AccueilLa UNEJustice transitionnelle : Les Tunisiens déchantent !

Justice transitionnelle : Les Tunisiens déchantent !

Selon un recensement réalisé par l’Association Tunisienne de Droit du Développement (ATDD) en collaboration avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), 71,81% des Tunisiens considèrent que le processus de la justice transitionnelle est encore bloqué.

Touchant 2306 sondés dans trois régions de la Tunisie : Nabeul, Gafsa et Jendouba, 35.28% les Tunisiens pensent que ce blocage est dû à l’absence d’une volonté politique, contre seulement de 7.69% des interviewés qui imputent la responsabilité à la société civile encore inexistante.

Sihem Bouazza, présidente de l’ATDD, qui a annoncé les résultats de ce recensement, lors d’une conférence de presse tenue, ce mercredi 5 mars, a précisé, par ailleurs, que l’ébullition politique demeure, selon 23.47% des sondés, la cause principale ayant perturbé l’instauration de la justice transitionnelle. Pour d’autres sondés dont le taux est estimé à 15.38%, le retard enregistré au niveau de l’organisation des élections figure parmi les obstacles qui entravent la réalisation de cet objectif.

Selon les résultats de ce recensement, les Tunisiens sont désormais d’accord sur les répercussions néfastes du retard affiché en matière de la mise en place de la justice transitionnelle. Ces répercussions pourraient également toucher la réalité politique, sociale et surtout économique de la Tunisie qui vit encore des mutations profondes sans que la classe politique ait réussi à trouver les mécanismes nécessaires pour y faire face.

Quels seront les moyens adéquats pour réaliser la justice transitionnelle ? Pour une grande majorité des sondés, l’imputabilité serait la meilleure solution pour punir les corrompus, alors que la récupération matérielle reste une demande défavorable. Ceci souligne, selon le document, la conscience avancée des sondés par rapport au concept de la justice transitionnelle, particulièrement dans des régions comme Nabeul et Gafsa.

Quel rôle pour la société civile ?

Sur cette question, Abdelatif Hannachi, membre de l’ATDD, nous a indiqué qu’à travers la réalisation de ce recensement, les composantes de la société civile veulent presser le gouvernement pour que la justice soit instaurée dans les brefs délais en rendant justice aux victimes et en réconciliant les Tunisiens avec leurs passés.

D’après lui, ceci est plus que jamais une nécessité puisqu’ «un grand nombre de Tunisiens ont exprimé leur enthousiasme pour contribuer davantage au processus transitionnel. D’ailleurs, la majorité des sondés ont relevé une conscience importante pour soutenir les institutions relevant de la justice transitionnelle, et ce à travers la mise en place des mécanismes adéquats ».

Une grande responsabilité incombe, selon lui, sur l’Instance de la Vérité et de la Dignité, dotée déjà de plusieurs prérogatives. « Les attentes des Tunisiens sont énormes et l’objectif ultime est la révélation de la vérité », a signalé Abdellatif Hannachi avant d’ajouter que « l’on a réussi à constitutionnaliser l’instance, mais jusqu’à aujourd’hui, elle n’a pas encore démarré ses travaux, et ce malgré que la loi organique portant organisation de la justice transitionnelle, parue le 31 décembre 2013, au Journal Officiel, a détaillé l’alpha et l’oméga de ce processus long. Et là, plusieurs questions se posent donc ».

Pas de révolution sans justice transitionnelle

Ahmed Safi, membre de la commission de tri des candidatures à l’instance de la vérité et la dignité, a fait remarquer, de son côté, que la loi en question est venue dans des circonstances politiques et économiques exceptionnelles. Dans une déclaration à Africanmanager, il a tenu à préciser que cette vérité explique en fait la réticence des Tunisiens par rapport à ce sujet d’envergure où la justice transitionnelle est devenue une revendication secondaire.

Face à ce constat, les missions de l’Instance seront importantes. « Aujourd’hui, l’instance est appelée à instaurer le concept de la justice transitionnelle tout en jetant les fondements nécessaires », a relevé Ahmed Safi, notant que « l’importance de l’instance ne se limite pas à dévoiler la vérité, mais aussi à préserver la mémoire historique ».

D’après lui, c’est une démarche stratégique, puisqu’on ne pourrait jamais parler de révolution sans l’instaurationd’ une justice transitionnelle adéquate.

Wiem Thebti

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