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Le 2ème véto de Saïed

Il y a, certes, à boire et à manger dans la communication du chef de l’Etat tunisien, mais il la maîtrise. Kais Saïed ne donne pas d’interview, très peu de déclarations à la volée, et choisit l’endroit et le moment pour parler, uniquement de ce qu’il veut, de la manière qu’il veut et où il veut.

Cette fois, c’est à Monastir où il s’était rappelé de la commémoration du décès de Bourguiba, qu’il avait décidé de répondre à tous ceux qui avaient critiqué sa longue lettre médiévale pour le président de l’ARP, lui annonçant son refus de parapher le projet de loi relative à la révision de la loi fondamentale de la Cour constitutionnelle.

  • Bourguiba au secours de Saïed ?

Kais Saïed en a profité pour utiliser certaines positions de Bourguiba à propos de l’amendement de la Constitution, pour expliquer son propre refus. Il avait oublié que Bourguiba avait, pourtant, fini par amender la Constitution pour faire de lui-même  un président à vie. Il avait, aussi, oublié qu’il avait en personne promis de mettre en place la Cour constitutionnelle six mois après son accès au pouvoir. C’était, en effet, une de ses promesses électorales.

Mais peut-être  ne connaissait-il  pas encore que le délai constitutionnel de sa promesse était déjà forclos. Le délai, selon la lecture de Saïed était de 2015, et la campagne électorale pendant laquelle il avait fait sa promesse s’était déroulée en 2019. Mais cela, c’est de l’histoire, celle des promesses qui n’engagent toujours que ceux qui y croient.

En attendant, le chef de l’Etat qui avait déjà à son actif deux vétos, en avait ajouté un troisième à Monastir. Il avait en effet opposé un premier véto au remaniement ministériel du gouvernement de Hichem Mechichi. Il avait, ensuite, opposé un deuxième véto à la tentative de débloquer le premier par la révision de la loi fondamentale de la Cour constitutionnelle. Les deux blocus ne laissaient alors qu’une seule issue au dénouement de la crise, constitutionnelle et institutionnelle, celle du Dialogue national. L’idée de ce dernier avait été lancée par la centrale syndicale ouvrière UGTT. Une initiative présentée par celui qu’on croyait un temps être un de ses alliés, surtout lorsque Saïed recevait le 3 février dernier Noureddine Tabboubi et l’encensait de tous les éloges possibles et imaginables.

  • Le 3ème Niet de Saïed

Le 6 avril, cette rencontre n’était plus qu’histoire. Ce jour-là à Monastir, le chef de l’Etat tunisien qui ne s’était jamais clairement prononcé sur l’initiative de Tabboubi, laissant planer le doute et l’entourant de conditions sur les participants possibles au Dialogue national, oppose le 3ème véto à toute solution politique à la crise qui le met aux prises avec  Rached Ghannouchi et Hichem Mechichi. « On parle de quel dialogue, est peut-il être qualifié de national ? il y a ceux qui sont sous le coup de la justice. Et je ne dialoguerai qu’avec ceux qui présentent des solutions. Le dialogue n’est pas un objectif en soi. Certaines forces exercent encore une mainmise sur les structures de l’Etat. Nous avons changé de l’état de parti unique à une situation du lobby unique, et je ne suis pas prêt, jamais, à traiter avec les lobbies, avec ceux qui ont volé et spolié les biens de ce pays », disait Kais Saïed à Monastir.

Sa réponse sur la question de l’issue de la crise est faite de plusieurs idées, parcellaires et parfois sans lien les unes avec les autres. Le seul lien direct est le Niet au Dialogue National, tel que, pour l’instant, imaginé par l’UGTT. Un dialogue politique pour sortir de la crise institutionnelle, et qui pourrait s’étendre à d’autres sujets, socioéconomiques. Un module de discussion, que Kais Saïed refuse pour l’instant, confirmant le blocage de la crise autour de la question de l’interprétation de la Constitution. Et se pose de nouveau la question : Que veut faire le chef de l’Etat, pour sortir le pays de la crise actuelle, uniquement politique telle qu’il l’imagine lui-même, et qui baigne dans le déni de toutes ses incidences économiques et financières, nationales et internationales ?

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1 COMMENTAIRE

  1. tant qe le pays est gouverné par le parti et un président élu au suffrage universel sans pouvoir politique ni expérience politique le pays reste bloqué et rien ne bouge c’est la descente aux enfers

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