AccueilLa UNELa Tunisie a-t-elle pris son parti dans la crise libyenne ?

La Tunisie a-t-elle pris son parti dans la crise libyenne ?

Parmi les nominations décidées et annoncées ces derniers jours au titre du mouvement diplomatique annuel, celle du nouvel ambassadeur de Tunisie en Libye, Lassaad Lajili, a particulièrement attiré l’attention des observateurs tant tunisiens qu’étrangers. C’est qu’elle intervient alors que la mission diplomatique tunisienne à Tripoli est en état de cessation d’activité depuis 2014, et que, dans le même temps, elle pourrait revêtir une signification majeure en termes de relations diplomatiques et autres entre l’Etat tunisien et le gouvernement d’entente nationale (GEN) dirigé par Faez Sarraj , alors que l’Est libyen est sous l’autorité et le contrôle du maréchal Khalifa Haftar.
Cette décision est le signe de « nouveaux changements dans la diplomatie tunisienne dans la gestion officielle de la crise libyenne », selon les analystes et les anciens diplomates, cités par l’agence Anadolu, qui met en avant le fait, selon elle, que la situation intérieure libyenne en matière de sécurité s’améliore, ce qui , joint au cessez-le-feu convenu par les deux gouvernements belligérants, a encouragé la « reprise » des relations diplomatiques de la Tunisie avec la Libye.
Ce qui interpelle également dans ces développements diplomatiques, c’est le choix de l’ambassadeur qui dirigera la mission diplomatique tunisienne à Tripoli, dont la nomination est la première depuis six ans. Selon l’ancien diplomate tunisien Béchir Jouini, l’ambassadeur Lassaad Lajili est coutumier de la crise libyenne pour avoir été chargé par le ministère tunisien des Affaires étrangères en janvier 2019 de mener des études et des recherches sur les relations entre les deux pays. Il a conduit cette tâche dans la foulée de la fermeture de l’ambassade tunisienne en Libye ainsi que du consulat général en octobre 2014 et juillet 2015 respectivement en raison de la détérioration de la situation sécuritaire et de l’enlèvement de diplomates tunisiens. Avant la récente nomination de Lajili, Ridha Boukadi était le dernier ambassadeur tunisien en Libye, qui a remis sa démission à feu le président Beji Caïd Essebsi en février 2015.
La Tunisie jouerait la proximité avec le GEN de Tripoli !
L’ancien ministre tunisien des Affaires étrangères Ahmed Ounaies a déclaré, pour sa part, que bien que la représentation diplomatique de la Tunisie en Libye ait été mise entre parenthèses, ses efforts pour résoudre la crise politique ont été persistants, surtout si l’on considère la présence d’une importante diaspora tunisienne dans ce pays.
Il a rappelé qu’un certain nombre de diplomates tunisiens ont été enlevés ou harcelés en Libye, tandis que des journalistes ont également été kidnappés. En septembre 2014, en effet, deux journalistes tunisiens – Sofiene Chourabi et Nadhir Ktari – ont disparu en Libye alors qu’ils menaient une enquête pour la chaîne de télévision privée First TV sur la Garde des installations pétrolières dans la région d’Ajdabiya. On ignore où ils se trouvent depuis le 8 septembre de la même année. Un certain nombre de rapports contradictoires ont circulé sur leur sort -meurtre ou détention dans des prisons gérées par la milice de Haftar-.
« La sécurité était absente en Libye, la Tunisie ne voulait pas tomber dans le piège du terrorisme et des enlèvements ; elle a donc retiré sa représentation diplomatique », a ajouté Ounaies, estimant que « les progrès réalisés pour mettre fin à la crise politique en Libye ont encouragé la récente démarche diplomatique de la Tunisie dans ce pays riche en pétrole ». Il a souligné, en outre, le fait que la Tunisie est désireuse « d’influencer les choix des frères libyens en leur prodiguant des conseils et en exprimant sa solidarité », alors que les récents pourparlers entre les rivaux libyens accueillis par le Maroc ont fait naître l’espoir de mettre fin au conflit qui dure depuis dix ans dans le pays.
Cependant, un autre ancien diplomate tunisien, Abdallah Labidi, nuance cette évolution et souligne qu’il est trop tôt pour se prononcer sur l’impact du retour diplomatique de la Tunisie en Libye. « L’évaluation du gouvernement tunisien peut être que la situation en Libye se dirige vers un règlement et un calme qui permet la présence d’un ambassadeur en Libye. Nous avons également une communauté et des familles tunisiennes en Libye qui ont droit à certains services consulaires », a-t-il déclaré.
Ila rappelé que la Libye a été un partenaire économique important pour la Tunisie et les deux pays partagent une frontière, ce qui est un facteur qui incite la Tunisie à jouer un rôle sur la scène politique libyenne.

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