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La présidence de la République se saisit de la crise d’Al-Kamour dont elle dit tenir la solution !

Rarement une crise a fait si mal à l’économie tunisienne et pour si longtemps. Le sit-in d’El- Kamour, entrecoupé de quelques pauses aussi éphémères que l’étaient douloureux les revirements des gouvernements en place, s’éternise depuis 2017 sans qu’aucune ébauche d’issue ne soit suivi d’effet, si peu important, soit-il, mais frappé du sceau de la crédibilité. Et voilà que la présidence de la République se résout à entrer en lice et se saisir du dossier. Réussira-t-elle là ou d’autres s’était cassés les dents.

A vrai, il ne s’agit que d’une vision de solution, comme a pris soin de tempérer le conseiller chargé des affaires économiques auprès du président de la République, Hassen Bedhiaf, qui, tout en soulignant que le Palais de Carthage est conscient de la gravité de la crise pétrolière d’Al Kamour, en a discuté avec la présidence du nouveau gouvernement, les départements concernés et les autorités régionales. Cette crise qui bloque depuis le 16 juillet, l’acheminement des hydrocarbures du sud et leur exportation,  » figure parmi les dossiers prioritaires  » qui seront étudiés avec l’ensemble des parties concernées, a précisé, vendredi, le responsable qui occupait auparavant, le poste de directeur des opérations de change à la BCT.

Interrogé par l’agence TAP sur la correspondance adressée par 3 entreprises pétrolières au Président de la République pour se plaindre du blocage de l’activité pétrolière à Al Kamour, Bedhiaf estime que la solution à cette crise et le planning de réalisation doivent prendre en considération les spécificités de la région et la nécessité d’adopter un modèle de développement adapté.

Dans une correspondance datée du 20 août dernier et dont une copie a circulé sur facebook, les entreprises OMV (Tunisie), ATOG venture et la filiale tunisienne du Géant italien Eni, se sont plaint de  » la fermeture de la vanne d’expédition de la TRAPSA qui achemine le pétrole du sud vers le port de Skhira (Sfax) et le barrage des routes menant de Tataouine vers les sites de production « .

Elles ont également, évoqué leur incapacité à faire face à cette situation  » qui pourrait mener à la suspension de leurs obligations et la mise au chômage de milliers de travailleurs « .

Les trois sociétés se sont inquiétées en outre,  » du retard de paiement de leurs factures adressées à l’ETAP (Entreprise tunisienne des activités pétrolières) pour le pétrole et à la STEG pour le gaz, pour des montants importants « , selon la lettre.
L’arrêt de la production des hydrocarbures dans le sud du pays a engendré une baisse importance des ressources pétrolières produites par ces sociétés et par le pays en général ainsi qu’une réduction des recettes en devises et partant des réserves de change, dont l’Etat a besoin pour couvrir ses importations et rembourser ses dettes au moment où des échéances arrivent à terme dans ce domaine, a noté le conseiller, un ancien dipômé de l’IHEC Tunis.

Al-Kamour relève de la sécurité nationale

Pour la présidence, cette crise relève de la sécurité nationale et fait ainsi, partie de ses attributions, a-t-il dit, ajoutant qu’une  » solution rapide doit être trouvée « , de manière à retrouver le rythme normal de la production, tout en tenant compte  » dans la mesure du possible « , des revendications des sit-ineurs et en identifiant un modèle de développement adapté aux spécificités de la région.

Concernant les dus impayés des compagnies pétrolières, le conseiller du chef de l’Etat a précisé que le diagnostic qui sera fait de la situation concernera également, les factures de ces entreprises, notant que ce diagnostic, même s’ il a été fait auparavant permettra d’actualiser rapidement, toutes les données y compris les engagements pris par l’Etat auparavant, le contexte actuel et le planing de la réalisation.

Pour Bedhiaf, titulaire d’un doctorat d’Etat en sciences économiques, des solutions innovantes et rompant avec les modèles classiques, doivent être trouvées à cette crise. Il faut encourager l’entreprenariat, les start-ups, le développement agricole, les services pétroliers et annexes au secteur énergétique et ce, en collaboration avec les compagnies actives dans la région, a-t-il encore dit. A situation exceptionnelle, il faut une solution exceptionnelle, selon ses propos.

Le gouvernorat de Tataouine (théâtre de plusieurs mouvements de protestation revendiquant l’emploi et le développement) occupe la plus grande superficie de la Tunisie mais a de piètres scores en matière de développement et de chômage.
La production des hydrocarbures en Tunisie est déjà en baisse continue depuis quelques années. Ainsi à fin juin 2020, la production nationale de gaz et de pétrole s’est inscrite en baisse de respectivement, 8% et 0,7% par rapport à fin juin 2019.
Un accord resté lettre morte !

L’arrêt de la production des champs de pétrole et de gaz, dans le sud tunisien à cause du sit-in d’Al Kamour (Tataouine), a déstabilisé davantage les équilibres de la balance énergétique, avait déjà prévenu l’ancien ministre de l’Energie Mongi Marzouk, le 30 juillet dernier. Et d’ajouter « la Tunisie se trouve, depuis un temps, dans l’incapacité de payer ses redevances à ses fournisseurs en énergie, à l’intérieur et à l’étranger ». D’après le ministère de l’Energie (qui a été fusionné avec celui de l’industrie dans la nouvelle formation), le parc électrique est dépendant du gaz naturel à hauteur de 97%, à fin mai 2020.

La BCT avait fait état, le 29 juillet dernier, d’une forte contraction de la croissance économique durant l’année en cours, en raison de la baisse de l’activité dans la plupart des secteurs, en particulier les industries exportatrices, le tourisme et le transport et, à un moindre degré, les industries non-manufacturières. Des sit-inneurs avaient installé depuis jeudi 16 juillet 2020, des tentes près de la station de pompage de pétrole située dans le désert tunisien, pour protester et exprimer leur colère contre « la politique d’atermoiement adoptée par les autorités dans la mise en œuvre de toutes les clauses de l’accord d’Al Kamour « , conclu en 2017 et qui a permis de lever les premières protestations.

En vertu de cet accord, le gouvernement s’était engagé notamment, à recruter 1500 chômeurs en 2017, 1000 autres à partir de janvier 2018 et 500 dès janvier 2019 dans la société « Environnement, Plantation et Jardinage ». L’accord prévoyait également l’allocation d’une enveloppe annuelle de 80 millions de dinars au fonds de développement et d’investissement de Tataouine et le recrutement de 1500 chômeurs dans les sociétés de production et de services pétroliers opérant dans le désert, outre l’abandon de toutes les poursuites judiciaires concernant les protestations de Tataouine.

TAP

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