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Antisystème jusqu’au bout, K. Saïed engage son concurrent et en relance le parti «mort»

L’antisystème désigne une personne ou un groupe ayant tendance à s’opposer au système en place. Kais Saïed a ainsi été classé et y est toujours. C’est désormais, ainsi, un locataire de Carthage avec résidence à El Mnihla. C’est un chef d’Etat, manifestement né un «Hugging Day», qui aime les accolades, qui n’aime pas se déplacer en grande pompe, toutes sirènes hurlantes, mais avec pas plus de deux voitures d’accompagnement, qui paie son ticket d’autoroute, et qui s’arrête dans les stations-service pour y siroter un café et se prête facilement aux selfies.

Toujours aussi incompris depuis octobre 2019, l’un de ses tout premiers soutiens, Iyadh Ben Achour, s’est dernièrement retourné contre lui [ar]. C’est aussi certainement le seul chef d’Etat au monde élu sur la base d’une idée qu’il partage peu et sans aucun programme. Un chef d’Etat qui communique très mal, refuse d’avoir un porte-parole, et «innove», lorsqu’il reprend la main dans la mise en place d’un gouvernement. Il reste cependant fidèle à son antisystémisme, même lorsqu’il s’agit de choisir la personnalité qu’il doit charger de former le gouvernement de son mandat.

Et c’est ainsi un chef d’Etat élu avec 70 % des voix sur zéro programme lors des dernières présidentielles qui propose son ancien concurrent pour le poste de chef d’Etat, un candidat qui n’a obtenu que 0,3 % des voix malgré un vaste programme, jugé progressiste, pour le poste de chef de gouvernement.

  • Antisystème jusqu’à heurter toute la classe politique

Un chef d’Etat qui n’a manifestement pas peur de se déjuger. Un président qui affirme avoir désigné, en parfaite ligne avec les résultats des dernières législatives, et qui charge un homme politique, encore à la tête d’un parti politique qui n’est pas représenté à l’ARP, pour former un gouvernement. Le résultat des législatives de 2019 ont complètement écarté le parti Ettakattol, et les dernières présidentielles ont aussi écarté son premier responsable et candidat.

Contrairement à la volonté du corps électoral tunisien, Kais Saïed remet ce parti en selle et lui donne même accès à l’Exécutif, et avec des prérogatives que larges que les siennes. Et si on reprenait le slogan «Le Peuple veut» de la campagne de Kais Saïed, on pourrait même affirmer que le chef de l’Etat met à mal son propre slogan, et va à l’encontre de la volonté du peuple.

C’est encore un chef d’Etat qui réfute la dénomination de «gouvernement du président» et qui désigne un survivant du parti Ettakattol, candidat en dehors de la quasi-totalité des listes des noms proposés par les partis politiques qui pèsent sur l’échiquier parlementaire.

Un chef d’Etat qui charge de former son gouvernement une personnalité dont le programme lors des dernières présidentielles comporte plus d’une différence avec ces « idées » qu’il avait effleurées lors du Grand Débat. Fakhfakh est à la tête d’un parti, dont le fondateur est l’un des artisans de la Constitution que le chef d’Etat Kais Saied voudrait réviser, pour passer d’un régime parlementaire à un régime présidentiel, comme le voudrait son frère et ancien directeur de campagne Naoufel Saïed, qui voudrait plus de pouvoirs pour son frère [ar].

  • Points et contre-points entre Fakhfakh et Saïed

En 2019, Fakhfakh était candidat à l’élection présidentielle. Confirmant détenir la nationalité française, il avait indiqué engager des démarches pour y renoncer conformément à la Constitution. On ne sait pas s’il l’a fait, et cela lui poserait un problème de conscience, lorsqu’il ira à La Kasbah.

Menant une campagne présidentielle, jugée progressiste, il proposait alors la dépénalisation du cannabis et l’interdiction du test anal et se prononce en faveur de l’égalité successorale entre femmes et hommes. Des positions qui diffèrent parfois avec celles de Saïed, notamment pour l’égalité successorale. Dans son programme économique d’ancien candidat aux présidentielles 2019, il proposait d’incorporer le ministère de la Coopération internationale dans celui des Affaires étrangères. Une idée qui pourrait, soit plaire, soit déplaire à son président, détenteur constitutionnel du portefeuille des Affaires étrangères.

Lors de sa campagne pour les présidentielles, il proposait le lancement d’un «plan d’investissements futurs 2030». Il prêchait aussi «une vision sur 10 ans», et comptait relancer l’économie du pays en usant de tous les moyens, quitte à « s’endetter encore plus, mais pour investir et non pas pour se nourrir». Il n’était pas contre la vente de certaines entreprises publiques.

Mais il pourrait s’entendre avec son président, lorsqu’il disait en 2019, vouloir œuvrer pour la création d’un pouvoir local dans les régions, et pour l’augmentation des budgets alloués aux collectivités locales ainsi que les ressources humaines afin de créer une génération d’élites issue des régions.

Restera à savoir comment seront les relations Saïed/Fakhfakh si ce dernier passe l’examen de l’ARP, où des députés d’Ennahdha sont contre certaines de ses positions, comme le rappelle le caricaturiste «Omrane Cartoons». Mais aussi, si le programme de Fakhfakh ressemblera à celui du leader d’Ettakattol, surtout que le chef de gouvernement missionné commence déjà à recevoir des personnalités du même parti pour, peut-être, leur proposer des maroquins autour de la grande table des CM à La Kasbah.

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