AccueilLa UNEIl reste donc au Perchoir. Et après ?

Il reste donc au Perchoir. Et après ?

Le vote sur la motion de défiance contre Rached Ghannouchi en tant que président du parlement tunisien s’est terminé. Les choses sont certes plus complexes, mais on pourrait dire, en guise de raccourci, qu’Ennahdha a gagné contre Abir Moussi. Officiellement, les députés du parti islamiste tunisien n’avaient pas pris part au vote. Ceux d’El Karama non plus.

Le vote a été serré. A 12 voix près, Ghannouchi tomberait du Perchoir. Chez les initiateurs de la mission, qui assuraient hier soir tenir les 19 voix nécessaires, le « coupable » ne peut être que le parti Qalb Tounes. Ce qui reste sûr, c’est que le vote à bulletin secret a pesé sur le résultat et libéré les consciences. Beaucoup dans l’opinion publique pensaient déjà qu’écarter le parti islamiste des sphères du pouvoir peut ne pas être une bonne chose. Les 16 votants contre le fait de chasser Ghannouchi du Perchoir, pourraient faire partie de cette frange de députés tout autant que les 18 bulletins nuls dont les élus de cette frange qui, sans aimer Ennahdha, restent convaincus de son poids en tant qu’élément d’équilibre dans un paysage politique où il y a aussi une Gauche, presque tout aussi mal aimée qu’Ennahdha. Une Gauche, dont les relents économiques restent vivaces depuis l’expérience collectiviste de 1969, et depuis 2011, incarnée par un Hamma Hammami qui ne fait plus recette sur les plateaux TV.

Deux remarques à Abir Moussi

Tout ceci dit, il nous semble beaucoup plus important de tirer quelques conclusions de ce vote contre la motion de défiance. Cette dernière a certes été initiée en tout premier lieu par une Abir Moussi aux convictions anti-islamistes connues. Mais elle a aussi été soutenue par deux autres courants politiques dont les motifs tenaient plus à une vengeance de la démission d’Elyes Fakhfakh, Ettayar et le MP faisant jusque-là partie du gouvernement Fakhfakh qu’à autre chose.

Le résultat du vote consacre, en effet, le profond schisme qui traverse la scène politique tunisienne depuis le départ du gouvernement Youssef Chahed. Il y aura désormais les 97 anti-Ennahdha et les autres. Un schisme, qui va immanquablement impacter le travail de l’ARP. Un impact qui ne va certainement pas aider le prochain gouvernement de Hichem Mechichi, ni faciliter sa gouvernance.

Ce « vote de confiance » en faveur du leader des islamistes tunisiens est de nature à pousser les faiseurs du prochain gouvernement vers l’option d’un gouvernement non-politique, pour minorer son poids dans la décision politique.

Le résultat du vote de la motion de défiance contre Rached Ghannouchi devrait, aussi et surtout, amener Abir Moussi, comme le reste des forces politiques tunisiennes anti-Ennahdha à « changer leur fusil d’épaule », et surtout changer de manière, d’outils, et de mode de communication, dans la lutte contre leur ennemi politique. Abir Moussi pourrait certes s’obstiner, et continuer à faire simplement l’empêcheur de tourner en rond à l’ARP.

Les 97 voix récoltées en faveur du départ de Rached Ghannouchi sont certes lourdes de sens, pour tous ceux qui aimeraient au moins réduire le poids des islamistes, et pour les ramener vers leur véritable poids dans la société et par voie de conséquence sur la scène politique. Un nombre qui montre qu’ils ne sont point trop loin de leur but. Mais aussi que la marge n’est pas trop large et n’est pas impossible, non plus. Encore faut-il, pour cela, changer leur manière d’aborder « l’ennemi », et les voies et moyens de le combattre.

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3 Commentaires

  1. Le PDL a gagné et la Présidente Abir Moussi a été exceptionnelle dans sa lutte contre ce courant qui a introduit le terrorisme en Tunisie et démoli le pays. BRAVO ABIR, nous sommes avec vous et nous votons en masse pour vous. Vous avez donné une belle leçon à ce secte et à ses semblables. Quant à Kleb Tounes, ils doivent être jugés un jour avec Ennahdha et particulièrement leur Président.

  2. Je pense que ce vote est une victoire pour Abir et pour le président Kais Saïed. 1- Pour Abir, ce vote a mis à nu la fragilité du parti Kalb Tounes qui va perdre une bonne partie de ses électeurs au profit de Abir en vue d’un vote utile lors du prochain scrutin puisqu’on va assister désormais à une bipolarisation du paysage politique en Tunisie avec le parti destourien qui se régénère suite à la faiblesse des forces centristes, une passivité de l’élite intellectuelle et un parti islamiste vieillissant et décevant , rejeté par une grande partie de la société tunisienne. 2- Pour le président Kais Saïed , cela conforte la thèse que le régime politique parlementaire n’est pas le modèle politique requis qui va permettre aux tunisiens de garantir une croissance économique inclusive , créer des emplois et réduire les disparités régionales et sociales. Bon nombre de tunisiens ont compris ( un peu tard, je l’avoue) les méfaits de ce régime politique qui a favorisé les inégalités et décentralisé la corruption. Il est incapable de créer des richesses. Certes, COVID-19 a précipité les événements et a augmenté la frustration des tunisiens, toute tendances politiques confondues. Aujourd’hui, le premier politique Ennahdha est entre le marteau et l’enclume. Ou bien il, accepte le “gouvernement du président” ou bien il va va assister à une déferlante “vague rouge” destourienne, vote utile oblige, lors d’élections législatives anticipées. Dans les deux scénarios Ghannouchi sera le grand perdant. C’est une question de temps.

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