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La sage décision du nouveau Gouverneur Fethi Nouri

« Les perspectives des prix à la consommation laissent présager une poursuite de la détente graduelle de l’inflation avec un taux qui se situerait au voisinage de 7%, en moyenne, en 2024 contre 9,3% en 2023. Toutefois, la trajectoire future de l’inflation demeure entourée de risques haussiers en relation, notamment, avec la remontée des prix internationaux sur fond de l’escalade des tensions géopolitiques, de l’aggravation du stress hydrique et d’une accentuation des pressions sur les finances publiques ». C’est ce qu’on pouvait lire dans le communiqué de la 1ère réunion du Conseil d’Administration (CA) de la BCT depuis le 15 février dernier entre les mains de Fethi Nouri.

–    Baisser l’inflation d’abord

Le Conseil reste ainsi circonspect sur l’évolution de l’inflation en Tunisie. Et même s’ils sont un tantinet optimistes à ce propos en attirant l’attention sur « la décélération graduelle du taux d’inflation [qui] s’est poursuivie au mois de février 2024 », les membres du Conseil d’Administration de la BCT ont préféré rester prudents et ne pas céder aux pressions locales en faveur d’une baisse du Taux Directeur, en décidant de le maintenir à 8 %.
Ce faisant, le nouveau Gouverneur de la BCT semble vouloir continuer la politique monétaire mise en place par son prédécesseur Marouane El Abassi. Une politique qui a toujours privilégié la lutte contre l’inflation par rapport à l’impulsion de l’investissement par la baisse du T
D. « Contenir les pressions provenant d’une hausse excessive de la demande, comparativement aux capacités de production du pays, constitue une condition sine qua non pour maintenir l’inflation sur une tendance baissière, au cours de la période à venir », explique, en effet, le Conseil d’administration. Et le CA de la BCT persiste et signe, en considérant que « il est primordial, pour le moment, de continuer à consolider le processus désinflationniste ainsi que la résilience du taux de change du dinar vis-à-vis des principales devises ». Une décision, raisonnable car elle priorise le coût de la vie pour le citoyen sur le coût de l’investissement. Une décision aussi, par laquelle la BCT se met dans la même trajectoire prise depuis 2021 par les gouvernants, celle d’une politique qui priorise le social sur le financier et le monétaire.

–    Moody’s approuve et change d’avis

Par ailleurs, et concernant les dernières évolutions économiques, constatées par le Conseil d’Administration de la BCT, ce dernier a estimé que « les derniers indicateurs conjoncturels disponibles font apparaître une relative amélioration de la croissance du PIB au 1er trimestre 2024 ». Les analystes de la BCT ont expliqué que l’activité économique a particulièrement bénéficié du redressement graduel de la dynamique observée au niveau du secteur agricole après une contraction historique de -11%, en 2023 ayant amputé la croissance économique annuelle de plus de 1 point de pourcentage. En outre, le dynamisme des exportations de biens ainsi que des entrées touristiques, durant les deux premiers mois de 2024, sont de nature à booster la croissance. Par ailleurs, les importations de biens d’équipement se sont également inscrites en hausse par rapport à l’année précédente.

En ce qui concerne le secteur extérieur, le solde des opérations courantes a affiché, en février 2024, une amélioration par rapport à la même période de l’année précédente. En effet, le déficit courant s’est réduit à 163 MDT (ou -0,1% du PIB) au terme des deux premiers mois de 2024, contre 797 MDT (ou -0,5% du PIB) une année auparavant. Cette performance porte la marque, notamment, de la réduction du déficit commercial (FOB-CAF) qui s’est situé à 1.784 MDT contre 2.359 MDT à fin février 2023. En dépit de cela, le Conseil a exprimé sa préoccupation quant au creusement du déficit énergétique (1.823 MDT à fin février 2024 contre 1.693 MDT une année auparavant) essentiellement dû à la détérioration des capacités de production et au retard important accusé dans la mise en place des projets portant sur la transition énergétique.

Mais le CA de la BCT reste prudent, en attirant l’attention sur le fait que « cette situation risque d’affecter l’embellie du secteur extérieur, dans un contexte géopolitique tendu, marqué par la résurgence des pressions sur les prix internationaux de l’énergie ».

–    C’est bien, mais pas assez !

Pour l’instant, l’agence de notation Moody’s semble plutôt apprécier l’évolution des ratios économique, tels que décrits par la BCT. Des évolutions qui, si elles ne confirment pas la résilience de l’économie tunisienne que plus d’un expert donnait chancelante et en voie vers la banqueroute, ont fini par convaincre la plus exigeante des agences de notation de changer d’avis sur le sort de l’économie tunisienne. Elle décide de changer d’avis sur les perspectives de l’économie tunisienne qu’elle fait passer de négative à stable « Le passage de la perspective, de négative à stable, reflète l’opinion de Moody’s selon laquelle les pressions auxquelles le gouvernement tunisien est confronté, n’augmenteront ou ne diminueront pas sensiblement au-delà de ce qui est compatible avec un niveau de notation Caa2, qui intègre une probabilité de défaut non négligeable », explique le communiqué de l’agence de notation.

« Une réduction significative du déficit du compte courant a soutenu la résilience des réserves en devises de la Banque centrale de Tunisie (BCT), qui reste un filet de sécurité important, bien que limité, pour les prochains amortissements de la dette extérieure, comme le démontre le remboursement à partir des réserves de 850 millions d’euros d’euro-obligations en février 2024. L’apport continu d’un soutien financier extérieur, bien que ponctuel et limité en ampleur par rapport aux besoins de financement du gouvernement, souligne un degré résiduel de soutien de la part des partenaires internationaux de la Tunisie et soutient la capacité du gouvernement à rembourser sa dette extérieure ».

Et Moody’s d’évoquer même un éventuel relèvement de la note de la Tunisie, « si les progrès en matière de réformes structurelles se renforcent », précise le communique de Moody’s. Façon de dire, à notre avis, que tout ce qui peut être fait par le bais de la politique monétaire pour endiguer la crise et qu’elle ne se transforme pas en catastrophe, a été fait et a même apporté des points à la notation de la Tunisie. Le reste, et notamment les réformes structurelles dont parlait Moody’s, sont du domaine de la politique que décidera Kais Saïed, qui refuse jusque-là de parler de réformes structurelles, et même de dire où est-ce qu’il compte mener l’économie de la Tunisie ?

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