AccueilLa UNEKooli et Mechichi entre deux vannes

Kooli et Mechichi entre deux vannes

Aux abois pour toutes sortes de crédits, le gouvernement Mechichi et son super-ministre de l’Economie se retrouvent entre deux vannes. Une position, si inconfortable qu’elle oblige le chef de gouvernement à entendre ce qu’il déteste de la part du nouveau « propriétaire » de la vanne de pétrole qui le traitait de presque tous les noms. « Pour la force dont tu nous menaces, nous vous attendons de pied ferme. Oublie donc, car ou nous vivrons bien, ou nous mourrons tous (يا نعيشو عيشة فل يا نموتو الناس الكل). Tu as un historique noir avec la région de Tataouine et arrête d’exhiber tes muscles, car la force appartient au peuple », a ainsi dit de manière insolente, Tarak Hadad à l’adresse directe du chef de l’Exécutif.

En dehors de cet épisode malheureux, sur lequel une partie de la presse tunisienne a choisi de faire silence, le chef du gouvernement se retrouve désormais entre deux vannes.

  • Haddad clochardise Mechichi

D’abord, celle des ressources naturelles du pays. Des ressources, certes limitées, mais porteuses de forts dividendes et de devises, tels que le phosphate et le pétrole. Mais aussi des ressources qui ne sont plus entre les mains de l’Etat. Elles ne sont pas privées, mais séquestrées. Des ressources aussi que l’Etat tunisien refuse toujours de reprendre par la force des lois, se limitant parfois à menacer vaguement de le faire, comme lors de la déclaration, hier en conférence de presse, du chef du gouvernement. « Nous sommes prêts à le faire », avait-il alors dit. Quelques heures plus tard, Tarak Haddad tournera Hichem Mechichi en dérision, moquant son autorité et celle de tout l’Etat tunisien, sûr d’être l’intouchable qu’a fait de lui ce même Etat qu’il prend en otage en refusant crânement de rouvrir la vanne de pétrole qu’il séquestre depuis des mois. Une humiliation et un camouflet que le chef du gouvernement a essuyés sans broncher.

Ensuite, la vanne financière de la BCT. Banque des banques, elle refinance toute la place. Et même parfois le budget de l’Etat, jusqu’ici certes à doses homéopathiques. Une source autorisée à la banque centrale de Tunisie (BCT) avait déjà indiqué à Africanmanager que « on faisait déjà ça, en respectant la règle des 40% pour les BTA et 60% en private collateral. En mars dernier, on a rééquilibré les collatéraux à 50%/50% (..). En outre, la BCT achète ferme sur le marché secondaire des BTA pour les besoins de sa politique monétaire, dans le cadre de l’Open-Market ». Selon ses statuts, il est interdit d’aller plus loin, sauf changement de cette loi, comme se refuse à le faire jusqu’ici le législateur tunisien.

  • Entre El Abassi et Haddad, Mechichi & Kooli n’ont pas hésité

Entre ces deux vannes, par couardise politique et peur viscérale sociale, le chef du gouvernement tunisien a choisi la solution de facilité : celle du recours au crédit domestique, sur une place qui lui en déjà donné cette année encore, en Dinars et en devises, et qui commence à tarir. On remarquera à ce propos que les besoins de refinancement des banques de la place, restées pendant des semaines au niveau de 8 Milliards DT, redeviennent demanderesses à hauteur de 10 Milliards DT (Ndlr : Chiffres publics de la BCT).

Jusqu’à hier, le gouvernement demandait plus de 14 Milliards DT, presque 27 % de tout le budget 2021. Une dette domestique qui, ajoutée à un encours de dette qui représente déjà presque 90 % du PIB, créera un tourbillon inflationniste qui cassera net ce qui reste du pouvoir d’achat des Tunisiens et creusera la pauvreté, comme le confirment plusieurs analystes sérieux, et comme ne veut toujours pas le croire Hichem Mechichi.

Après discussion, notamment avec la BCT que le super-ministre de l’Economie Ali Kooli attaquera par la suite à deux reprises sur des radios privées tunisiennes [Ndlr : Marouane El Abassi n’est pas Tarak Haddad], l’ARP oblige le gouvernement Mechichi à retirer son draft du budget 2020. Ce dernier finit, après quelques jours, d’entendre raison et de ramener ses besoins immédiats à 3,5 Milliards, en reportant sa dette pour l’exercice 2021 et en promettant du bout des lèvres les réformes revendiquées par la BCT pour lui remettre les clés de la vanne financière.

Cette polémique du financement des budgets de l’Etat par crédit auprès de la BCT, n’est pourtant pas terminée. La commission des finances de l’ARP demande de nouveau le retrait du projet de loi de finances pour l’exercice 2021 [ar] !

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