entreprises publiques.

Durant les trois années post-révolte 2011-2013, les dépenses de fonctionnement du budget de l’Etat se sont gonflées d’environ 8 milliards de dinars, soit 80%, alors qu’au cours de la même période, la croissance de notre PIB à prix courants n’a pas dépassé 20%. Ces deux indicateurs montrent clairement que nous sommes en plein dans la mélasse. Dans ces conditions, des nouvelles augmentations de salaires ne pourraient mener qu’à l’étouffement des finances publiques et à la ruine des entreprises économiques publiques. Alors adieu à la Tunisie. Ennahdha et l’UGTT ont encore à « se régaler » de cette débâcle.

Certains experts soutiennent que si le gouvernement voulait geler les salaires et le recrutement, il n’aurait pas dû agréer des augmentations telles que celles envisagées dans le secteur du Transport, qu’est- ce que vous en pensez ?

Oui, c’est tout à fait juste, car le pire dans la gestion d’un pays, c’est de promettre des choses et de faire leur contraire. En réalité, dans tous les domaines, notre pays manque de politiques et de stratégies. En conséquence, nous pataugeons dans la boue au nom de la démocratie et de la liberté.

Un taux d’endettement de 50%, que signifie ce chiffre ?

Cela signifie que la moitié de notre PIB est mise en gage pour pouvoir bénéficier de prêts. En fait, le vrai drame n’est pas l’importance de ce taux d’endettement mais plutôt l’allocation des emprunts à des dépenses de consommation. Malheureusement, c’est ce qui s’est produit pendant les trois dernières années.

Khadija Taboubi

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