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Kais Saïed, pour la 2ème fois à la BNA : Les non-dits et le 2 poids 2 mesures

Le 9 septembre 2022, Kais Saïed se rendait au siège de la BNA, dirigée alors par Mondher Lakhal qui quittera la banque quelques semaines plus tard. La visite n’était pas alors en vidéo et restait laconique sur l’objet de la visite, sauf que Saïed était porteur d’un certain nombre de dossiers à enquêter d’urgence « en raison de l’existence de preuves concordantes » de dépassements.

Il circulait alors, sans aucune preuve vérifiable, qu’il s’agirait d’un crédit de campagne pour une personne qui ne serait pas active que dans l’agriculture, et qu’il s’agirait, peut-être aussi de question de secret bancaire.

Moins d’une année plus tard, le 14 septembre 2023, le chef de tout l’Etat se rendait de nouveau, cette fois en vidéo, au siège de la même BNA, et manifestement avec, au moins le même dossier assez volumineux en documents dont on ignore la provenance, mais en présence du DG par intérim Ahmed Ben Moulehem.

Et là aussi, il s’agissait du même dossier, d’une personne travaillant dans le secteur agricole, qui aurait bénéficié d’un crédit de campagne, sans garantie, et d’un autre crédit pour couvrir l’impayé, et qui s’avère avoir été un crédit de consolidation.

–        Pas de garantie pour les crédits de campagne, et la consolidation une pratique courante

Récemment aussi, sur les ondes de Radio Diwan, l’économiste Walid Belhaj Amor, indiquait que « le crédit de campagne peut être accordé à tout agriculteur, même s’il ne dispose d’aucun compte bancaire auprès de la BNA et n’a donc aucun historique avec la banque ». Mieux, ce type de crédit est généralement accordé aux agriculteurs, « sans aucune garantie, sauf le fruit de la récolte », précisait l’économiste. Pour le crédit de consolidation, un autre terme utilisé lors du second entretien de Kais Saïed avec l’intérimaire de la BNA, « c’est un second crédit avec un nouveau contrat qui fusionne les deux crédits dans un nouveau tableau de rééchelonnement, et c’est une opération courante dans le système bancaire », précisait Walid Belhaj Amor. La Dame, présentée par le chef de tout l’Etat, comme analyste de la CTAF qui a analysé le dossier, ne connaissait-elle pas toutes ces précisions ? Pourquoi n’en a-t-elle pas fait état au chef de tout l’Etat ?

Revenant sur le contenu de cette dernière visite présidentielle à la direction de la BNA, Houssem Saad responsable auprès de l’ONG Alert qui parlait  récemment sur les ondes de radio Saïda et qui semblait disposer de détails sur les dossiers évoqués par Kais Saïed, révélait que c’est « un dossier de 23 MDT, dont un crédit de campagne de 10 MDT suivi d’un vieux crédit de consolidation le 7 septembre 2023 suite à un impayé, ce qui en fait le montant de plus de 23 MDT. Il a parlé aussi d’un crédit de 240 mille DT accordé au propriétaire d’un média local, (Ndlr : qui aurait ainsi une activité agricole) ». Et d’estimer que « le traitement de tels dossiers ne peut être fait de telle manière n’aboutit qu’à perdre la bataille contre les vrais Cartels qui pillent le pays (…) C’est le 2 poids 2 mesures dans le traitement des dossiers éligibles aux crédits bancaires. Notre première réaction à la visite de KS à la BNA, est que nous avons peur quand à l’efficience et au rendement de ce genre de visites et de traitement de dossiers qui sont une perte de temps (…) via un dossier dont on ne sait s’il l’a traité individuellement et expliqué par deux agents de la CTAF ».

« Ce dossier, c’est moi personnellement qui l’ai compilé », disait Kais Saïed en feuilletant  un volumineux dossier avec des enveloppes nominatives de personnes, par lui accusées de « Fassed ». Et c’est là que se pose la question de savoir si celui qui a compilé ce dossier a juridiquement le droit à ses détails financiers sans ordre écrit après instruction d’un juge, et si le secret bancaire existe toujours en Tunisie !

–        L’Etat et ses entreprises seraient-ils hors-instructions pour les crédits bancaires ?

La visite, comme l’ont fait remarquer les Tunisiens sur les réseaux sociaux (Oops ! On avait oublié que Kais Saïed avait dit qu’un Etat ne se gère pas avec les réseaux sociaux), pose deux questions essentielles :

1)      La BNA est-elle une banque agricole, ou une banque universelle ? Légalement, elle est universelle et habilitée à donner crédit à toutes sortes de personnes, car obligée de diversifier son risque et de ne jamais mettre tous ses œufs dans le même panier. Et si l’on considère que l’Etat tunisien fait généralement abandon de plusieurs millions DT de crédits de petits agriculteurs (25,5 MDT en 2022 selon les CC de la BNA), on imagine bien l’état de ses finances, si elle ne donnait crédit qu’aux petits agriculteurs, comme le voudrait Kais Saïed. De plus, les banques dédiées en Tunisie ont plus que démontré leurs limites. La BFPME, en exemple, pour qui la continuité d’exercice est désormais mise en cause !

2)      Question ensuite sur les garanties pour les crédits bancaires. Généralement considérées comme un frein à l’investissement pour les jeunes, elles deviennent désormais  un ordre indiscutable, au moins pour les banques publiques, après le dernier déballage présidentiel. D’où une question, subsidiairement importante :l’Etat et ses entreprises publiques, presque toutes déficitaires, sont-ils réellement soumis à garanties réelles ?

Extrait du rapport spécial des CC pour l’exercice clos le 31 décembre 2022

La réponse prête incontestablement à équivoque. En écritures comptables, leurs crédits sont garantis par un Etat qui peine chaque mois à payer les salaires et les retraites de ses fonctionnaires, et qui prend crédit auprès de tous ceux qui peuvent lui en donner, en Dinars et en devises chez les banques privées surtout. Un Etat dont la notation par les « أمك صنافة » du genre Moody’s, S&P et Fitch, ne donnerait théoriquement droit à aucun crédit bancaire.

Traitant du cas BNA dans sa dernière note de recherche de février 2023, l’intermédiaire boursier Tunisie-Valeurs dont il dit qu’elle est le  « 1er pourvoyeur de crédits en Tunisie avec une part de marché de 16,9% dans le secteur coté », ne manque cependant pas de faire remarquer que « le volume des engagements envers les entreprises et organismes publics a totalisé, en 2021, 5,2 milliards de dinars, soit une hausse de 20,7 % par rapport à 2020 et l’équivalent de 31,8% du total des engagements de la banque ». Au 31 décembre 2022, montant total des créances des entreprises publiques prises en charge par l’État a été arrêté à 329, 592 MDT, selon les états financiers de la banque. Des engagements, généralement garantis par l’Etat qui est un mauvais payeur. Les commissaires aux comptes de la banque l’ont mentionné, précisant dans leur dernier rapport sur les états financiers de la BNA, que le ministère des Finances n’a pas signé de tableau de remboursement avec la BNA, pourvoyeur de crédits.

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