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Iyadh Ben Achour : « La troïka a fini par conduire la Tunisie dans des chemins sans issue »

La situation politique du pays est mauvaise. D’erreur en erreur, les autorités actuelles, très mal inspirées par le parti majoritaire, ont fini par conduire le pays dans des chemins sans issue, a indiqué Iyadh Ben Achour, ancien président de la Haute Instance pour la Réalisation des Objectifs de la Révolution dans une déclaration à Africanmanager.

En effet, selon lui, aucun dossier, parmi les grandes affaires laissées par la grande vague de la Révolution, n’a été sérieusement examiné et résolu. « Nous avons perdu un temps infiniment précieux sur des questions périphériques et idéologiques », a indiqué Ben Achour en ajoutant qu’un certain nombre de députés à l’Assemblée nationale constituante ne sont animés que par l’appât du gain, l’étroitesse d’esprit, la parole incendiaire, la rage de la visibilité et du sensationnel.

Ben Achour a estimé, en outre, que le plus grave est l’existence d’une certaine frange de la direction d’Ennahdha, voulant faire feu de tout bois, s’est arrogé le droit de recourir au bois de la violence, de l’exclusion, de la haine, allumant dans le pays un feu qui, bientôt, ne pourra plus être éteint par aucun pompier.

Concernant l’attentat lors la manifestation récente de Tataouine, Ben Achour a expliqué : « Nous en sommes venus à l’assassinat politique, dans la pure tradition fasciste et national-socialiste. Par là, ils ont ajouté un dossier nouveau, inédit, à l’ensemble des dossiers qui attendaient une solution. Les derniers événements de Tataouine en sont un exemple, entre une centaine d’autres. Non seulement ils n’ont pas résolu les problèmes, mais ils en ont créé de nouveaux ».

S’agissant des sujets prioritaires sur lesquels la Tunisie devrait se pencher, l’ancien président de l’Instance a cité l’élaboration de la constitution, le vote de la loi sur l’instance électorale indépendante, la discussion et l’adoption de la loi électorale, l’organisation des futures élections législatives et présidentielles. Ces questions, selon lui, constituent le préalable à la résolution des autres grandes affaires de notre pays, c’est-à-dire : la croissance économique et le développement des secteurs sensibles de notre économie, notamment le tourisme, la hausse des prix, le règlement, sur le long terme, de la question du chômage, selon une planification rigoureuse. « Jusque-là, on a multiplié les postes et indemnités ministérielles (presque une centaine de fonctions de ministres et secrétaires d’État) ainsi que les salaires des députés, la consolidation de la démocratie, et non pas, comme ils l’entendent, l’islamisation à la base et le lavage de cerveaux de nos enfants ou le muselage de la presse ; la justice transitionnelle, et non pas l’injustice permanente. Ajoutons à cela la lutte contre la corruption, le problème sécuritaire et la réforme fiscale.

Revenant sur les déclarations de Rached Ghannouchi véhiculés à travers certaines vidéos, à l’occasion de sa rencontre avec des salafistes, Ben Achour a expliqué qu’il s’agit d’un aveu de totalitarisme. Une infidélité, pour parler avec gentillesse, au message démocratique de la révolution. « Les démocrates d’Ennahdha, je persiste à croire qu’il en existe en grand nombre- devraient tirer la leçon, réunir leurs forces et constituer un parti islamique véritablement démocratique avec qui nous pourrons travailler en toute amitié, unis par une même allégeance, celle de la citoyenneté, celle du drapeau rouge et blanc du croissant et de l’étoile et non pas celle du drapeau noir, lugubre et mélancolique. Celle de l’islam moderne », a-t-il expliqué.

Concernant l’avant-projet de la Constitution, Ben Achour a affirmé que ce projet contenait des dispositions attentatoires à la liberté de conviction et d’expression et ouvrait ainsi la voie à la tyrannie théocratique. Mais il semble que ce projet a été révisé. « Il faut encourager la sagesse des députés qui ont pris cette initiative et toutes celles qui s’inscrivent dans la même logique », a-t-il appelé.

A propos de sa prise de position à l’égard de l’avant-projet de la Constitution qui est considéré comme une nouvelle tentative pour tromper le peuple, surtout qu’aucun poste de responsabilité ne lui a été proposé après la dissolution de l’instance qu’il dirigeait, Ben Achour a répondu : « Je n’ai reçu aucune formation, en matière de bassesses et de mesquineries, je laisse aux autres le droit de briller dans ce type d’arguments et de raisonnement ».

Khadija Taboubi

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