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Il se met à dos tout le monde, et les maux du pays en «Zakafouna»

« Qu’ils s’occupent donc de leurs gondoles ». C’est en ces termes acerbes que le chef de tout l’Etat tunisien s’adressait lundi 30 mai 2022 à la « Commission de Venise » pour répondre à « l’avis urgent » de cette commission européenne sur le référendum du 25 juillet et les élections législatives de septembre prochain en Tunisie, décidés par Kais Saïed.

Une injonction qui rappellerait presque les paroles de la chanson « Les gondoles de Venise » de Sheila et Ringo en 1989. « Laisse les gondoles à Venise, le printemps sur la Tamise, on n’ouvre pas les valises, on est si bien. Laisse au loin les pyramides, le soleil de la Floride, mets-nous un peu de musique et prends ma main », disait cette chanson !

Le même jour, le chef de tout l’Etat tunisien enjoignait, publiquement devant les caméras et en présence de son ministre des Affaires étrangères Othman Jerandi, à la Commission de Venise de ne plus jamais fouler le sol tunisien, la déclarant nommément « persona non grata ».

  • Un « non grata » à toute l’Europe ?

On rappelle que la Commission de Venise (Commission européenne pour la démocratie par le droit qui comprend 61 Etats membres et 15 autres pays dont la Tunisie), siège à Strasbourg et n’a de Venise que le nom, est un organe consultatif du Conseil de l’Europe sur les questions constitutionnelles, créée en 1990. Sa mission est de « procurer des conseils juridiques à ses États membres et non-membres qui aimeraient que leurs structures juridiques et institutionnelles soient en conformité avec les normes et l’expérience internationales en matière de démocratie, de droits de l’Homme et de prééminence du droit », selon ses statuts.

On ne sait pas s’il le faisait sciemment et en connaissance de cause, mais le chef de tout l’Etat renvoyait ainsi un organe consultatif du Conseil de l’Europe, et si sa décision va affecter les relations de la Tunisie avec toute l’Europe. Dans tous les cas, elle intervenait cinq jours après le déboursement de 300 millions d’euros, de l’Union Européenne à la Tunisie, en assistance macro-financière. Il s’agit du second, donc du dernier décaissement au titre du programme d’AMF COVID-19 en faveur de la Tunisie, approuvé pour atténuer les retombées économiques de la pandémie de coronavirus et renforcer la stabilité macroéconomique. La première tranche de 300 millions d’euros a été versée en juin 2021 après ratification par le Parlement tunisien de l’accord d’assistance macrofinancière. Et c’est loin d’être le premier ou le dernier versement d’une aide financière européenne à la Tunisie.

Commentant cette dernière décision présidentielle, l’agence Reuters a dit que « cette décision s’est ajoutée aux critiques internes et externes croissantes, selon lesquelles, il [Kais Saied]  a ancré le pouvoir d’un seul homme depuis qu’il a pris le contrôle du pouvoir exécutif l’été dernier, dissous le parlement et commencé à gouverner par décret ».

Il a fait la même chose, et presqu’avec les mêmes propos, avec le Congrès américain qui vote pourtant tous les budgets d’assistance financière à la Tunisie. Il a refusé et refuse toujours en traînant les pieds sur les réformes et en faisant du programme de réforme du gouvernement Bouden l’otage de son agenda politique, l’aide financière du FMI. Il a aussi dénigré les agences de notation souveraine.

Ses positions mettent à mal les relations avec le voisin algérien, pourtant soutien économique de la Tunisie, en poussant le président Abdelmajid Tebboune à sortir de sa réserve diplomatique et proposer à la Tunisie son aide et celle de l’Italie (autre partenaire économique de la Tunisie) pour sortir de sa crise politique. 

Beaucoup, comme Saïed, pourraient crier à l’atteinte à la souveraineté. Cette dernière commence cependant par la souveraineté financière. Ensuite, par la souveraineté alimentaire. Les deux sont loin d’être une réalité pour la Tunisie. Thomas Picketty du Nouvel Observateur le disait, « Le plus gros abandon de souveraineté, c’est celui de la souveraineté monétaire. »

On pourrait y opposer le dernier décret-loi sur le financement du budget de l’Etat par les banques locales. A la longue, cela a cependant ses limites, et pourrait finir par déstabiliser le système bancaire tunisien et mettre en danger l’épargnant tunisien, par l’argent duquel les banques fonctionnent.

  • Kais Saïed serait-il un dictateur qui s’ignore ?

En février 2022, le chef de tout l’Etat tunisien disait à Bruxelles que « je ne vais pas commencer une carrière de dictateur à mon âge ». Soit, on veut bien le croire. Or, et au risque de subir son ire et celle de ses soutiens, les dicos définissent le dictateur comme étant « une personne qui, à la tête d’un État, détient tous les pouvoirs, les exerçant sans contrôle et de façon autoritaire ; autocrate. Personne autoritaire qui impose son point de vue et sa manière de vivre aux autres ». Mais ce n’est certainement pas de Kais Saïed que cet ignare et non constitutionnel dico parle, et puisque surtout c’est lui qui le dit. 

Passons en revue d’abord quelques infos. K. Saïed est à la tête d’un Etat. Depuis qu’il a suspendu l’ARP, et plus d’une fois, affirmé que la justice n’est pas un pouvoir mais ne simple fonction, il détient donc de fait et pratiquement tous les pouvoirs, et il n’y a jusqu’à présent que la justice qui lui fait encore faux-bond. Il est ainsi devenu chef de tout ce qui reste de l’Etat. Il gère la Tunisie par décrets, certes discutés en Conseil des ministres dont il préside par lui-même les réunions, et jamais en dehors du palais de Carthage.

L’homme qui se dit pourtant à la tête d’un régime démocratique s’est plusieurs fois déclaré seul apte à interpréter la Constitution. Il en reconnaît certains articles, oublie certains et interprète le reste à sa guise, certes entouré de quelques constitutionnalistes de son seul choix. Et si quelqu’un d’autre, mis à part les opportunistes dont certains l’entourent, tente de l’aider à mieux faire, il le déclare « persona non grata »

Jean Jaurès, qui reprenait certainement l’écrivain et journaliste Antoine de Rivarol, disait : « Il y a deux vérités qu’il ne faut jamais séparer en ce monde : la première est que la souveraineté réside dans le peuple, la seconde est que le peuple ne doit jamais l’exercer. » Michel Foucault disait, quant à lui, que « le fragile édifice de la souveraineté populaire qui fonde la non moins fragile démocratie : Ne risque-t-il pas d’être ébranlé par la mondialisation du droit ? ». N’est-ce pas ce qui se passe en Tunisie ?

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2 Commentaires

  1. Bon on va résumés votre propos déjà la tunisie est un pays souverain la fausse révolution de jasmins à fané depuis l’arrivée des terroristes d’enahda la nouvelle donne géopolitique à changé la donne toute déstabilisation de la tunisie c’est la guerre civile donc toute tentative de coup d’état contre kaïs saïd mènerait la tunisie à la guerre civile qui verai des millions de tunisien fuire la tunisie du plus le risque de perdre la tunisie pour l’axe russie chine serait pour l’occident pire que kaïs saïd don vaux propos sont ridicule

  2. Kais Said n’est pas un dictateur, c’est un nationaliste, honnête, propre qui aime son pays et qui la défend avec bon coeur, contrairement aux traîtres de la nation, des voleurs, des menteurs et des assassins. Malheureusement, il lui manque de la diplomatie et de l’expérience du Zaim Bourguiba pour combattre ses ennemis. Il va directement au but et il paie cash. Son honnêtteté lui cause des problèmes.
    Certains médias opportunistes et vendus ne lui facilitent pas la tâche pour avancer, qui est-ce le perdant ? c’est le peuple tunisien et ce sont les futures générations.

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